C'est un Matthieu Proulx plus zen et moins stressé qui se rapportera au camp des Alouettes de Montréal samedi au Collège militaire de St-Jean-sur-Richelieu. Même s'il fera connaissance avec un troisième entraîneur-chef en quatre saisons, il n'en perdra pas le sommeil. Après tout, la réalité d'un joueur de football, c'est de savoir continuellement s'adapter.

Après avoir vécu les règnes de Don Matthews et de Jim Popp, il découvrira Marc Trestman, qui dirigera les destinées de l'équipe en 2008. Proulx et Trestman ont échangé quelques mots au téléphone après sa nomination. Trestman tenait à parler avec ses vétérans et il a su faire bonne impression auprès du joueur québécois. "Il a l'air très sympathique mais on va le juger s'il nous mène à la victoire. Lors de notre conversation, il m'a dit qu'il souhaitait apprendre quelques mots de français. Ça m'a fait dire qu'il était ouvert d'esprit, ce qui est déjà très bon."

Trestman aura fort à faire pour redresser l'équipe qui a conservé un dossier de 8-10 l'an dernier. Il pourra compter sur Proulx qui s'est entraîné comme jamais cet hiver. Blessé plus souvent qu'à son tour, il a changé son programme d'entraînement pour essayer d'enrayer le cycle de la malchance, qui lui a fait rater 18 parties depuis deux ans. Il a délibérément décidé de soulever moins de grosses charges pour mettre l'emphase sur des exercices de stabilisation dans le but de renforcer ses articulations.

Nouvel entraîneur, nouvelle philosophie et nouveaux défis attendent Proulx la semaine prochaine. Il sait qu'il devra encore une fois refaire la preuve de sa valeur. "Je trouve ça un peu plate de devoir encore recommencer. J'avais une très bonne relation avec Chris Jones (coordonnateur de la défensive) et Noel Thorpe (responsable des unités spéciales) qui ont quitté l'équipe. On avait établi un respect mutuel."

À la fin de la dernière saison, Proulx a décidé de faire le vide du football et le plein du reste pour oublier. Contrairement à son habitude, il ne s'est pas tenu au courant des mouvements de personnel des Alouettes et n'a pas cherché à savoir qui lui ferait la lutte au camp. Même qu'il ne sait pas encore à quelle position il jouera. Bien sûr, il s'attend à être dans la course pour le poste de maraudeur et membre des unités spéciales, mais on lui a laissé entendre qu'on pourrait l'essayer comme maraudeur.


Bientôt Maître Proulx

Il ne reste que quelques mois à Proulx, diplômé du barreau, avant d'amorcer la dernière étape qui lui permettra de se glorifier du titre d'avocat. Ainsi, quelques jours après la saison, l'ancien étudiant de l'Université Laval fera un stage de six mois au sein du cabinet montréalais Marchand-Melançon-Forget. À la fin de cette période, le numéro 20 des Alouettes mènera deux carrières de front, celle de joueur de football et celle d'avocat spécialisé en droit des affaires.

Il imitera notamment l'ancien porteur de ballon Éric Lapointe, qui jouait pour les Alouettes tout en étant spécialiste en placements. Proulx est particulièrement heureux d'avoir trouvé une firme qui lui permettra de pratiquer ses deux passions simultanément.

Il ne croit pas que les Alouettes vont lui demander de choisir une carrière. "Je pense que je suis un exemple pour beaucoup de monde dans la LCF. Je trippe toujours football et je m'y consacre encore entièrement mais la réalité, c'est que ce n'est pas le sport qui va assurer mes vieux jours."

Proulx se dit heureux de pouvoir, à sa façon, briser les stéréotypes. "Ça change la perception des joueurs de football aux yeux des gens qui croient que nous sommes simplement des gros bras pas de tête. À mes yeux, j'offre un autre beau modèle et j'envoie le message qu'il est possible de faire tout ça."

En 2007, Proulx a réussi 23 plaqués dont 13 au sein des unités spéciales. Il a aussi réalisé deux interceptions.