MONTRÉAL – On venait à peine de s’immiscer dans l’aréna vieillot du CEPSUM quand cette petite attaquante s’est approchée du filet adverse. Une passe s’est dirigée vers elle à quelques centimètres de la gardienne et du poteau. Sans même stopper la rondelle, elle l’a soulevée, du revers, dans le haut du filet avec une facilité déconcertante.

 

Elle, c’est Victoria Bach. Elle ne mesure que cinq pieds quatre pouces et pèse 124 livres selon les informations divulguées par Hockey Canada.

 

Elle ne dispose pas de toutes les réponses, mais elle représente ce que le programme national de hockey féminin recherche. En effet, pour reprendre sa place au sommet de la hiérarchie mondiale, la formation canadienne doit trouver une manière de dynamiser sa production offensive. Après tout, Marie-Philip Poulin ne peut pas toujours jouer la héroïne lors des grands rendez-vous internationaux. 

 

Le 8 novembre dernier, Bach a donné un aperçu de son arsenal en marquant deux buts dans une victoire de 4 à 1 contre les États-Unis dans le cadre de la Série de la rivalité. La gauchère de 23 ans est donc perçue comme une athlète qui peut suivre le chemin tracé par les Poulin, Meaghan Agosta, Caroline Ouellette, Hayley Wickenheiser et compagnie.

 

« J’apprécie vraiment cette chance avec l’équipe nationale. L’an dernier, en sortant de l’université, je devais traverser une période d’ajustement et j’ai pu participer à quelques événements. J’étais plus comme une recrue qui devait gagner sa place. Maintenant, c’est bien de pouvoir jouer avec l’élite et je m’assure d’apprendre des joueuses plus expérimentées », a confié celle qui a d’ailleurs eu la chance de côtoyer Poulin pendant sa première année universitaire à Boston University.

 

Bach s’est éclatée pendant quatre saisons dans l’uniforme des Terriers et elle détient même le record de buts avec 104 en dépit de son physique peu imposant. Son mandat s’avère désormais de prouver qu’elle peut déployer ses atouts offensifs contre une opposition plus relevée.

 

« Étant une petite joueuse, il faut vraiment que je m’attarde à remporter mes batailles contre mes adversaires. Sinon, je dois utiliser ma vitesse pour accéder aux rondelles libres. D’ailleurs, je veux encore améliorer ma vitesse. On le voit dans la LNH, les petits joueurs sont tous rapides. Je travaille également pour augmenter la puissance de mon lancer », a commenté Bach qui s’ennuie de la fanfare qui produisait une ambiance fabuleuse à Boston University.  

 

Victoria BachL’entraîneur Perry Pearn est emballé de miser sur elle tout en ayant décelé les éléments à peaufiner dans son arsenal.

 

« D’abord, elle est extrêmement talentueuse en plus d’être une très bonne patineuse. Le questionnement initial était par rapport à son physique, mais elle s’est assurée de travailler très fort pour améliorer sa condition physique et sa force ce qui élève son jeu à un autre niveau. Au niveau universitaire, j’ai l’impression qu’elle n’a pas eu le coaching le plus exigeant dans le sens qu’elle aurait pu devenir encore meilleure. Elle était tellement bonne que ses entraîneurs lui accordaient une plus grande liberté dans un certain sens. Le développement défensif est pratiquement inexistant à ce niveau. Mais quand tu arrives à l’échelon supérieur, tu dois être en mesure de bien te débrouiller sans la rondelle. Elle travaille dans ce sens pour devenir plus efficace », a commenté Pearn avec franchise.

 

Les Championnats du monde en avril 2020 devraient permettre à Bach d’étaler sa progression. Pour le moment, elle fascine déjà ses coéquipières.

 

« Elle est assise à mes côtés dans le vestiaire donc j’espère qu’elle me donnera une partie de sa touche offensive! Elle est tellement douée. Elle fait partie de ces athlètes qui possèdent cette habileté naturelle pour marquer », a louangé Meaghan Mikkelson en insistant aussi sur son attachante personnalité.

 

« Même si elle n’est pas grande, elle est très difficile à stopper avec ses feintes et son agilité. On ne peut jamais prévoir ses intentions avec son lancer. On sait qu’elle va compter très souvent quand elle décoche de l’enclave. On a besoin de ça, on a besoin de buts », a convenu Lauriane Rougeau.

 

Une formule de rechange qui sauve la mise

 

Évidemment, la disparition de la Ligue canadienne de hockey féminin a provoqué un grand vide dans ce milieu. Le but demeure d’améliorer les conditions dans lesquelles évoluent ces joueuses et Hockey Canada a dû trouver une alternative afin de préparer la formation canadienne pour les compétitions d’envergure. La formule retenue a été celle d’organiser une série de sept mini-camps.

 

La compétition instaurée doit notamment permettre d’identifier les joueuses qui méritent de se greffer au top-6 offensif qui est assez bien établi.

 

« On doit encore dénicher un quatrième trio qui nous procurera de l’énergie et du rythme. On peut miser sur quelques joueuses comme Victoria qui sont très fortes offensivement, mais ça ne veut pas dire qu’elles pourront toutes jouer le même rôle à ce niveau et ce n’est pas toujours une transition évidente à effectuer et à accepter », a indiqué Pearn alors que le portrait semble plus clair en défense.

 

Heureusement, l’approche des mini-camps semble, dans ces circonstances particulières, plaire aux intervenants consultés.

 

« Ça fait une grosse différence pour nous d’avoir autant de temps de glace. On est chanceuses que Hockey Canada ait décidé d’investir autant en nous », a déclaré Rougeau.

 

« Je trouve que ces camps ont été très utiles. Ça nous a procuré plus de points de repère sur nos joueuses pour la suite des choses. Avant d’entamer les Championnats mondiaux, on aura été en mesure d’effectuer plus de travail et d’enseignement que par le passé. En fait, si on a effectué du bon travail comme entraîneurs, ça devrait nous permettre d’offrir un meilleur rendement sur la patinoire », a argué Pearn sans craindre la pression associée à cet énoncé.

 

Pendant le mini-camp actuel, la troupe canadienne a croisé le fer à deux reprises avec l’équipe masculine collégiale du CÉGEP André-Laurendeau dirigée par Alexandre Dandenault. Les protégées de Pearn ont remporté le premier duel au compte de 5 à 2 et le deuxième par la marque de 4 à 2.