La semaine dernière à Winnipeg, la ligne offensive des Eskimos a éprouvé toutes les misères du monde à contenir la pression imposée par la défensive des Blue Bombers.

Or, il semble que le personnel d'entraîneurs des Alouettes avait pris de bonnes notes et que les joueurs ont visionné les vidéos de ce match, car le quart Ricky Ray en a eu plein les bras face aux blitz répétés de la défensive montréalaise. On a exactement reproduit ce que Winnipeg avait bien fait.

Marc Trestman a commandé des blitz à quatre joueurs et à cinq joueurs sous différents looks. Ainsi, on se rendait aisément à Ray, qui ne reconnaissait pas le jeu devant lui. On a amené de la pression provenant des secondeurs, on a effectué plusieurs permutations de position et chaque jumelage était bien fait. L'offensive des Eskimos s'est retrouvée bien vite débordée et incapable de bien se déployer.

Somme toute, le plan de match orchestré par les Alouettes était impeccable, eux qui ont amené beaucoup de diversité au niveau de leur stratégie en défensive.

Hecht et Crawford m'impressionnent

Deux jeunes maraudeurs - Tad Crawford et Jeff Hecht - ont la lourde tâche de remplacer Étienne Boulay qui, on le sait, est à l'écart du jeu en raison d'une commotion cérébrale.

Disons que je trouve qu'ils se tirent très bien d'affaire. Il est vrai qu'aucune longue passe n'a été tentée en leur direction, mais je trouve que les deux se sont bien assurés de contrôler ce qui se passait dans la tertiaire. Ils ont effectué les ajustements nécessaires face aux formations qu'ils avaient devant eux. Et, l'important, c'est qu'il n'y a pas eu encore de confusion qui aurait pu mener à une passe de 50 verges et plus. Actuellement, ces deux maraudeurs sont placés dans des situations où ils sont confortables; on ne met pas trop de pression sur eux.

À mon avis, ils accomplissent du bon travail en l'absence d'Étienne et c'est une bonne nouvelle pour les Alouettes puisqu'il représente un gros morceau.

On m'a dit aussi que Jeff Hecht étudiait beaucoup, qu'il avait toujours les yeux rivés sur son livre de jeux. J'imagine donc qu'il connaît ses limites. Il joue à l'intérieur de celles-là et ça, c'est très important pour un joueur de football. En jouant intelligemment et quelque peu conservateur, on accorde peut-être des gains de 15-20 verges à l'adversaire, mais on évite les jeux qui peuvent faire changer le momentum de côté.

Pourquoi pas un receveur canadien

Je partage la théorie de Pierre Vercheval qui croit que Marc Trestman devrait commencer à utiliser des joueurs américains sur la ligne défensive et de libérer un poste de receveur de passes pour Éric Deslauriers. En tout cas, ça vaudrait la peine de tenter l'expérience. Ou du moins d'effectuer des rotations de temps en temps.

C'est que Moton Hopkins, un plaqueur américain, a été remarquable dans la victoire face aux Eskimos. Et avec J.P. Bekasiak et Jeff Robertshaw sur la touche, Hopkins devient un atout important pour la ligne défensive des Alouettes.

La réalité, c'est que Marc Trestman est un coach offensif. Il veut avoir des receveurs américains, ce n'est pas une cachette pour personne. Il préfère les avoir sur son côté du ballon puisqu'il a l'impression qu'ils sont plus talentueux.

Or, ce n'est pas toujours ce qui est optimal pour l'équipe; il faut que tu évalues celle-ci à partir des joueurs que tu as dans ta formation et ce qu'ils sont en mesure d'apporter. Au lieu d'aller chercher les substituts des autres équipes, j'aimerais voir plus souvent un receveur canadien et un plaqueur américain. Je suis persuadé que ça donnerait des résultats très positifs.

Le temps de relaxer

Les joueurs des Alouettes ont mérité leur pause d'une semaine, eux qui ont été impressionnants face aux Eskimos.

Comment les joueurs occupent leur temps lors de cette trêve? C'est simple, ils relaxent. Du moins, c'est ce qu'ils doivent faire…

Bien que la saison ne soit commencée que depuis sept semaines, les joueurs sont fatigués, croyez-moi. Le camp d'entraînement est en temps normal vraiment ardu et après celui-ci, il est difficile de reprendre son souffle. Ton corps ressent la fatigue tandis que ta tête a été mise à rude épreuve. Tu es dedans à cent miles à l'heure et ça fait presque trois mois que tu ne penses rien qu'au football. C'est donc l'occasion parfaite pour se ressourcer.

Les joueurs provenant de l'extérieur en profitent pour aller passer du temps en famille, avec des amis afin de se reposer avec eux. Il faut refaire le plein d'énergie. Tu ne pars pas sur la rumba ou en voyage. Tu restes chez vous, tu t'écrases, tu prends ton temps, tu relaxes et tu t'éloignes du football pour revenir en force. C'est ce que ça prend pour affronter le dernier droit de la saison, qui est très long dans la Ligue canadienne de football.

Propos recueillis par Nicolas Dupont