Remi Aboussouan (Accrofoot.com) - « Sans vouloir manquer de respect, comment le Canada a-t-il pu gagner? »

Voilà une phrase que le quart-arrière Derek Rifenbury risque de regretter longtemps. En effet, Rifenbury et l'équipe américaine n'ont pu empêcher Équipe Canada de remporter un troisième Championnat Mondial Junior NFL consécutif. Complètement dominés en deuxième demie, les Américains on vu leurs voisins du Nord remporter la grande finale du tournoi par la marque de 23-13.

Le match avait pourtant bien commencé pour les locaux, puisque après un début de match où les deux défensives ont dicté le tempo, ils avaient inscrit le premier touché du match. Sur un quatrième essai et quatre verges à faire, Rifenbury a feinté la passe courte, pour lober le ballon dans la zone des buts, directement dans les mains de Jason Frierson. Gain de 20 verges, et six points au tableau.

Mais le Canada a répliqué immédiatement avec un retour de botté d'envoi de 48 verges de Duncan Hankinson, qui a placé l'équipe canadienne en excellente position. Quelques instants plus tard, le botteur Dan Village plaçait le ballon entre les deux poteaux sur une distance de 23 verges pour porter la marque à 7-3.

C'est sur ce pointage que s'est terminé la première demie. On avouera qu'en début de match, les Canadiens semblaient hésitants, comme s'ils étaient impressionnés. Mais en rentrant au vestiaire avec moins d'un touché de différence, ils savaient qu'ils pouvaient rivaliser avec leurs adversaires. On pouvait donc s'attendre à une bonne performance de la part de nos Canadiens en deuxième demie.

Bonne? Parfaite, serait un qualificatif plus approprié.

Dès la première série offensive des Américains, on sentait que le vent avait tourné. Dominés physiquement, ils ont été forcés de dégager. Puis, l'offensive canadienne a pris les choses en mains. Anthony Woodson y est allé d'une course de 18 verges, et Edem Nyamadi a immédiatement enchaîné avec une portée de 38 verges. Une course qui ne semblait aller nulle part! Trois jeux plus tard, le quart Bruno Prud'homme gambadait sur 14 verges jusque dans la zone des buts, pour porter donner l'avance aux siens. Canada 10 / États-Unis 7.

Les Américains ont repris le ballon, mais pas pour très longtemps. Tentant de courir sur les deux premiers essais, le porteur Joche Norona s'est fait arrêter coup sur coup par le secondeur Sammy Lavaud, et Rifenbury a été incapable de rejoindre Jason Frierson sur le troisième essai. Résultat? Un autre dégagement, et une excellente position sur le terrain pour les Canadiens.

Dans une situation difficile de troisième essai et 17 verges à faire, Prud'homme a rejoint son receveur Anthony Parker sur 21 verges. Et sur le jeu suivant, Prud'homme a effectué une superbe passe à un Ismael Bamba complètement oublié par la défense adverse, qui a filé sur 30 verges pour porter la marque à 17-7. Voilà un touché qui a fait mal aux Américains. Très mal, même

Dès lors, on sentait que ces derniers avaient un peu perdu la tête. Pensaient-ils que l'équipe canadienne allait offrir une performance de la sorte? À notre humble avis…non!

Et la domination n'allait certes pas s'arrêter là. Sur un troisième essai et 10 verges à franchir, l'ailier défensif Ameet Pall sackait notre ami Rifensbury pour forcer les locaux à faire un autre dégagement.

Les hommes de Glen Constantin reprenaient donc le ballon, et après une pluie de pénalités d'un bord comme de l'autre, l'équipe américaine s'est enlevée toutes chances de revenir dans le match. Lors d'un troisième et 23, Prud'homme a brillamment évité un plaqué, pour ensuite repérer Frank Bruno, pour un gain de 19 verges. Ce n'était toujours pas assez pour un premier essai…mais l'un des joueurs américains a eu la brillante idée de se voir décerner une pénalité de 15 verges pour conduite anti-sportive.

