MONTRÉAL - Même si la saison du golf s'apprête à battre son plein, la situation est loin d'être au beau fixe pour cette industrie dont les terrains semblent de moins en moins fréquentés, d'après les conclusions d'une nouvelle étude.

De 2008 à 2013, le nombre de rondes jouées par terrain a considérablement diminué pour passer de 28 700 à 26 100 par année, souligne l'Étude sur l'impact économique du golf au Canada, menée pour l'Alliance nationale des associations de golf (NAGA).

Le Québec n'échappe pas à cette tendance, selon la présidente de l'Association des terrains de golf du Québec (ATGQ), Ève Gaudet, également directrice du Golf Montcalm dans Lanaudière. L'organisme a documenté le phénomène grâce à une étude réalisée l'an dernier par DAA Stratégies et Ipsos Marketing.

« Les trois principales raisons pour lesquelles les gens jouent moins sont le manque de temps (22 pour cent), la perception que c'est cher (22 pour cent) ou en raison de problèmes de santé (22 pour cent) », explique la présidente de l'organisme.

La baisse de la fréquentation des terrains de golf au Québec a notamment incité certains propriétaires dans une situation précaire à vendre une parcelle ou l'ensemble de leur terrain à des promoteurs immobiliers désireux d'y construire des unités de logement.

Depuis le début de l'année, au moins trois endroits ont déjà fermé leurs portes, d'après des statistiques fournies par l'ATGQ. Il s'agit des clubs de golf Mascouche (Lanaudière), La Providence (Saint-Hyacinthe) ainsi que Deux-Montagnes (Laurentides).

D'autres fermetures sont également à prévoir parmi les quelque 350 clubs de golf de la province, prévient l'organisme qui compte 125 membres. « Il faut développer le nombre de golfeurs, affirme Mme Gaudet. Si leur nombre n'augmente pas, je pense qu'on doit en arriver à cette conclusion. »

La concurrence devient également de plus en plus féroce entre les clubs de golf qui, d'après Mme Gaudet, mettent de l'avant des promotions plus « agressives » afin d'attirer les clientèles.

« Offrir des forfaits de 10 ou 20 parties, ce n'est pas un phénomène que l'on avait il y a 30 ans, explique la présidente de l'ATGQ. Les gens sont moins membres dans des clubs, ils sont davantage des golfeurs itinérants. Les forfaits de parties en livret, ça les intéresse. »

Moins d'emplois dans l'industrie

L'étude de la NAGA note également que la baisse de la fréquentation des terrains semble avoir un impact négatif sur le nombre d'emplois directs dans l'industrie, qui, de 2009 à 2013, a fléchi de 18,7 pour cent pour se chiffrer à 126 000 à l'échelle nationale.

Le document englobe les emplois liés à la fabrication d'équipement, l'exploitation des terrains, les services de professionnels ainsi que d'autres services, comme ceux de restauration.

« Les terrains offrent des services avec moins d'employés (...) et les terrains embauchent moins d'étudiants », peut-on lire dans l'étude.

En comptabilisant les effets économiques « directs, indirects et induits », le nombre d'emplois total reliés à l'industrie canadienne du golf atteignait 300 000 en 2013, dont 52 000 au Québec, en recul de 10,3 pour cent par rapport à 2009.

Le document réalisé par la société SNG Solutions évalue également l'impact économique de l'industrie canadienne du golf à près de 14,3 milliards $ en 2013 par rapport à 12,2 milliards $ en 2008.

Cette progression, malgré la baisse du nombre de rondes jouées, s'expliquerait en grande partie par l'augmentation des dépenses des golfeurs canadiens qui ne sont pas liées aux frais d'inscription à un club.

Par ailleurs, l'étude note que le Canada compte quelque 5,7 millions d'adeptes du golf, mais que « le nombre de personnes au jeu n'accuse aucune croissance » et que les jeunes semblent de moins en moins s'intéresser à ce sport.

« Les golfeurs jouent moins de rondes, la majorité étant jouées par un nombre limité de golfeurs passionnés, et le taux de jeunes s'initiant au golf étant inférieur à ce qu'il était pour les générations antérieures », avance le document réalisé pour la NAGA.

L'Alliance a indiqué que l'étude était fondée sur des données provenant de deux coups de sonde, dont un effectué auprès de 15 000 golfeurs et un autre auprès de 300 exploitants de terrains de golf.