J'ai vécu quelques situations émouvantes au cours de ma carrière de joueur de football. Je pense notamment aux épreuves qu'a dû traverser la famille Calvillo, qui avaient touché droit au cœur toute l'organisation des Alouettes. Avec le Rouge et Or, nous avions aussi dû supporter Dominic Picard lorsqu'il avait appris qu'il souffrait du cancer.

Mais vous vous doutez bien que jamais je n'ai été au cœur d'une tragédie comme celle qui a frappé les Chiefs de Kansas City en fin de semaine. Un joueur qui commet un meurtre avant de s'enlever la vie, la veille d'un match, c'est plutôt unique comme cauchemar.

C'est un sujet délicat à aborder, mais je crois que l'organisation des Chiefs a pris la bonne décision en optant pour respecter le calendrier et affronter comme prévu les Panthers de la Caroline au lendemain de la mort de Jovan Belcher. Le football, c'est le point en commun que partagent ses coéquipiers affectés, c'est ce qui les rassemble. C'est l'environnement dans lequel ils sont confortables, c'est ce qu'ils font au quotidien. Pour moi, c'était la chose à faire pour commencer à avancer et éventuellement passer à autre chose. Pour comprendre que la vie, après tout, doit continuer.

Dans une équipe sportive, on tisse des liens très serrés, une fraternité très solide s'établit. Belcher était avec les Chiefs depuis quatre ans, c'est sûr qu'il comptait de bons amis au sein de l'équipe. Jouer un match de football dans ces conditions a dû s'avérer une épreuve extrêmement pénible pour ces gars-là, mais en bout de ligne, ça leur a peut-être servi de thérapie.

Ceci dit, j'ai de la difficulté à éprouver de la sympathie pour Belcher. Un gars troublé, sans aucun doute hanté par de terribles démons, mais pour moi, il sera toujours considéré comme un meurtrier plutôt qu'un être suicidaire. Dans les médias, on semble parler de lui comme d'un bon gars qui était apprécié de tous. Je n'en doute pas, mais il ne faudrait pas oublier ce qu'il a fait avant de quitter. C'est triste, très triste.

Luck ou RG3 : un débat sans perdant

Andrew Luck vient d'orchestrer sa cinquième remontée victorieuse de la saison tandis que Robert Griffin III permet aux Redkins de Washington de rêver au titre de leur division. Les performances de ces deux recrues exceptionnelles ont récemment incité quelques observateurs à relancer le débat, pour le plaisir : si c'était à refaire, lequel serait votre choix au tout premier rang du dernier repêchage?

Je n'oserais pas m'opposer aux arguments des deux clans, mais personnellement je resterais avec Luck. Avec l'un ou l'autre, vous êtes gagnant. Impossible de se tromper.

Je pense que le système préconisé par l'entraîneur par intérim des Colts, Bruce Arians, allait à la base comme un gant au style de Luck, un quart-arrière extrêmement à l'aise dans sa pochette protectrice. À Washington, on s'est plutôt adapté aux forces de Griffin en faisant bouger la ligne à gauche et à droite après la mise en jeu et en appuyant la recrue avec l'une des meilleures attaques au sol de la NFL. C'est une dimension sur laquelle Luck n'a pas le luxe de compter à Indianapolis.

RG3, par contre, gagne des points avec son côté spectaculaire. Si vous êtes le propriétaire de son équipe, vous vous réjouissez à l'idée qu'il va faire courir les foules et vendre des chandails. Dans cette optique, c'est un atout absolument fantastique. Luck, malgré l'ensemble de ses immenses qualités, ne sera jamais aussi charismatique.

Je me permets d'ouvrir une parenthèse pour soulever la qualité du travail d'autres quarts recrues comme Russell Wilson à Seattle et Ryan Tannehill à Miami. Leur rendement dès leur première saison dans la NFL est la preuve vivante de la complexité et du niveau de jeu qu'on retrouve maintenant dans la NCAA. Les systèmes de jeux sont maintenant très bien adaptés au niveau professionnel, mis en place par des entraîneurs de grande qualité. Ça se voit dans la progression des jeunes vedettes de la NFL.

