CARNOUSTIE - L'Espagnol Severiano Ballesteros, qui a fait émerger l'Europe du golf dans les années 1980 grâce à ses exploits au Masters d'Augusta ou dans la Ryder Cup, a annoncé lundi qu'il prenait sa retraite à cinquante ans, après 33 années d'une carrière jonchée de titres.

"Je n'ai plus l'envie et je ne veux plus sacrifier des choses comme avant, a expliqué Ballesteros, visiblement ému, lors d'une conférence de presse donnée à Carnoustie où débute jeudi l'Open de Grande-Bretagne. J'ai renoncé à mes années d'adolescence et me suis battu nuit et jour pour me consacrer à 100% au golf. J'ai encore un certain nombre de bonnes années devant moi et je veux passer un peu de temps avec mes trois enfants, mes amis et ma famille".

L'Espagnol est bardé de titres: il a remporté trois fois l'Open de Grande-Bretagne (1979, 1984 et 1988) et deux fois le Masters (1980 et 1983). Il a aussi appartenu à quatre reprises à l'équipe d'Europe victorieuse de la Ryder Cup, dont en 1997 comme capitaine.

Mais à la fin des années 1990, alors qu'il était devenu l'un des joueurs les plus connus de la planète, l'Espagnol a vu sa carrière connaître un brutal coup d'arrêt à cause de douleurs au dos. Depuis, ses tentatives de come-back ont toutes échoué.


"Lutte intérieure"

Juste avant ses 50 ans, il échoue au Masters avec une humiliante dernière place, puis fait ses débuts un mois plus tard dans le circuit seniors américain, qu'il termine à nouveau en lanterne rouge.

"Depuis quelques mois j'étais un peu perdu, j'étais en proie à une lutte intérieure, a-t-il expliqué. Ma tête disait: +Je pense que tu devrais prendre ta retraite+, mais mon coeur me disait qu'il valait mieux que je continue à jouer."

"Cela a été difficile pendant un bon moment mais j'ai finalement décidé cette année de tenter le Tour des champions. J'y suis allé, et le temps était beau, mais je n'ai disputé qu'un tournoi et je suis rentré", a-t-il ajouté.

"Ca m'a vraiment fait réfléchir profondément et je m'interrogeais si je devait continuer ou arrêter de jouer. J'ai pris sans doute la décision la plus dure de ma carrière et j'ai décidé de prendre ma retraite", a-t-il précisé.

Né dans une famille modeste de Cantabrie, près de Santander - son père était jardinier de terrains de sport -, dans un pays peu équipé en greens de golf, il fait ses débuts à Carnoustie en 1975.

Mais c'est en 1979 qu'il frappe un grand coup en remportant l'Open de Grande-Bretagne à Royal Lytham, où il se fait surnommer "le champion du parking" en référence à l'un de ses coups les plus fameux.


Le pionnier européen

Pendant les deux décennies suivantes, il s'affirme comme l'un des tout meilleurs joueurs au monde et revalorise presque à lui seul le Tour européen, face à l'hégémonie américaine.

Il est d'ailleurs le premier Européen à inscrire son nom au palmarès du Masters d'Augusta, en 1980 (il récidive en 1983), ouvrant la voie à d'autres natifs du Vieux continent.

Ses exploits dans la Ryder Cup ont également été retentissants, comme cette victoire de 1985 face aux Américains, la première depuis 1957. Mieux, en 1987, l'équipe européenne emmenée par Ballesteros s'impose pour la première fois sur le sol américain.

Cette période marque le summum de sa carrière et coïncide avec un rééquilibrage entre Américains et Européens, ces derniers se situant même désormais un cran au dessus dans la Ryder Cup.

Ballesteros a tenu à écarter toute raison médicale pour expliquer sa retraite, balayant les allégations de médias espagnols selon lesquelles il aurait récemment fait une tentative de suicide.

"Je vais très bien, comme vous pouvez le voir", a-t-il lancé.