Voilà qui plaçait nos favoris en position de placement, et Dan Village n'allait pas rater pareille chance. 34 verges et 3 points plus tard, la marque était maintenant de 20-7 pour le Canada, et il fallait maintenant 2 touchés aux Américains pour prendre l'avance.

Problème, il ne restait que 7:42 au cadran. Plus gros problème encore, sur le deuxième jeu de la série suivante, le demi de coin de coin Olivier Fréchette interceptait une passe de Rifenbury, pour redonner le ballon à son offensive.

Quelques instants plus tard, Dan Village réussissait son troisième placement du match, sur une distance de 37 verges, pour concrétiser la victoire canadienne.

Les Américains allaient inscrire un dernier touché avec 43 secondes à faire, mais c'était trop peu trop tard. Résultat final : Canada 23 - États-Unis 13.
Est-ce que les Canadiens l'ont volée cette victoire? Loin de là! La statistique la plus éloquente pour le prouver est probablement celle des verges totales amassées en offensive. 316 contre 192. On parle donc d'une prestation impressionnante de l'offensive comme de la défensive, même si visiblement, les meilleurs joueurs sur le plan purement athlétique se trouvaient de l'autre côté.




Avant le tournoi on se posait des questions sur la qualité des porteurs de ballon de l'équipe. Après avoir vu passer les Jerome Messam, et Samuel Fournier dans les dernières années, on se disait qu'Anthony Woodson et Edem Nyamadi n'allaient certainement pas passer à l'histoire.




Et bien laissez-moi vous dire que sans ces deux joueurs, le Canada ne serait probablement pas là où il est aujourd'hui. En finale, les deux porteurs ont combiné leurs efforts pour des gains de 157 verges.




Sinon, on ne pourrait passer sous silence la performance du quart Bruno Prud'homme. Avec un touché par la course et une passe de touché, il a été la bougie d'allumage de l'offensive canadienne.




En défensive, le secondeur Filipe Fonseca a connu un fort match, tout comme Sammy Lavaud et le maraudeur James Savoie. Fonseca a amassé 7 plaqués dont un pour perte, Lavaud n'a cessé de se dresser devant les porteurs adverses aux moments importants, et Savoie a été une force dans la tertiaire, faisant sentir sa présence sur le jeu au sol comme sur la passe.


Est-ce vraiment un honneur?

Je vous entends déjà dire : non le Canada n'a pas battu les Etats-Unis, il a battu l'équipe d'une petite partie d'un seul État. Vous n'avez pas tort, mais il faut mettre les choses en perspective. Bien sûr, si les États-Unis avaient présenté au tournoi une vraie équipe nationale, le match aurait été à sens unique.

Mais vous n'entendrez personne dans l'équipe dire que le Canada est meilleur au football que les Américains. Tout le monde s'entend là-dessus. Mais l'équipe canadienne a battu l'équipe que les Américains avaient déléguée pour le tournoi. Et l'État de la Floride est l'un des meilleurs bassins de joueurs du pays. Alors est-ce que le Canada est la première puissance mondiale au football? Certainement pas. Mais ce qui est indéniable c'est qu'il y a d'excellents joueurs et d'excellents entraîneurs de football au Canada.

Car si les meilleurs athlètes étaient vêtus de bleu et rouge, le personnel d'entraîneurs du Canada a servi une leçon de coaching aux entraîneurs américains.

Des joueurs étoiles

Encore une fois cette année, c'est le Canada qui a placé le plus de joueurs sur l'équipe d'étoiles du tournoi. Ainsi, le quart Bruno Prud'homme, le porteur Anthony Woodson, le receveur Julian Feoli-Gudino, le bloqueur Dylan Steenbergen, l'ailier défensif Ameet Pall, le secondeur Filipe Fonseca et le botteur Dan Village ont été récompensés pour leur excellent travail.

Il est à noter que Ameet Pall, en vertu de ses cinq sacks, a été nommé joueur par excellence du tournoi. Il succède à Samuel Fournier.