MONTRÉAL – Par la nature de son travail, Danny Maciocia, l’entraîneur des Carabins, a procédé à des centaines de rencontres pour recruter des athlètes prometteurs. Mais il est pratiquement tombé en bas de sa chaise quand Kaylyn St-Cyr lui a dit qu’il avait dirigé son père.

 

Après de brèves secondes, Maciocia a rapidement écarté la possibilité que ce soit à l’Université de Montréal. Le calcul ne faisait aucun sens puisqu’il dirige sur la colline montréalaise depuis 2010.

 

« C’est là qu’il m’a dit que son père avait joué au football professionnel et j’ai compris que c’était avec son deuxième nom de famille, Smith, que j’allais trouver la réponse », a raconté Maciocia, avec le sourire, au RDS.ca.

 

Comme n’importe qui l’aurait fait dans une telle conversation, Maciocia s’est approché de l’athlète originaire de La Prairie pour le regarder de plus près. Les ressemblances ne mentaient pas, il est bien le fils d’Irvin Smith qui a porté les couleurs des Alouettes de 1996 à 2001 alors que Maciocia cumulait différentes fonctions dans le personnel d’entraîneurs.

 

« Je me suis empressé de lui dire ‘Tu n’as pas le choix, tu dois t’en venir à l’UdeM’ », a admis Maciocia qui était fasciné par cette découverte.

 

Irvin Smith, à droiteLes grands fervents des Alouettes se souviendront de ce demi de coin qui a été choisi trois fois parmi l’équipe d’étoiles de la LCF et qui portait le numéro 21 à Montréal, à quelques minutes de marche, d’auto ou de vélo du domicile des Carabins.

 

Le lien est devenu encore plus intéressant quand Anthony Calvillo s’est joint au personnel d’entraîneurs des Carabins.  

 

« Irv était l’un de mes bons amis, on passait bien du temps ensemble. C’est vraiment fantastique que son fils ait choisi de venir ici », a révélé Calvillo qui avait déjà rencontré Kaylyn quand celui-ci était venu donner un coup de main du côté défensif lors d’un camp de quarts-arrières organisés par Calvillo.

 

Si Maciocia et Calvillo ont ressenti de belles émotions grâce à cette histoire, on peut en dire autant de Kaylyn qui possède une personnalité sympathique et dynamique.

 

« C’est une sensation que je suis incapable de décrire, c’est vraiment spécial. Je vois ce que mon père a été capable d’établir comme carrière. Je ne dirais pas que j’ai de la pression sur les épaules, mais j’ai le devoir de bien faire mes preuves, de montrer le meilleur de mon potentiel », a lancé le demi défensif avant de sauter sur le terrain au camp de printemps de sa nouvelle formation.

 

Certes, le palmarès de son père est éloquent car il a connu une carrière professionnelle de plus d’une décennie. Il s’est avant tout démarqué dans la LCF en plus d’effectuer des passages avec les Jets de New York, les Redskins de Washington et les Vikings du Minnesota. Il est trop tôt pour savoir si le fiston parviendra à progresser jusqu’à ce niveau, mais leur style affiche quelques similitudes.   

 

« Certains de mes entraîneurs ont aussi vu jouer mon père et ils trouvent que mon instinct de football est très semblable au sien, on est bâtis pour accomplir des jeux », a commenté l’ancien des Cheetahs de Vanier.

 

Et son père dans tout ça, c’est lui qui est le plus à l’âge d’apprécier des moments comme ceux-ci.

 

« Il est vraiment excité. Il a fait un cheminement très similaire au mien dans le sens qu’il a pu jouer dans son coin avec l’Université de Maryland. J’ai fait la même chose en venant avec les Carabins. Il m’a dit que Danny était vraiment un homme de famille et qu’il lui faisait 100% confiance. Ça m’a convaincu, j’étais prêt à tout investir avec les Carabins quand je l’ai entendu dire ça », a exposé Kaylyn.

 

Vers un rôle dès son année recrue

 

Il reste encore énormément de préparatifs à accomplir en vue de la saison 2019, mais Maciocia ne craint pas d’affirmer que Smith St-Cyr détient assez d’atouts pour ne pas se contenter d’un rôle sur les lignes de côté à son année recrue.  

 

Barron Miles et Irvin Smith« C’est un joueur qui va avoir une belle carrière universitaire, c’est un demi défensif élancé et costaud qui pourra s’imposer physiquement et il est capable de jouer le ballon dans les airs. C’est une bonne tête de foot. Évidemment, on a une idée d’où viennent de telles qualités.

 

« Probablement qu’il pourra même nous aider cette année, il y a de fortes possibilités. On est en train de l’étudier à quelques positions pour déterminer son niveau de polyvalence à ce calibre. S’il continue de progresser comme on pense qu’il pourra le faire, il faudra lui trouver une place sur le terrain », a décrit Maciocia qui veut tester Kaylyn au poste de demi de coin du côté court où son père a connu ses meilleures années.

 

Le plan de l’entraîneur des Carabins le ravit au plus haut point.

 

« Étant donné que je suis resté quatre ans au CÉGEP, j’ai une admissibilité de quatre années universitaires. Je suis ici pour avoir un impact que ce soit sur les unités spéciales et en défensive. J’ai l’intention de réussir des jeux dès que je vais en avoir l’occasion », a-t-il plaidé.

 

Pour ce qui est de l’histoire familiale, Smith ne s’est pas établi au Québec, il a préféré poursuivre sa vie au Maryland tout en voyant son fils plusieurs fois par année.

 

« Mes parents sont restés des amis. Honnêtement, ça ne me dérange pas, je préfère avoir des parents qui sont en bonne relation au lieu d’un gros divorce ou d’une chicane. Je vais le voir quelques fois par année et il vient souvent ici. Ma mère est bien accueillie dans la famille de mon père. C’est un peu unique comme situation, mais je le vois positivement », a dépeint la recrue des Carabins.

 

Jusqu’à tout récemment, ses plus grandes ambitions étaient de pouvoir franchir la frontière dans le sens inverse de son père pour essayer de jouer en sol américain.  

 

« C’était un grand rêve pour moi, mais je me suis blessé à un genou durant ma troisième saison collégiale et ça s’est évaporé. Je me suis concentré sur ici et je me considère déjà très chanceux d’avoir été courtisé par une grande partie des universités canadiennes », a expliqué celui qui veut poursuivre ses études aux HEC.  

 

Au final, Maciocia souhaite que ce soit les Carabins qui bénéficient le plus de son passage avec les Bleus et la relation semble bien entamée.

 

«  C’est un très bon kid et ça m’a donné la chance de rester en contact avec son père. Je suis convaincu qu’il va venir voir son fils jouer, c’est une belle petite histoire », a conclu l’entraîneur.