Peu de temps après sa fondation, la KHL s’est retrouvée sous les projecteurs des médias nord-américains. Le 3 juillet 2008, un club inconnu du public a fait une acquisition surprenante. L’Avangard d’Omsk, une ville en plein milieu de la Sibérie, recrute le déjà mythique Jaromir Jagr. En Russie, le Tchèque a été accueilli comme un dieu vivant. Un statut qu’on lui reconnaît toujours dans la LNH aujourd’hui.

Après trois saisons dans la KHL, Jagr a décidé de retourner dans la LNH via les Flyers de Philadelphie. À Omsk, l’Avangard a dû se chercher un substitut pour chausser les grands souliers du futur membre du Temple de la Renommée. Les Sibériens ont jeté leur dévolu sur Alexander Frolov, mis sous contrat par le club pour trois saisons sous les acclamations des partisans. Après une saison écourtée avec les Rangers de New York, l’ancien des Kings de Los Angeles a eu un grand besoin de changer d’air. Le retour en Sibérie n’a toutefois pas été de tout repos.

« L’Avangard est un très bon club. Je n’ai rien à redire contre cette organisation. Le passage à Omsk a toutefois été un peu difficile, car, au début, j’avais encore quelques problèmes liés à ma chirurgie au genou. Cela ne m’a pas empêché d’aimer ma première saison en Sibérie. Nous avons passé à un match de gagner la coupe Gagarine. C’est frustrant d’avoir laissé filer une avance de trois matchs dans la série contre le Dinamo de Moscou, mais c’est le hockey. Dans ce jeu, tout peu arrivé. »

Piqué au vif, Frolov a repris du poil de la bête lors de la saison 2012-13. En 47 joutes, il a récolté un total de 41 points pour l’Avangard, des statistiques dignes d’un capitaine avec six saisons d’expérience dans la LNH. Le club n’a toutefois pas connu autant de succès en séries éliminatoires. La troisième saison, quant à elle, tournera au désastre.

Alexander FrolovÀ l’automne 2013, l’Avangard ne va nulle part. Le club enchaîne les défaites malgré son impressionnante masse salariale. À titre de capitaine, Frolov est vertement critiqué par les médias locaux. Sa production offensive est nettement en deçà des attentes. À la veille du match contre le Dinamo de Moscou du 18 octobre, le Russe rencontre les partisans. Il déclare devant les supporteurs que l’Avangard n’est pas une équipe de « fillette » et il promet une relance de l’équipe. Les Sibériens seront, le lendemain, humilité par la marque de 6 à 0. L’ancien des Kings y perdra son titre de capitaine et il sera échangé au Club de l’Armée rouge le mois suivant.

« J’étais soulagé lorsque j’ai été échangé. Ça ne fonctionnaire plus à Omsk. J’avais besoin de changer d’air. J’étais content de me retrouver avec l’Armée rouge. C’est une très bonne équipe, mais nous avons été malchanceux lors des séries éliminatoires. Nous avons perdu Alexander Radulov à cause d’une blessure et le SKA de Saint-Pétersbourg a pu nous éliminer rapidement en première ronde. C’était plutôt décevant. »

Son contrat terminé, Frolov a cherché sans succès à se trouver une autre équipe. Il est donc resté chez lui lors du lancement de la saison 2014-15. À l’époque, les médias ont annoncé la retraite de l’ailier gauche moscovite. Après plusieurs mois d’activité, l’absence de Frolov a effectivement eu l’air d’une fin de carrière en queue de poisson. Le Russe n’a toutefois jamais réellement abandonné le hockey. La saison suivante, il a décidé de revenir en force avec le Torpedo de Nijni Novgorod.

« Après avoir manqué une saison, je ne voulais pas prendre le risque de rester sans contrat. Le Torpedo était très intéressé à mes services. Je n’ai pas hésité à y aller. Chaque année, le Torpedo a une équipe compétitive. Nous sommes aptes à battre n’importe quel adversaire lorsqu’on reste disciplinés. Le club est très bien organisé et Nijni Novgorod est indéniablement une ville de hockey. On y trouve les meilleurs partisans que j’ai vus dans ma carrière. »

Frolov ne regrette pas d’être passé à la KHL, mais il ne renie pas son passage dans la LNH. Il suit toujours les matchs des Kings.

