Je considère la performance des Alouettes face aux Roughriders de la Saskatchewan samedi comme extraordinaire.

J'ai entendu des gens dire que les Alouettes s'étaient fait remonter, mais à mes yeux, c'était un travail extraordinaire et il a plusieurs raisons qui expliquent ma prise de position. D'abord, les Alouettes évoluaient dans un contexte qui ne leur était pas favorable. De plus, ils jouaient sur la route dans un endroit où il est difficile de gagner contre une équipe qui se battait pour la deuxième place dans l'Ouest. En plus, les Alouettes jouaient en l'absence de Brandon Whitaker, Brandon London, Victor Anderson et S.J. Green. Montréal s'est pointé le nez à Regina et a exécuté son plan de match de façon impeccable.

Même avec un vent de face, les Alouettes sont parvenus à bien contrôler le ballon. En défensive, outre la première séquence de la partie, cette unité a été extrêmement solide en limitant les gros joueurs des Riders. Kory Sheets n'a amassé que 45 verges au sol et Weston Dressler n'a capté que quatre passes pour 28 petites verges. C'est ce que je qualifie de performance solide.

Cette victoire prépare bien les éliminatoires qui vont arriver en novembre. Il sera important de bâtir sur cette partie pour garder le momentum en évitant les blessures, car malheureusement, d'autres soldats sont tombés au combat contre les Roughriders. John Bowman s'est blessé à une main alors que Rod Davis se déplaçait en béquilles après la partie et Andrew Woodruff s'est blessé à une cheville. Il faudra faire attention pour limiter les blessures d'ici la fin de la saison régulière car les parties éliminatoires sont encore trop loin pour songer à reposer certains vétérans.

En fin de semaine contre les Eskimos d'Edmonton, il ne faut pas s'attendre à une partie facile face à cette équipe qui lutte pour sa survie. J'anticipe donc beaucoup d'opposition de leur part. En plus, les Alouettes n'ont pas assez bien joué dans les derniers matchs pour se permettre le luxe d'utiliser des réservistes. À mes yeux, il n'y a aucune chance qu'on repose des joueurs lors de cette partie. Lors du dernier match de la saison, ça pourrait être autre chose toutefois.

Remporter le premier rang, c'est bien parce que tu joues un match de moins, mais d'un autre côté, tu es plus longtemps sans disputer de partie et le risque de perdre le momentum est plus grand. Tu passes deux semaines sans jouer et les joueurs deviennent amorphes. C'est la raison pour laquelle, la semaine d'entraînement qui va précéder la finale de l'Est au Stade olympique sera très importante. Le championnat des Alouettes est peut-être arrivé une semaine trop tôt? Dans le passé, on a déjà gagné le titre dès la 12e semaine et c'était trop tôt. Il faut parvenir à arriver en finale dans un mode playoff et ce n'est pas facile de demeurer dans cet état d'esprit quand on a moins de défis.

L'entraîneur a la mission de s'assurer que son club est sur une bonne séquence quand sa formation va commencer les éliminatoires et que ses joueurs ne profitent pas de trop de repos.

À moins que les Alouettes se donnent une avance de 40 points, Anthony Calvillo va jouer le prochain match au complet. Lors du dernier match de la saison, je m'attends à voir Adrian McPherson plus que Calvillo. À Winnipeg, ça risque d'être froid et dangereux pour les blessures. Outre Calvillo, je reposerais plusieurs vétérans comme Scott Flory et d'autres vétérans qui ont le corps meurtri par leur longue carrière.

En attaque, je pense que le cahier de jeux sera très limité lors des deux derniers matchs pour éviter de trop en montrer aux futurs adversaires. On va garder les choses simples à moins de vouloir envoyer de fausses indications aux autres équipes. De toute façon, après 18 rencontres, on sait pas mal ce que les équipes présentent comme jeux. Si on a des jeux spéciaux, on va les garder pour les éliminatoires et les répéter que dans les entraînements.

Je partage le point développé par Miguel Bujold dans La Presse quand il a déclaré que la victoire des Alouettes avait été celle de Trestman, Popp et Calvillo. Ce sont ces trois acteurs qui ont permis aux Montréalais de l'emporter sur les Riders. Trestman avait un excellent plan pour combattre le vent malgré un personnel limité, Calvillo pour avoir livré une performance extraordinaire avec son bras et ses jambes et il y a Popp, qui a mis sur le terrain une solide équipe malgré les blessures. Il a prouvé une fois de plus qu'il est capable de dénicher des joueurs de grande qualité. Le meilleur exemple est le porteur de ballon Chris Jennings qui est considéré comme le troisième porteur de ballon de la formation.

En jetant un oeil aux statistiques, on constate que les Alouettes ont accordé plus de points qu'ils n'en ont marqués jusqu'ici. C'est particulier pour une équipe championne. Il faut dire que le début de la saison a été pénible, mais les choses se sont placées depuis. C'est très rare de voir une équipe terminer au premier rang avec une telle statistique, qui n'est pas très révélatrice de la saison des Alouettes.

Emry doit se calmer

Je trouve dommage l'attitude du secondeur Shea Emry des Alouettes qui a été chassé du match pour avoir donné un coup gratuit à Brendon LaBatte des Riders. Ce geste porte ombrage à une saison extraordinaire. C'est la deuxième fois que ça lui arrive cette année.

Il a eu beau s'excuser publiquement, Emry doit cesser ce type de comportement. Ça prend une vie pour se faire une réputation, mais quelques secondes pour la perdre.

Même s'il a été provoqué par le joueur des Riders, ça n'a pas sa place. Des fois, il faut savoir en prendre pour l'équipe.

*propos recueillis par Robert Latendresse