AUGUSTA, Géorgie - Trevor Immelman est dorénavant sur les traces de son idole d'enfance.

Grâce à un sang-froid digne d'un champion d'un tournoi du Grand Chelem, et dans des conditions difficiles, le Sud-Africain a remporté le Tournoi des Maîtres, dimanche, exactement 30 ans après que Gary Player ait accompli l'exploit pour la troisième et dernière fois de sa glorieuse carrière.

Immelman connaît Player depuis qu'il est âgé de cinq ans, et il a maintes fois consulté son compatriote pour des conseils au fil de sa carrière. A l'âge de 28 ans, le voilà, en compagnie de Player, dans l'un des clubs les plus prestigieux du golf professionnel.

Immelman a inscrit un score final de 75, trois coups au-dessus de la normale, et il a battu Tiger Woods (72) par trois coups. Stewart Cink (72) et Brandt Snedeker (77) ont partagé le troisième rang, à quatre coups du champion.

Woods a donc terminé au deuxième rang d'un tournoi majeur pour la cinquième fois de sa carrière, lui qui compte 13 victoires lors de l'un ou l'autre des quatre grands rendez-vous du golf professionnel. De son côté, Immelman signait son premier triomphe à un tournoi du grand chelem.

"Ce fut tellement difficile et j'ai essayé d'être intraitable, a déclaré Immelman à l'intérieur du Butler Cabin. Je ne peux croire que j'y suis arrivé."

Pendant ce temps, aucun des deux Canadiens inscrits n'a été dans la lutte. L'Ontarien Mike Weir a ramené une carte finale de 74, ce qui l'a laissé au 17e rang, tandis que Stephen Ames, de Calgary, devait se contenter d'un score de 75, dimanche, et d'une 25e position.

Un marathon

Immelman n'a jamais dévié de sa route face à un vent qui secouait violemment de gauche à droite les fameux fanions jaunes du parcours Augusta National.

Au 13e trou, une normale-5, Immelman a joué son deuxième coup à court de l'eau avant de réaliser un superbe coup d'approche, en route vers un birdie qui lui donnait une priorité de cinq coups. Pendant ce temps, Snederker, son partenaire de jeu, a expédié sa balle à l'eau pour une deuxième journée consécutive, et son bogey l'a à toutes fins pratiques éliminé de la course.

Et malgré qu'il ait à son tour trouvé l'eau et inscrit un double bogey au 16e trou, une normale-3, plus rien ne pouvait empêcher Immelman d'imaginer Zach Johnson, le champion en titre, lui enfiler le veston vert.

Plus tôt cette semaine, Gary Player avait comparé la qualité des coups d'Immelman à ceux de Ben Hogan. C'est d'ailleurs cette facette du jeu qui a mené le Sud-Africain vers la victoire. Immelman a terminé au premier rang pour la précision de ses coups de départ, et il s'est classé deuxième pour le nombre de verts atteints en coups prescrits.

Alors que toute l'attention était tournée vers Woods et sa quête des quatre tournois du grand chelem lors de la même année, personne ne s'était préoccupé d'Immelman, lui qui n'avait pas terminé plus haut que la 40e position lors d'un tournoi par coups en 2008. De plus, il avait raté la qualification aux deux derniers parcours en quatre occasions cette saison, dont la semaine dernière à Houston.

Il faut dire que lors des 12 derniers mois, sa santé était devenue bien plus importante que le golf.

Le svelte sud-africain a perdu 22 livres en l'espace de quelques semaines à peine après avoir été victime d'un parasite intestinal pendant le Tournoi des Maîtres de 2007. Puis, en décembre, il a craint être atteint d'un cancer, mais les médecins avaient finalement diagnostiqué une tumeur bénigne au diaphragme. L'opération qui a suivi a laissé une longue cicatrice que plusieurs joueurs de la PGA ont demandé de voir.

Cette semaine, Immelman aura démontré une force de caractère remarquable. Il a d'ailleurs détenu le premier rang, seul ou ex aequo, après chacun des quatre parcours, faisant de lui le premier golfeur à réaliser pareil exploit depuis l'Espagnol Severiano Ballesteros, en 1980.

De son côté, Woods a été incapable de lancer une attaque dangereuse. Il s'est contenté de pars sur chacun des quatre trous à normale-5 dimanche, lui qui a toujours dominé ses trous en route vers ses quatre triomphes à Augusta, et il a de nouveau connu des ennuis avec son putter.

Le meilleur joueur au monde a maintes fois manifesté sa frustration, dimanche, et il a même esquissé un geste de dépit après avoir calé un birdie au 72e trou.

"Je n'ai réussi aucun roulé cette semaine, a déploré Woods. J'ai suffisamment bien frappé la balle pour espérer l'emporter."