Encore 9 jours.

L’interminable attente des Blades de Saskatoon tire à sa fin. Le 17 mai, ils en auront enfin terminé avec les batailles à un contre un entre coéquipiers et les matchs simulés.

Cinquante jours après avoir subi l’affront d’un balayage au premier tour des séries de la Ligue de l’Ouest (WHL), l’équipe hôte de la Coupe Memorial partira enfin à la conquête du trophée... et de rédemption.

« Ç’a été embarrassant pour chacun d’entre nous. On a eu tout le temps du monde pour y réfléchir », concède le défenseur Dalton Thrower, en entrevue avec le RDS.ca.

Que s’est-il donc passé pour que l’équipe aspirant aux grands honneurs trébuche en première ronde face aux Tigers de Medicine Hat?

« On a identifié le problème et on a rapidement tourné la page. »

Si l’entraîneur-chef des Blades Lorne Molleken refuse d’aller dans les détails, Thrower, lui, met rapidement le doigt sur le bobo.

« L’éthique de travail », répond sans détour le choix de deuxième ronde du Canadien, 51e au total, au dernier repêchage de la LNH.

Les quatre petits buts marqués face aux Tigers en sont la preuve, tout comme le fait que les Blades ne sont jamais parvenus à se doter de l’avance durant un match de cette série.

« On n’a pas joué à la hauteur de notre potentiel et de nos habilités. Inutile de pointer quelqu’un du doigt, on est tous responsable », insiste Thrower, tout en donnant beaucoup de crédit aux Tigers.

Depuis ce temps, les Blades aiguisent leur patience.

« C’est toujours bien de rentrer à la maison, mais seulement quand c’est le temps, rappelle Thrower. On pourrait être en pleine finale de la Ligue de l’Ouest à l’heure actuelle, mais nous n’avons que nous à blâmer.

« Après le congé de deux semaines qui a suivi notre élimination, on est revenu à Saskatoon dans un état d’esprit différent. »

Molleken l’a constaté aussitôt.

« L’objectif derrière cette période de repos était d’abord que les joueurs retrouvent leur concentration et leur énergie, précise-t-il. On a ensuite divisé le temps encore à notre disposition en blocs d’entraînement. »

L’entraîneur-chef des Blades a donc tout fait pour que ses hommes soient fins prêts, y compris de faire appel à des joueurs universitaires et professionnels évoluant en Europe lors de séances d'entraînement.

« Le plus difficile dans cette situation était de s’assurer que les joueurs comprennent à quel point ils devaient se défoncer d’ici à ce que la rondelle soit déposée sur la glace le 17 mai prochain », explique Molleken.

Il n’a pas été déçu.

« On a pris le négatif et le positif de cette élimination et on a appris de nos erreurs. À la Coupe Memorial, nous affronterons quelques-uns des meilleurs joueurs juniors de la planète. On a intérêt à être prêt », observe Thrower.

Une pression montante

Lorne Molleken

Le plus redoutable adversaire des Blades ne risque toutefois pas de se retrouver de l’autre côté de la patinoire du Credit Union Centre.

« Dès la première seconde où nous avons appris que nous accueillerons la Coupe Memorial, la pression s’est installée », admet Thrower.

Depuis le 11 octobre 2011, les Blades livrent donc un combat de tous les instants, avec les résultats que l’on connaît.

« À compter du jour 1 du camp d’entraînement, les caméras étaient partout. C’est sans compter que nous avons été suivis toute l’année par une émission de téléréalité (On the Edge : The Road to the Mastercard Memorial Cup) », fait remarquer l’arrière de 19 ans.

Rapidement, l’objectif de ces caméras s’est fixé sur le mauvais début de saison de l’équipe. S’inclinant notamment 10 à 1 devant les Broncos de Swift Current, les Blades ont encaissé sept revers à leurs neuf premiers matchs. Déjà, cette satanée pression prenait du poids.

« Elle n’a fait que s’accentuer par la suite », révèle Molleken.

L’entraîneur-chef, qui occupe également la fonction de directeur général de l’équipe, a donc procédé aux dernières transactions d’une série de 13 amorcée après la conclusion de la saison 2011-2012.

Momentanément, ces plus récentes modifications ont eu leur effet. Entre le 27 janvier et le 1er mars, les Blades ont signé 18 victoires de suite, un record d’équipe. Ils ont ensuite conclu le calendrier régulier avec 21 gains à leurs 26 dernières rencontres.Lorne Molleken

À l’aube des séries, les Blades semblaient enfin dignes d’une équipe accueillant la Coupe Memorial. Molleken n’allait toutefois pas tarder à revivre le cauchemar de 2001.

« Nous n’avons rien »

Alors derrière le banc des Pats de Regina, les hôtes de la Coupe Memorial, l’entraîneur-chef n’avait pu mener les siens au deuxième tour éliminatoire, s’inclinant en six rencontres face au Hitmen de Calgary.

Quarante-sept jours plus tard, à la Coupe Memorial, les Pats obtenaient l’opportunité de faire oublier cette élimination soudaine. Ils ont finalement été évincés en demi-finale du tournoi par les Foreurs de Val-d’Or.

« C’est beaucoup plus difficile qu’en 2001, juge Molleken. La pression est plus lourde et tout est amplifié. Il est temps que le tournoi arrive et qu’on se remette enfin à jouer au hockey. »

Cette humiliante débâcle, les Blades l’auront ruminée pendant 50 longues journées lorsqu’ils affronteront les champions de la Ligue de l’Ontario (OHL) le 17 mai. Si aucune autre formation junior canadienne n’a dû patienter aussi longtemps dans l’histoire du tournoi, tout n’est pas perdu.

Les Cataractes de Shawinigan l’ont prouvé il y a près d’un an. Après un congé forcé de 31 jours, résultat d’une élimination au deuxième tour, ils soulevaient la coupe Memorial devant leurs partisans. Les 67’s d’Ottawa ont également réussi l’exploit en 1999 après une pause de 35 jours.

« C’est une inspiration pour nous, assure Thrower. On se bat encore pour quelque chose. Nous n’avons pas de championnat. Nous n’avons rien, excepté cette deuxième chance... »