CARNOUSTIE - Le 18e trou à Carnoustie est une normale quatre de 499 verges. Un coup bien droit et précis doit voir la balle franchir le Barry Burn du tertre de départ et une autre fois à l'approche du vert. Certains jours à l'Omnium britannique, on peut atteindre le vert avec un bon coup de départ et un fer court.

Mais pas mardi.

C'est la raison pour laquelle Tiger Woods visait l'autre allée.

Craignant être incapable de franchir le ruisseau à cause des vents contraires de 50 kilomètres-heure, il a frappé un coup de fer-2 très bas et a atteint l'allée voisine. Il a frappé un autre coup de fer-2 vers l'allée du 18e trou. Ça lui laissait un autre coup de fer-2 vers le vert. Mais cette fois-ci, la balle a dévié juste assez pour se retrouver dans une fosse à droite.

Ce n'était qu'une ronde d'exercice, mais cela illustrait bien comment il faut se servir de son imagination pour atteindre le vert, même s'il s'agit de façons peu orthodoxes.

Et c'est là une des raisons pour lesquelles Woods dit que l'Omnium britannique est son tournoi majeur favori.

"J'adore jouer ici parce qu'on peut se montrer créatif, a dit Woods. Auparavant, c'était la même chose à Augusta. Ce n'est pas comme cela à l'Omnium des Etats-Unis et le championnat de la PGA ressemble à l'Omnium des Etats-Unis. Ici on peut créer des coups différents. On peut se servir du sol pour s'en tirer en faisant rouler la balle."

L'an dernier au Royal Liverpool, le sol a été un allié de Woods.

Après quelques rondes sur les allées sèches et durcies, Woods a réalisé qu'il valait mieux laisser son bois numéro un dans le sac. Il ne l'a utilisé qu'une seule fois en quatre rondes. Il a ainsi évité les fosses de sable et la stratégie lui a permis de remporter le tournoi pour une deuxième année de suite.

Il se présente donc à Carnoustie avec la chance de remporter l'Omnium britannique pour la troisième fois de suite, un exploit réalisé par quatre autres golfeurs dans l'histoire du championnat qui remonte à 1860. Le dernier a été Peter Thomson de 1954 à 1956.

L'Australien s'attend à voir Woods remporter le trophée dimanche.

"Il a la chance de remporter le tournoi huit fois de suite, a dit Thomson, qui a remporté le tournoi cinq fois et qui a terminé deuxième trois autres fois. Si j'ai failli le faire, il est certes capable d'y parvenir."

Woods a déjà dominé certains parcours et certains événements, comme Bay Hill, Firestone, Torrey Pines ou Muirfield Village. Mais ces parcours favorisent la puissance.

Mais les parcours utilisés à l'Omnium britannique exigent des stratégies fort différentes.

Woods avait fait d'ailleurs ses débuts en Ecosse à l'âge de 19 ans comme golfeur amateur. Il avait joué 69 à son premier parcours à Carnoustie, mais les choses s'étaient gâtées par la suite. Il avait terminé le tournoi avec un total de 293, neuf au dessus du par à égalité au 48e rang.

"J'ai adoré, a dit Woods. C'était la première fois que je pouvais utiliser le sol. J'ai grandi en Californie et on ne pouvait jamais faire cela. Je pensais que c'était formidable d'utiliser son putter à 40 ou 50 verges du vert. J'ai y eu beaucoup de plaisir."

Mark O'Meara a disputé plusieurs rondes d'exercice avec Woods sur ce type de parcours et a vu le jeune homme acquérir beaucoup de maturité.

"Quand Tiger a joué en Ecosse les premières fois, il ne pouvait frapper que d'une seule façon, a dit O'Meara. Je dois avouer que lorsqu'il a joué ici en 1999, il ne pouvait frapper des coups bas comme il en est capable aujourd'hui."

Woods a toujours aimé tenter des expériences.

Phil Mickelson sait fort bien de quoi il parle.

Son père avait bâti un vert d'exercice dans la cour arrière à san Diego et Lefty y a passé des heures et des heures à s'y entraîner.

"Je ne pouvais pas jouer sur le parcours, frapper des coups de départ, a-t-il dit. Mais je m'exerçais à frapper des coups d'approche, toujours les mêmes. Puis j'ai décidé de reculer un peu, puis d'y aller de coups lobés, puis toutes sortes d'autres coups. Cela m'a aidé lors de tournois."

Mais Mickelson n'a terminé parmi les 10 premiers qu'une seule fois à l'Omnium britannique.

"Ca s'améliore, a-t-il dit. Ma plus grande difficulté ici c'étaient mes coups de départ. Là, je frappe mes coups de départ plus bas et je garde la balle en jeu. Pour moi, ce sera la clé."