MONTRÉAL - Luc Brodeur-Jourdain aura l'occasion de mesurer à quel point il a progressé jusqu'ici à titre de centre chez les Alouettes, dimanche en finale de l'Est contre les Argonauts de Toronto, alors qu'il sera appelé à affronter une des grandes vedettes de l'histoire récente de la LCF, Adriano Belli.

Belli, un joueur de ligne défensive de 35 ans, a momentanément mis fin à sa retraite, à la mi-octobre, quand les Argos lui ont demandé de se joindre à leur quête de se qualifier pour le 100e match de la Coupe Grey. Celui-ci sera disputé à Toronto, la semaine prochaine, dans la ville où Belli a disputé les quatre dernières saisons avant sa retraite.

C'est d'ailleurs au Stade olympique, là où aura lieu la finale de dimanche, que Belli a disputé son dernier match en 2010. Brodeur-Jourdain s'en souvient avec clarté.

«Je me souviens de son dernier jeu dans la ligue avant sa retraite. J'allais simplement remettre le ballon au quart pour qu'il mette le genou au sol et écoule le temps afin de mettre fin au match. Mais juste avant la remise, Belli est venu taper sur le ballon. En théorie il aurait dû recevoir une pénalité, mais je pense que les arbitres ont compris qu'il valait mieux le laisser faire pour son dernier jeu», a raconté Brodeur-Jourdain, qui sera l'un des capitaines de l'équipe montréalaise à l'occasion du match de dimanche.

«Il ne savait pas que je reviendrais le déranger une nouvelle fois, hein?, a lancé le volubile Belli en faisant allusion à Brodeur-Jourdain, samedi, après avoir foulé le terrain synthétique du Stade olympique pour la première fois depuis ce moment. Brodeur-Jourdain et (le garde des Alouettes Andrew) Woodruff, à la fin de ma carrière, étaient deux gars qui ne faisaient que commencer à trouver leur place dans la ligue. Je les regardais cette semaine et ils ont l'air plus forts, tellement meilleurs qu'ils étaient à l'époque. J'ai hâte de relever le défi de les affronter. Ce ne sera pas une mince tâche de venir à bout d'eux afin de me rendre jusqu'à Anthony Calvillo, qui lance le ballon plus vite qu'un chat peut se lécher le derrière.

«Mon dernier match a été ici au Stade olympique et j'ai encore un goût amer dans la bouche. J'ai hâte de ruiner leur journée (dimanche), a ajouté Belli. Nous visons de remporter le match, en espérant pouvoir botter quelques derrières en cours de route.»

Brodeur-Jourdain risque d'avoir encore du fil à retordre face à Belli, qui a vite retrouvé sa place au sein de la formation régulière des Argos même s'il a d'abord été affecté au sein de l'équipe d'entraînement torontoise, à la mi-octobre. Et ce, malgré le fait que Belli n'a pas joué depuis deux ans et ne s'est pas entraîné depuis trois ans, comme il l'a fait remarquer à la blague.

«Les Argos m'ont dit que je participerais à 10 jeux par match et maintenant j'en suis à une quarantaine par match, a lancé Belli. Je pèse 50 livres de moins, je suis seulement à 260 livres maintenant. Et j'ai le sentiment que mon répertoire d'insultes verbales est plus complet que jamais. J'ai hâte de faire du trouble et, espérons-le, contribuer à leur faire perdre leur concentration.»

«Ça fait presque deux ans que je ne l'ai pas affronté, mais il a montré de bonnes choses à son retour au jeu, a dit Brodeur-Jourdain de Belli. Dans tous les matchs des Argonauts que j'ai regardés, il a continué d'utiliser sa bonne vieille technique du bras, où il aime utiliser le momentum du joueur pour mieux le déjouer. C'est le seul joueur que j'ai affronté au cours de ma carrière qui utilise cette technique-là, et ç'a fait son succès. Quand tu te fais prendre, tu te sens mal après.

«La clé, contre l'ensemble de leur ligne défensive, sera d'ailleurs de ne pas trop se compromettre en allant faire mon bloc, a ajouté Brodeur-Jourdain. Ils ont tendance à faire comme un toréador avec un taureau, en agitant le drapeau pour te laisser aller là où tu veux, pour ensuite mieux t'esquiver et se rendre jusqu'au quart. Donc, il ne faudra pas trop se compromettre, ce qui n'est pas évident à faire si tu veux quand même continuer à offrir du jeu robuste.»

Belli n'est de retour que pour cette poussée des Argos dans les séries. Pas question qu'il continue à jouer l'an prochain.

«Je me considère encore comme un retraité. Ceci est juste une poussée vers la Coupe Grey que nous tentons de réussir», a dit Belli, qui n'a pu s'empêcher de laisser paraître un sourire en coin quand on lui a fait remarquer que, finalement, c'est un pacte à la Brett Favre qu'il a conclu avec les Argos.

«Je me sens tellement chanceux, tellement honoré qu'on m'ait demandé de revenir et d'aider l'équipe», a toutefois seulement commenté Belli à ce sujet, tout en louangeant la trempe des hommes qu'on retrouve cette année chez les Argonauts.

«Ce sont des grands athlètes, mais aussi de bons gars, a souligné Belli. L'ajout de Ricky Ray a été bénéfique en ce sens que c'est un meneur tranquille, mais il est surtout un bon gars. C'est quelqu'un qui a le don de rallier les gens autour de lui, et tout le monde veut gagner avec lui.

«Et aussi, personne ne se plaint dans cette équipe. Quand il faut faire le travail, tout le monde se dit on y va. Je m'amuse à être le petit vieux au milieu d'un groupe de jeunes.»

Belli va aussi s'amuser à insulter Calvillo, dimanche, dans l'espoir de le faire sortir de ses gonds. Mais il ne s'attend pas à réussir le coup très souvent.

«Calvillo est de glace. Je vais faire de mon mieux pour me rendre jusqu'à lui avant qu'il ne lance le ballon, et le déshabiller délicatement», a dit Belli du vétéran quart des Oiseaux, qui en a vu d'autres puisqu'il a sans doute entendu de pires quolibets de la part de certains partisans du club montréalais en début de carrière.

«Calvillo a mérité le respect, car il est évidemment le meilleur quart à avoir joué dans la LCF, a concédé Belli. Mais malheureusement pour les Alouettes, nous avons celui qui est le meilleur quart en ce moment dans la LCF, et c'est Ricky Ray.»