SHANGHAI - La première rencontre entre Lee Westwood et Tiger Woods depuis que le premier a ravi le sommet du classement mondial au second ne fut pas exactement un moment d'anthologie, comme certains auraient pu le penser.

Deux photographes se sont accroupis du côté opposé où Westwood frappait tranquillement quelques balles, dans l'aire d'entraînement du club Sheshan International, alors que Woods s'approchait, venant du vert d'entraînement.

«Westy, Billy», a salué Woods en s'adressant au nouveau no 1 et son caddie, Billy Foster.

Il n'a jamais stoppé sa course.

«Tiger», a répondu Westwood, tournant brièvement la tête avant de s'installer pour son prochain coup.

Ils sont amis depuis aussi longtemps qu'ils sont devenus professionnels et cet échange fut similaire à d'innombrables autres entre les deux hommes. La seule différence est leur rang au classement mondial, mais même cela doit être pris en perspective.

D'occuper le premier rang mondial représente beaucoup pour Westwood, c'est bien normal. Sur son site internet, on peut voir une photo de lui se tenant devant une mappemonde, globe au bras et l'index levé, montrant qu'il est le numéro un.

«De pouvoir dire: 'Je suis le meilleur au monde présentement', c'est un rêve que tout le monde caresse», a-t-il dit.

De perdre ce rang n'est pas une grosse histoire pour Woods, et c'est aussi normal.

Il a occupé le sommet pendant 281 semaines consécutives. Il y a un an, il semblait être en voie de s'y trouver pour le reste de sa carrière. Jusqu'à ce que sa vie personnelle et son golf n'implosent. La seule surprise pour Woods, c'est qu'il eut fallu autant de temps pour que quelqu'un le remplace.

«Pour occuper le premier rang mondial, vous devez gagner régulièrement, a-t-il dit. Et je n'ai pas en été en mesure de le faire dernièrement.»

Tout ça peut changer ce week-end, avec le Championnat HSBC, et pas juste entre les deux hommes.

Le sommet du classement mondial est si serré présentement que quatre golfeurs — Westwood, Woods, Martin Kaymer et Phil Mickelson — pourraient se retrouver au premier rang à l'issue du tournoi, sans même le remporter. Si Steve Stricker et Jim Furyk étaient venus en Chine, ils auraient aussi eu une chance d'atteindre le sommet.

Il est possible que celui qui terminera le premier entre Westwood, Woods et Kaymer devienne le numéro 1 au monde, pourvu qu'ils soient parmi les 20 premiers du tournoi. Le golf n'est plus qu'une affaire de birdies et de bogeys par les temps qui courent. Ça prend aussi une calculatrice : les quatre premiers golfeurs au monde ne sont séparés que par un demi-point au classement.

Et cette bagarre entre ces quatre joueurs ne prendra pas fin à Shanghai. Elle se poursuivra à Singapour, en Australie, à Dubaï, en Afrique du Sud et en Californie. En fait, dans tous les tournois auxquels ils prendront part d'ici la fin de l'année. Cette histoire de premier rang mondial n'est pas prête d'être réglée.

«Pour vraiment le savoir, ça pourrait prendre jusqu'à un an, a dit le golfeur Hunter Mahan. Nous attendons tous que Tiger retourne à sa place. Cette année, il a dû s'occuper de certains trucs. Mais quand tout cela sera du passé, nous nous attendons à ce qu'il soit aussi bon qu'il ne l'a jamais été.»

Ça reste à voir.

C'est la 10e fois de sa carrière que Woods se fait damer le pion au premier rang mondial. Habituellement, il ne perd pas cette place tant qu'il ne la loue. Mais il n'a jamais été aussi imprévisible qu'il l'est en ce moment.