La 10e édition de la Coupe des Présidents a permis à des millions de téléspectateurs à travers le monde de découvrir le talent du Canadien Graham DeLaet. Quel spectacle il nous a offert au cours des quatre jours de compétition!

DeLaet a non seulement été le meilleur joueur de l’équipe internationale, il fut aussi, de mon humble avis, le meilleur des deux équipes en présence. Jumelé à l’Australien Jason Day, il est allé chercher deux points et demi sur une  possibilité de quatre lors des matchs en équipes, puis a brillamment gagné son match en simple devant le jeune prodige américain, Jordan Spieth. Il est aussi l’auteur des deux coups les plus spectaculaires de la dernière journée, tous deux survenus au 18e trou… Un coup d’approche au fond de la coupe pour arracher un match nul au duo Bradley/Mickelson puis, en fin de journée, une sortie de fosse de sable directement dans le trou pour préserver sa mince avance sur Jordan Spieth. Difficile d’en demander plus à un joueur qui en était à ses premiers pas en matchs internationaux!

Graham DeLaet a connu une saison de rêve en 2013, mais ce n’est pas le fruit du hasard. Ce joueur a grimpé les échelons un à un depuis les cinq dernières années et est tout simplement arrivé à maturité. Pour ceux qui le connaissent moins, rappelez-vous que c’est lui qui avait remporté l’Omnium de Montréal Desjardins en 2008, sur le parcours du Saint-Raphaël. Je m’en souviens très bien puisque j’étais alors le professionnel du club. J’avais pris le temps de le suivre sur le parcours et j’avais été très impressionné par la qualité de son jeu et, aussi, par la puissance de ses coups. Il a aussi gagné à trois reprises en 2009, deux fois au Canada et une fois en Afrique du Sud avant de graduer sur le circuit PGA Tour grâce à une huitième place lors de l’école de qualification.

À sa première année sur le grand circuit en 2010, il a terminé la saison en 123e position,  avec des gains de 954 000 dollars. Des blessures l’ont tenu à l’écart du jeu en 2011, si bien qu’il n’a disputé que deux tournois. Il est toutefois revenu en force l’an passé en finissant à la 106e position du classement final, amassant au passage des gains dépassant le million de dollars. C’est à partir de là que l’on a commencé à le suivre d’un peu plus près car il a démontré, lors des séries de fin de saison, à quel point il est talentueux. Ce n’était pourtant rien, si on compare à ce qu’il nous réservait pour cette année. En 26 tournois, il s’est qualifié pour les rondes finales à 21 reprises et a terminé dans le top-10 à sept occasions. Il a connu des séries époustouflantes en terminant deuxième au Barclays, puis en troisième position la semaine suivante à la Classique Deutsche Bank. Même s’il n’a pas encore savouré la victoire, il a tout de même accumulé des gains de 2 834 900 dollars. Il est parti pour la gloire et j’ai déjà hâte de voir la suite.

J’ai pris le temps d’aller le rencontrer au terrain d’exercice lors de la Coupe des Présidents et, surtout, de l’observer s’entraîner avec différents bâtons. Je dois avouer qu’il est très impressionnant à tous les points de vue : la puissance est au rendez-vous, mais c’est surtout ses trajectoires de balles qui impressionnent. Tellement que les spectateurs applaudissaient même ses bons coups d’entraînement. Il faut dire que le terrain d’exercice de Murfield Village est de loin le plus beau que j’ai vu dans ma carrière et qu’il permet aux joueurs de pratiquer tous les coups qu’ils devront utiliser ensuite sur le parcours. Jack Nicklaus a pensé à tout, dans les moindres détails.

J’en ai aussi profité pour jaser avec le cadet de DeLaet, le Québécois Julien Trudeau. Il se disait extrêmement heureux de se retrouver à la Coupe des Présidents et de pouvoir côtoyer toutes ces grandes vedettes pendant quelques jours. Il est très fier de son joueur et de la saison qu’il a connue. Avec raison. Ce duo semble bien soudé et devrait connaître encore plus de succès l’an prochain. Tout semble indiquer que l’on assistera à une première victoire de DeLaet au cours de la prochaine saison. La qualité de son jeu ne fait aucun doute et il est très fort entre les deux oreilles. Sa progression devrait se poursuivre et Dieu seul sait où il s’arrêtera. DeLaet occupe présentement le 32e échelon du classement mondial, ce qui le qualifie automatiquement pour tous les grands tournois, sans exception.

Somme toute, la 10e édition de la Coupe des Présidents aura été un très grand succès sur toute la ligne, malgré les caprices de dame Nature. Les pluies diluviennes, qui se sont succédées à un rythme effarant, ont bien sûr perturbé l’horaire original. Il fallait voir les dizaines de travailleurs s’affairer sur le parcours après chaque ondée afin de présenter des conditions de jeu impeccables. Je peux vous garantir que le parcours du Murfield Village possède l’un des meilleurs systèmes d’évacuation d’eau sinon, il aurait été impossible de terminer cette compétition dans les délais prévus. Il fallait voir l’état des stationnements et des aires réservées aux  retransmissions satellites pour comprendre à quel point ça ressemblait à un véritable déluge. Malgré la fatigue et les inconvénients, ça valait le coup d’être sur place.

À bientôt!