L'offre de la Ligue nationale de hockey n'a pas été reçue avec grand enthousiasme par l'Association des joueurs.

Le directeur du syndicat, Don Fehr, a envoyé mardi soir une lettre à tous les joueurs et leurs agents à cet effet. Celle-ci mentionne que même si la plus récente offre n'est pas aussi draconienne que la précédente, la réduction de salaire des joueurs surpasserait tout de même les 1,6 milliard de dollars en présumant une augmentation des profits de la ligue de 5% , tel qu'attendu par les propriétaires. Dès cette saison, la part des joueurs passerait de 57% à 50%, ce qui signifie une perte de 231 millions en se basant sur les revenus de l'an dernier.

Toujours selon Fehr, la LNH a démontré une ouverture avec cette offre, mais celle-ci suggère toujours des concessions significatives de la part des joueurs en termes de salaire, de partage des revenus et des négociations de contrat. Côté discipline, la ligue propose aussi la mise en place d'un arbitre «neutre» pour s'occuper des cas d'appels.

Pour l'AJLNH, une réduction des salaires est injustifiée considérant les concessions importantes déjà faites lors des négociations de la dernière convention et les revenus records engrangés annuellement depuis 7 ans, qui ont d'ailleurs atteint jusqu'à 3,3 milliards en 2011-2012.

Les joueurs toutefois prêts à encaisser une réduction dans le partage des revenus afin d'aider les franchises en situation précaire, mais il faut favoriser l'augmentation des revenus des équipes qui en bénéficient. De plus, à leur avis, les contrats de joueurs signés sous la dernière convention ne devraient pas être altérés.

Cynisme et méfiance chez les joueurs

«C'est leur meilleure proposition depuis le début, c'est peut-être celle qu'ils auraient dû faire au mois de juillet, admettait sarcastiquement Mathieu Darche, l'un des joueurs rencontrés mercredi au terme d'un entraînement à Candiac. Mais avant de trop s'embarquer, on veut être certains qu'on l'étudie comme il faut. Je sais que beaucoup de gens s'attardent au ‘50-50', ça donne l'impression que tout est simple, mais c'est peut-être le dixième de la proposition.»

«Ça sonne bien et en théorie, c'est un chiffre idéal qui peut inciter à croire que tout est réglé. Mais ce n'est pas une donnée fidèle si on coupe les revenus reliés au hockey de quelques centaines de millions de dollars, approfondit Josh Gorges. On se retrouverait alors davantage dans les environs de 46% ou 47%.»

«C'est vraiment une offre pour gagner l'opinion du monde, lance directement Guillaume Latendresse. On met '50-50', on insiste pour dire qu'on veut une saison de 82 matchs. Bref, on lance la pression dans la cour des joueurs et on leur dit de s'arranger avec. Mais si on s'attarde à tous les détails, il reste amplement d'autres choses à étudier. »

La pression dont parle Latendresse, le capitaine du Canadien, Brian Gionta, ne la ressent pas du tout. Son large sourire semblait le confirmer avant même qu'il ne prononce un seul mot aux journalistes qui l'ont entouré mercredi.

«S'ils (les propriétaires) étaient si pressés de commencer la saison, pourquoi n'ont-ils pas soumis cette offre le mois dernier alors que les camps d'entraînement auraient dû battre leur plein? Si leur priorité était de présenter une saison complète, il me semble qu'ils auraient pu amorcer les négociations beaucoup plus tôt.»

Certains demeurent toutefois optimistes et osent espérer une bonne volonté des propriétaires.

«On voit que la Ligue veut aller de l'avant. C'est un pas dans la bonne direction et espérons voir une bonne contre-offre demain pour qu'il y ait une entente bientôt», rêve Francis Bouillon.

«Au moins, il y a quelque chose sur la table, se console Derick Brassard, des Blue Jackets de Columbus. Avant, on n'avait rien sur quoi amorcer les discussions.»

Avec des commentaires recueillis par Chantal Machabée.