« Lorsque j’ai le temps, je prends la peine de me tenir au courant du développement de l’équipe. J’ai beaucoup aimé jouer à Los Angeles et j’en garde d’excellents souvenirs. Ça demeure, à mes yeux, les plus beaux moments de ma carrière. »

Daugavins bien établi à Nijni Novgorod

Alexander Frolov n’est pas le seul ancien de la LNH à Nijni Novgorod. Kaspars Daugavins en est à sa deuxième saison au sein de cette formation. L’ancien des Sénateurs d’Ottawa s’y est peut-être retrouvé via le ballottage, l’an dernier, mais il est très heureux dans son nouveau patelin.

« L’an dernier, j’ai aimé mon temps à Nijni Novgorod. Nous avons une bonne équipe et je m’entends très bien avec mes coéquipiers. J’ai donc compris que mon avenir était avec ce club. Voilà pourquoi j’ai décidé de demeurer avec le Torpedo. »

Daugavins a quitté la LNH à l’été 2013 pour passer une saison avec Genève-Servette. Après une campagne de 44 points en 44 joutes, le Letton a attiré l’attention du Dinamo Moscou avec lequel il a paraphé une entente de deux ans. Après une première saison respectable dans la KHL, Daugavins a connu quelques ratés à l’automne 2015. Soumis au ballottage, il a été réclamé par l’Amour de Khabarovsk. L’ancien des Sénateurs a toutefois préféré rester dans la Conférence de l’Est et le club de l’Extrême-Orient a accepté de l’échanger au Torpedo.

Kaspers DaugavinsLe changement d’air a été salutaire pour le Letton. Après s’être joint au club de Nijni Novgorod, Daugavins a récolté 35 points en 44 joutes. Il a grandement aidé le club à se qualifier pour les séries éliminatoires et à surprendre le Jokerit de Helsinki en première ronde. Cette année, la saison a été plus difficile pour le natif de Riga. Les blessures ont été trop souvent au rendez-vous. Une fracture a d’ailleurs mis un terme à ses séries éliminatoires.

« La saison n’a pas été facile. J’ai joué blessé durant plusieurs matchs. Dans notre conférence, il y a beaucoup de bonnes équipes et la compétition est très serrée. Nous avons réussi à nous maintenir au troisième rang durant une bonne partie de la campagne et nous avons glissé au classement après quelques mauvais matchs. »

Le Torpedo a finalement terminé sixième au classement de l’Ouest et il a dû se frotter au Dinamo de Moscou en première ronde. Le club moscovite a réussi à se défaire de Frolov et Daugavins en cinq matchs, mais le duel a été beaucoup plus serré qu’on pourrait le croire. Les quatre premiers affrontements se sont terminés en prolongation.

« Nous avons prouvé que nous ne sommes pas des figurants dans cette ligue. L’an dernier, en deuxième ronde, nous avons aussi bien joué contre l’Armée rouge. Nous avons encore souffert à cause des blessures. Il n’y a pas de matchs faciles dans la KHL et nous en avons encore fait l’apprentissage cette année. »

Daugavins est sous contrat avec le Torpedo jusqu’à l’été 2018. À l’âge de 28 ans, certains auraient tendance à croire qu’on ne le reverra jamais dans la LNH. Le Letton n’a toutefois pas lancé la serviette.

« Je rêve toujours de gagner une coupe Stanley. Dans la vie, si on abandonne, on perd toutes nos chances de réaliser ses rêves. Une carrière, au hockey, ça peut passer par bien des détours. Si je reçois une offre intéressante dans la LNH, je vais me jeter dessus. D’ici là, mon travail est de me surpasser dans la KHL et d’aider mon équipe. C’est la seule chose que je peux faire pour me rapprocher de cet objectif. »

Cette saison, Kaspars Daugavins a compté 10 buts et récolté 22 aides pour produire 32 points en 47 joutes. Durant sa carrière dans la LNH, il a marqué 6 buts et amassé 9 passes pour un total de 15 points en 91 matchs. Il a été repêché par les Sénateurs d’Ottawa au troisième tour lors du repêchage de 2006.