OTTAWA - Le commissaire aux langues officielles ne veut plus se prononcer sur la présence du français à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Vancouver, le temps de remettre son rapport, mais il ne nie pas les critiques qu'il avait émises au lendemain de l'événement.

De passage en comité parlementaire, mardi, le commissaire, Graham Fraser, a indiqué que son équipe analyserait la quarantaine de plaintes qu'elle a reçues suite à la diffusion de la cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver de 2010, mi-février. De ce nombre, 38 concernaient précisément la cérémonie qui a lancé l'événement sportif.

A la suite de la cérémonie, dont plusieurs ont déploré le manque de français, M. Fraser avait affirmé avoir l'impression que le français était un peu comme la neige à Vancouver: difficile à trouver et conservé en boîtes, que l'on sort à l'occasion. La cérémonie, avait-il estimé, semblait conçue et pensée en anglais, avec une chanson francophone ajoutée à la fin.

"J'avais des réactions émotives le lendemain. Par la suite, quand les plaintes sont arrivées, c'était une période de bouche cousue, donc je ne commente plus. Mais si vous voulez trouver les réactions un peu émotives que j'ai eu le lendemain, je ne nie pas les commentaires que j'ai fait a ce moment-là", a simplement indiqué le commissaire, lors de sa comparution devant le comité des langues officielles, mardi.

Quant à ses préoccupations, dont il avait fait part au préalable au comité organisateur des Jeux, M. Fraser a précisé qu'on l'avait assuré de la présence des deux langues officielles à la cérémonie d'ouverture, sans toutefois être prêt à élaborer sur son contenu.

"Les cérémonies d'ouverture étaient couvertes du plus grand secret. Donc chaque fois qu'on a soulevé la question, on s'est fait dire que 'ça va être la grande surprise et vous allez être satisfaits"', a-t-il relaté.

Le commissaire a néanmoins reconnu l'effort du consortium médiatique pour diffuser les Jeux olympiques dans les deux langues officielles, d'un bout à l'autre du pays.

Quant aux services offerts en français, en matière de signalisation, de traduction ou d'indications offertes par des bénévoles, M. Fraser a indiqué avoir constaté leur présence, lors de son passage à Vancouver.

Mais l'effort semblait stratégique, selon lui. Si plusieurs bénévoles bilingues ont été déployés dans les endroits où des Québécois risquaient de se retrouver ou aux centres des médias, ils se faisaient plus rares dans la rue, par exemple.

"En faisant cette distribution stratégique des bénévoles bilingues, ça faisait en sorte que dans d'autres places, si on marchait dans la rue et on voyait quelqu'un avec un veston bleu (l'uniforme des bénévoles), il y avait moins de probabilités que cette personne soit bilingue", a-t-il expliqué.

L'équipe du commissariat étudiera les plaintes déposées pendant les Jeux et devrait déposer son rapport d'ici quelques semaines.

Le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a lui-même déploré le manque de français lors de la cérémonie qui a marqué le début des Jeux de Vancouver. Mais il a été révélé, depuis, que l'accord de contribution entre le gouvernement fédéral et le comité organisateur n'avait pas exigé, explicitement, l'égalité entre les deux langues officielles.

Comme le commissaire n'a pas encore vu le texte complet de l'entente, il n'a pas souhaité en commenter le détail. Mais selon lui, " de toute évidence il y a eu un manque de compréhension".