DETROIT - Les problèmes de longue date font encore partie du paysage à Detroit: une multitude de maisons abandonnées, une population en forte chute, des écoles mal en point et un taux de chômage à près de 30 pour cent.

Mais pour Jim McCusker, un ingénieur congédié par Chrysler il y a cinq ans, et qui tente encore de trouver du boulot dans l'industrie automobile, le succès des clubs locaux lui permet de s'évader, même si c'est de façon occasionnelle.

McCusker a d'ailleurs assisté au quatrième match de la série entre Yankees et Tigers au Comerica Park, mardi.

«C'est sûr que ca détourne la conversation des problèmes économiques», mentionne McCusker, qui travaille maintenant dans les réservations de lignes aériennes.

Et en ce début d'automne, il y a beaucoup de matière à alimenter les discussions.

Les Lions ont une fiche de 4-0, eux qui n'ont jamais gagné de championnat ,et qui ont perdu tous leurs matches il y a trois ans.

Les Wolverines de l'Université du Michigan ont un rendement de 5-0 et Michigan State, plus habitué aux succès en basketball, a un dossier de 4-1.

Et jeudi soir, les Tigers sont à New York avec comme enjeu une place en série de championnat de l'Américaine, contre le Texas. L'équipe veut jouer en Série mondiale pour la première fois depuis 2006 et la remporter pour la première fois depuis 1984, quand Detroit incarnait une renaissance de l'industrie automobile américaine.

Le gérant des Tigers Jim Leyland, qui voit les autres entraîneurs de la ville comme des alliés, a récemment donné un coup de fil à Jim Schwartz, qui dirige les Lions.

Mike Babcock, entraîneur des Red Wings, était aussi au match des Tigers mardi. Joe Dumars, président des Pistons, et Ndamukong Suh, le plaqueur vedette des Lions, ont assisté au match de la veille.

«C'est fabuleux d'être un amateur de sports ici», a dit le président et directeur général des Tigers, Dave Dombrowski, en évoquant aussi le début de la saison des Wings ce vendredi, à domicile contre Ottawa.

Les gens de Detroit sont habitués à un portrait peu flatteur quand les réflecteurs se tournent vers leur ville. Les problèmes urbains sont bien connus: entre 2000 et 2010, un total de 250 000 personnes ont déménagé. Les écoles publiques accueillent cet automne 66 000 élèves, comparativement à 104 000 il y a seulement quatre ans.

Le maire Dave Bing, ancienne vedette des Pistons, ordonne la démolition de plus ou moins 3000 maisons abandonnées chaque année, mais il y en a 30 000 dans cette catégorie. Le budget ne permet pas de tout défaire de toute façon, avec un budget municipal en déficit d'environ 155 millions $.

Pour ce qui est des crimes majeurs, les chiffres indiquaient 265 meurtres de janvier à la fin septembre, en hausse de 22 pour cent comparé à la même période en 2010.

Les soirs de matchs, la présence policière est importante autour de Comerica Park. Les amateurs, venant surtout des banlieues, ne s'aventurent pas dans les quartiers aux alentours, dont certains sont intimidants. Près de là, au nord-est du Ford Field, se trouvent les grandes tours abandonnées et le terrain vacant des habitations Douglas, jadis des logements sociaux.

Les Pistons ont tout raflé en 2004 et les Red Wings ont triomphé en 2008, mais il y a belle lurette qu'autant de clubs ont eu autant de succès en même temps à Detroit.

«Il y a eu beaucoup de difficultés économiques ici. Je suis content de voir les clubs fournir une distraction, même si elle est momentanée», a dit le quart réserviste des Lions, Drew Stanton, qui a fait son secondaire en banlieue de Detroit et a brillé avec les Spartans de Michigan State.