Déjà beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis les incidents survenus à la résidence de Tiger Woods en novembre dernier. La frénésie médiatique qui a entouré ce scandale a pris une telle ampleur que même l'entourage de célèbre golfeur s'est fait prendre les culottes à terre.

Personnellement, je crois qu'il n'y a que le temps qui puisse aider Tiger à se remettre sur les rails et ainsi continuer son œuvre. La curiosité et le sensationnalisme sont déjà en baisse si bien que l'on peut espérer revoir M. Woods sur les parcours de golf dans un avenir rapproché. Si on est capable de pardonner ses écarts de conduite à un président américain en devoir, je crois sincèrement que l'on donnera au meilleur golfeur de l'histoire la chance de se reprendre.

Tiger Woods n'est pas plus grand que son sport, mais il en est tout de même le rouage le plus important. L'industrie du golf a besoin de lui. On a présentement la chance de compter sur un golfeur en tant que sportif numéro #1 au monde, on se doit donc de profiter de la manne et de solidifier ses assises.

Le golf en perte de vitesse

Les dernières statistiques publiées par la firme National Golf Foundation, véritable bible de l'industrie, ont de quoi inquiéter. En 2008, 10,2% des Américains âgés de 6 ans ou plus ont disputé au moins une ronde de golf comparativement à 12,1% en 1990.

Durant cette même période, les cotes d'écoute à la télé ont chuté. Selon la firme de sondage Neilson Co, une moyenne de moins de 3.5 millions de téléspectateurs ont regardé les rondes finales des tournois du circuit en 2009 alors que la moyenne se situait à plus de 4 millions en 1999. La moyenne de 2009 est même inférieure à celle de l'année durant laquelle Tiger Woods est devenu professionnel. En constatant ces chiffres, on a l'impression que la popularité du joueur numéro #1 mondial a quelque peu masqué un certain déclin de la popularité du golf.

Des chiffres révélateurs

Malgré ces statistiques plutôt surprenantes, les revenus du circuit PGA Tour sont tout de même passés de 302,5 millions $ en 1996 et grimpés à 981 millions$ en 2008. Durant cette même période, Tiger Woods a généré des dizaines de millions de dollars pour lui-même, mais également pour les différentes fondations caritatives auxquelles il est associé. Il est d'ailleurs devenu récemment le premier athlète milliardaire de l'histoire du sport, engrangeant au passage des revenus de plus de 100 millions de dollars par année. N'allez surtout pas croire que Tiger fût le seul à en profiter. Tous les professionnels de compétition de la planète doivent lui dire merci puisque depuis son arrivée sur la scène du golf professionnel, les bourses ont augmenté de façon fulgurante. À titre d'exemple, les bourses totales remises aux joueurs en 1996 atteignaient les 70 millions de $ sur le circuit PGA. Tour. En 2009, les joueurs se sont partagé un magot de 277 millions de dollars US. Les revenus personnels de commandites ont aussi suivi dans la même direction si bien que l'on se demande, dans certains cas, si la motivation de se surpasser est toujours présente.

À la lumière des derniers événements, les grandes corporations de ce monde seront dorénavant plus prudentes avant d'associer leur image à un athlète professionnel. La période faste qu'ont connue les athlètes tire peut-être à sa fin, d'autant plus que l'argent se fait rare dans la conjoncture économique actuelle. Les grandes corporations ne se bousculent plus aux portes du circuit PGA Tour. L'industrie automobile et le monde bancaire ont toujours été des partenaires de premier plan, ce qui n'est plus le cas présentement. Il y a à peine quelques semaines, on n'avait toujours pas de commanditaire officiel pour le tournoi de San Diego, disputé à Torrey Pines la semaine dernière. La compagnie Farmers Insurance Group a finalement décidé d'investir 3.5 millions de dollars à la dernière minute pour s'associer à l'événement. Cela représente tout de même une véritable aubaine puisque GM déboursait plus de 7 millions annuellement pour les mêmes services. L'avenir du golf n'est pas très rose pour l'instant. On devra compter sur le retour en forme de Tiger Woods et sur une reprise économique forte pour maintenir les bourses et le nombre de tournois à leurs niveaux actuels.

La rentrée du golf aux Jeux olympiques de 2016 au Brésil devrait tout de même aider puisque l'on entrevoit un véritable « boom » du côté de l'Amérique du Sud, un peu comme c'est présentement le cas du côté de l'Asie, particulièrement en Corée du Sud et en Chine. Surveillez bien l'émergence des joueurs chinois au cours des cinq prochaines années; on aura l'impression d'assister à une véritable invasion sur les différents circuits de golf mondiaux. Entretemps, le Canada se tire assez bien d'affaires. Le nombre de golfeurs se maintient même si le nombre total de rondes de golf diminue. Il faut donc continuer de miser sur la relève et d'instaurer de nouveaux programmes afin de faciliter l'accès à ce sport. Un grand pas a été franchi en entrant dans les écoles primaires et secondaires. On devra tout de même faire beaucoup d'efforts pour permettre l'évolution de ces programmes et ainsi assurer une relève indispensable pour l'industrie.