BETHESDA, États-Unis - Ce qui semblait d'abord une simple anomalie s'est transformée en tendance troublante pour les amateurs de golf du sud de la frontière.

Graeme McDowell est devenu le premier Européen en 40 ans à remporter l'Omnium des États-Unis, l'été dernier à Pebble Beach. Plus significatif encore, c'était la première fois en plus de 100 ans qu'aucun Américain ne finissait parmi les trois premiers à l'occasion de leur championnat national.

Et ce n'était là que le début.

Aucun Américain n'a terminé parmi les trois premiers à l'Omnium britannique, trois mois plus tard à St. Andrews. Et pour la première fois dans les annales du Tournoi des Maîtres, des joueurs d'ailleurs dans le monde ont occupé les trois premières positions à Augusta National.

Le golf américain est-il en déclin?

«Me posez-vous cette question parce que je suis l'Américain le mieux classé?», a lancé Steve Stricker, mardi.
Stricker, un golfeur de 44 ans qui n'avait même pas une carte à temps plein dans PGA il y a cinq ans, a remporté le Memorial il y a deux semaines et s'est hissé au quatrième rang mondial, faisant de lui l'Américain le mieux classé. Reste qu'il se retrouve loin derrière un duo anglais, Luke Donald et Lee Westwood, et l'Allemand Martin Kaymer.

Mais le classement mondial ne raconte qu'une partie de l'histoire.

Jamais n'a-t-on disputé plus de quatre tournois majeurs sans qu'un Américain l'emporte. L'Omnium des États-Unis qui sera disputé au club de golf Congressional pourrait s'avérer leur meilleure chance d'éviter un record de médiocrité.
«Je crois que ce tournoi nous en dira beaucoup, a affirmé Stricker.

Si un Américain peut l'emporter ici, peut-être pourrons reprendre un peu de momentum. Ça semble être très pro-Europe semaine après semaine, à chaque tournoi majeur. Ce sera intéressant cette semaine de voir ce qui va arriver. Je crois que nous sommes quelque peu dans les câbles. Tout le monde le réalise. Tout le monde en parle.»

L'histoire ne milite pas en faveur d'un revirement de situation. Ces 10 dernières années, l'Omnium des États-Unis est le tournoi majeur où les Américains ont connu le moins de succès. Ils l'ont remporté quatre fois seulement depuis 2001, Tiger Woods raflant deux titres. Et il ne se trouve même pas à Congressional, à l'écart du jeu à cause d'une blessure à la jambe gauche.

Il y a quatre ans seulement, on se demandait pourquoi les Européens semblaient incapables de remporter un tournoi d'importance. Padraig Harrington parlait de la nécessité d'être patient, affirmant que le golf est une affaire de cycles et que le tour de l'Europe viendrait.

Ernie Els ne pourrait être plus d'accord.

«Tout arrive en cycles et je crois que ça va continuer comme ça, a-t-il dit. Je me souviens qu'au début des années 1990, l'Europe dominait comme elle domine présentement au classement mondial. Ils ont le haut du pavé en ce moment, et probablement qu'un jour ça va changer de nouveau.»
La clé, c'est de déterminer de quel côté se trouve l'avenir du golf américain.
Juste derrière Stricker au classement mondial il y a Phil Mickelson, le dernier Américain à remporter un majeur. Il a battu Westwood au Tournoi des Maîtres l'an dernier. Mickelson fêtera son 41e anniversaire de naissance, jeudi, et il croit qu'il lui reste encore plusieurs bonnes années.
Il a quand même passé beaucoup de temps, dernièrement, à conseiller de jeunes golfeurs — à l'occasion des matchs de la Coupe Ryder et de la Coupe des Présidents — dans le but de les préparer à disputer les tournois majeurs.

Mickelson a joué mardi avec Dustin Johnson, considéré par plusieurs comme le plus talentueux des golfeurs américains de moins de 30 ans. Ces deux-là étaient accompagnés de Jeff Overton et Hunter Mahan, dont les trois victoires comprennent un Championnat mondial de golf à Firestone l'an dernier.

«Dans les faits, je suis très encouragé par le niveau de jeu de nos golfeurs américains, surtout les jeunes, a dit Mickelson. Nous avons un important contingent d'excellents joueurs qui s'en viennent. Et devant le peloton, il y a un gars comme Dustin Johnson.»

Johnson, qui est venu près de remporter deux tournois majeurs l'an dernier, est bien conscient de la léthargie américaine.

«Ce n'est pas comme si nous n'essayons pas ou nous ne jouons pas bien, a-t-il noté. Je crois que les Américains jouent très bien. Bien des astres doivent s'aligner pour qu'un golfeur remporte un majeur. Évidemment, les gars qui ont remporté les quatre derniers majeurs ont joué du très bon golf.»