Certains commencent même à mentionner le nom de Luck parmi les candidats au titre de joueur par excellence du circuit. Après tout, les Colts montrent une fiche de 8-4 en plein cœur de ce qui devait être une année de reconstruction. Pas mal, pas mal du tout! Je comprendrais les gens qui voudraient lui donner leur vote, ce ne serait pas illogique.

Moi, par contre, je regarderais ailleurs. Peyton Manning, par exemple, qui risque de gagner le titre de MVP en plus d'être reconnu comme le joueur ayant réussi le plus beau retour. Ça aussi, c'est exceptionnel! Et il y a aussi le nom de Tom Brady qui est toujours aussi pertinent dans ce genre de conversation.

Luck pour MVP, vraiment? Je ne suis pas fermé à l'idée. Il a encore quatre matchs pour me convaincre!

Controverse, quand tu nous tiens!

C'est quand même ironique comme situation : le jour où Tim Tebow est indisponible en raison d'une blessure, Rex Ryan décide d'asseoir Mark Sanchez et de donner le ballon à son auxiliaire!

Mais vous savez quoi? Pour moi, ce dénouement n'a rien d'un hasard. Je suis persuadé que l'absence de Tebow a incité Ryan à finalement donner une petite pause à son partant. Sa logique : avec Greg McElroy comme solution de rechange, les chances d'avoir une controverse sur les bras sont plutôt minces.

En d'autres mots, si Tebow est sur le banc dimanche contre les Cardinals de l'Arizona, je crois que Sanchez reste dans le match jusqu'à la fin. Ryan a justifié sa décision en disant qu'il s'est fié à son instinct. D'accord, mais ton instinct te disait quoi avant? Ce n'est quand même pas comme si Sanchez en était à sa première contre-performance de la saison! Un peu curieux...

De toute évidence, Ryan n'était pas dans la salle de réunion quand la direction des Jets a décidé d'aller chercher Tebow avant le début de la saison. Le pilote de l'équipe, c'est assez clair, n'est pas un grand fan de cet athlète qui ne laisse personne indifférent. Si Rex me demandait mon avis, je lui dirais que j'aime bien Tebow. Il possède ce petit quelque chose qui fait que tout peut arriver quand il est sur le terrain. Mais dans la réalité de la NFL, il n'est tout simplement pas un quart-arrière efficace. Et Rex se fout probablement de mon avis, n'est-ce pas!

Le problème avec les Jets, c'est qu'ils n'ont jamais donné de vraie chance au quart-arrière substitut le plus populaire de la NFL. Pourquoi ne pas lui donner une vraie chance plus tôt? S'il échoue, le débat est clos. S'il gagne, où est le problème alors?

Évidemment, on ne possède pas toutes les données. Tebow est peut-être exécrable lors des entraînements. Paraîtrait également qu'il n'a pas l'appui de tous ses coéquipiers. Ryan devrait-il risquer de perdre un vestiaire déjà fragile en l'envoyant dans la mêlée?

Peu importe vos réponses à toutes ces questions, vous devez admettre que la situation actuelle est un véritable désastre à New York.

Ce n'est pas l'idéal, mais c'est au moins un peu plus clair à Philadelphie. Lundi, Andy Reid a déclaré que Michael Vick allait rester sur le banc pour le reste de la saison et que les quatre derniers matchs allaient être le début de la période d'apprentissage de la recrue Nick Foles.

Je crois que la décision est la bonne à partir du moment où il est clair que Vick n'a plus d'avenir dans la ville de l'amour fraternel. Foles, un choix de troisième ronde, ne peut ainsi qu'apprendre et progresser jusqu'à ce que les Eagles repartent à zéro en 2013.

Vick, c'est maintenant prouvé, ne peut rien faire de bon à Philly. Des points d'interrogation entourent sa durabilité et sa fiabilité lorsqu'il est en possession du ballon. Pour Vick, il est temps de passer à un autre appel et à Philadelphie, il est vraiment temps que cette saison de misère finisse.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.