Le deuxième week-end d'avril revêt toujours un cachet bien particulier pour les amateurs de golf. Lorsque Dame Nature coopère, ces dates correspondent parfois avec l'ouverture de plusieurs clubs de golf au Québec même si certaines années, on doit plutôt regarder tomber la neige. Quoi qu'il en soit, le golf est toujours à l'honneur cette fin de semaine puisque, traditionnellement, on y présente le premier tournoi majeur de la saison, soit le « Masters ».

Quelle belle compétition, prestigieuse et sobre à la fois. Selon plusieurs, et j'en suis, le tournoi des Maîtres demeure le plus beau tournoi de l'année et le plus suivi à la télévision. Sans trop pouvoir l'expliquer, même les non-golfeurs passent de longues heures devant leurs téléviseurs afin de ne rien manquer de l'action. La riche histoire de cette compétition et le site enchanteur sur lequel elle est disputée chaque année ne font qu'ajouter à la magie et au prestige de cet événement unique.

Le parcours du Augusta National s'étend maintenant sur 7 435 verges à partir des jalons de championnat. Plusieurs trous ont été rallongés ces dernières années, mais les verts sont toujours aussi petits et très ondulés. Quant à leur vitesse, cela demeure depuis toujours un secret bien gardé. Les mauvaises langues assurent qu'il est impossible d'utiliser le stimp meter car il n'y a pas d'endroit assez plat sur ces verts capricieux. Plusieurs joueurs se plaignent de la longueur excessive du parcours, surtout ceux qui sont plus âgés et qui ne possèdent plus la puissance nécessaire pour espérer bien figurer et avoir une chance de victoire. Les organisateurs se défendent contre toute attaque en précisant que l'on ne fait que suivre l'évolution de la technologie si bien que les joueurs d'aujourd'hui utilisent les mêmes fers pour atteindre tel ou tel vert qu'il y a 10 ou 20 ans. À Augusta, on tient compte de tous les petits détails, tout est pensé et planifié par un comité d'experts.

Le tournoi des Maîtres a toujours voulu couronner le meilleur joueur de la planète, celui qui peut allier puissance, précision, patience et doigté sur des verts ondulés et ultrarapides. C'est à l'image même du golf. Considéré depuis toujours comme un jeu de finesse, le golf requiert également un certain degré de puissance pour pouvoir y exceller. Le parcours du Augusta National vous avalera tout rond si vous lui manquer de respect. À chaque jour, la position stratégique des fanions fait appel à votre intelligence et à votre capacité de résister à la tentation si vous tentez de récupérer trop rapidement d'un coup imprécis. Ceux qui refusent d'avaler la pilule paient, la plupart du temps, le gros prix pour leur témérité. Tout joueur qui remporte le « Masters » obtient, pour le reste de sa vie, une reconnaissance et un certain respect de ses adversaires et des amateurs de golf en général. Il est difficile de quantifier précisément ce que vaut une victoire point de vue monétaire, mais on sait que ça se calcule en millions. Une victoire à Augusta, c'est un peu comme la publicité de Mastercard…ça n'a pas de prix!

Petits changements pour 2009

Le comité organisateur ne fait pas les choses tout à fait comme ailleurs et ne lésine pas sur les dépenses. Connaissez-vous beaucoup de parcours qui possèdent des systèmes de climatisation sous leurs verts? Avouons qu'ils ne sont pas très nombreux. Voici un aperçu des améliorations apportées en vue de l'édition 2009.

D'abord, on a ajouté environ 4 500 places de stationnement à proximité du club et on a entrepris des travaux majeurs afin d'améliorer les facilités d'entraînement. On nous assure que tout sera terminé pour 2010. On a également achevé tous les travaux de construction des bâtiments abritant les responsables de la sécurité et de ceux qui s'occupent des premiers soins.

À chaque année, on réévalue le parcours dans les moindres détails. Le raffinement est de mise et on améliore constamment les conditions de jeu et l'esthétique en tenant compte des conditions météorologiques qui peuvent survenir. On ne laisse vraiment rien au hasard.

Cette année, on a réduit le tertre de départ du trou numéro un d'environ sept verges afin de permettre une meilleure circulation de la foule entre le tertre et le vert de pratique. C'est donc dire que le premier trou se jouera d'une distance de 445 verges plutôt que de 455. Pour des raisons agronomiques, on a aussi installé un système de climatisation sous les verts des trous numéro un, cinq et six…au diable les dépenses! Au trou numéro sept, des travaux majeurs derrière le tertre de départ ont permis de reboiser l'espace laissé vacant par la démolition d'un bâtiment d'entreposage. On a aussi agrandi le tertre de départ d'une dizaine de verges, à l'avant, si bien que la longueur du trou n'est pas affectée. Au 15e trou, agrandissement du tertre de départ et retrait de quelques arbres du côté droit de l'allée. La distance de cette normale cinq demeure toutefois à 530 verges.

Joueurs à surveiller

Comme toujours, Tiger Woods sera le centre d'attraction, d'autant plus qu'il vient de remporter une spectaculaire victoire à Bay Hill à sa dernière sortie. L'opposition pourrait venir du vétéran Ernie Els qui joue du bon golf ces temps-ci, de Geoff Ogilvy qui revendique déjà deux victoires cette année et, bien sûr, de Phil Mickelson qui a repris sa deuxième place au classement mondial. Le vétéran Greg Norman, 54 ans, effectuera un retour remarqué à Augusta cette année. Même si ses chances de victoire sont plutôt minces, la foule sera en bonne partie de son bord, surtout les nostalgiques.

Plusieurs jeunes joueurs de talent feront leur entrée en scène et l'un d'entre eux pourrait même causer une agréable surprise. Rory McIlroy : retenez bien ce nom, car il possède tous les atouts pour devenir un grand champion. Jetez aussi un coup d'œil sur le jeune Danny Lee, de Nouvelle-Zélande, et sur le jeune prodige japonais, Ryo Ishikawa. Ces joueurs sont des valeurs sûres et l'un d'eux remplacera sans doute Tiger Woods au premier rang du classement mondial dans quelques années…ou dans plusieurs. Bon « Masters ».