(Collaboration spéciale Alexandre Pouliot-Roberge) - La Ligue continentale de hockey (KHL) fait parler d'elle lorsqu'elle convainc les super vedettes russes de rentrer au bercail. Les mises sous contrats des joueurs en lock-out de la LNH ont aussi fait les manchettes depuis le 15 septembre dernier. Il demeure que la majorité de ses nouvelles recrues sont issues des autres circuits européens et de la Ligue américaine de hockey (AHL).

Le joueur de centre québécois Alexandre Giroux est une de ces recrues. L'ancien des Olympiques de Hull et des Huskies de Rouyn-Noranda n'a jamais eu la chance de se tailler un poste régulier dans la LNH. Il n'a joué que 31 matchs dans le circuit Bettman, principalement avec les Capitals de Washington, où il a cumulé 4 buts et 5 aides pour 9 points.

Ces statistiques contrastent avec son parcours dans la AHL. En plus de remporter deux fois la coupe Calder avec les Bears d'Hershey en 2009 et 2010, il est le meilleur compteur du circuit en saison régulière lors de ces deux mêmes saisons avec respectivement 60 et 50 buts. En 2009, il est aussi le meilleur marqueur de la ligue avec 97 points en 69 joutes. Le 18 janvier de cette même année, il battra le record de Brett Hull en marquant un but dans un 15e match consécutif.

Grande vedette de la Ligue américaine, Alexandre Giroux désire tout de même jouer à un palier supérieur. À l'été 2010, il commence à lorgner du côté de la KHL. Il passe à un cheveu de rejoindre le Dinamo de Minsk. « J'avais eu une offre de Minsk, il y a deux ans », explique Giroux. « Ça a passé très proche. »

Avant de signer avec le club biélorusse, le Québécois s'est gardé la porte ouverte pour un contrat dans la LNH. « J'en ai eu un, donc j'ai décidé de tenter ma chance pour une dernière fois. » Giroux rejoindra donc les Oilers d'Edmonton pour la saison 2010-2011, mais se retrouvera à nouveau dans la Ligue américaine au sein des City Barons d'Oklahoma.

L'aventure lettone

Alexandre Giroux tente à nouveau de se tailler une place dans la LNH en rejoignant les Blue Jackets à l'été 2011. La formation américaine le reléguera aussi dans la AHL. Décidé à changer d'air, le Québécois décide de faire le saut dans le circuit Medvedev et il signe un contrat d'un an avec le Dinamo de Riga en Lettonie.

« Riga m'a offert un contrat l'an passé et cette année », explique Giroux. « Ils ont montré plus d'intérêt que les autres et j'avais entendu que la ville et l'équipe c'était une belle place pour jouer. J'ai donc pris cette décision et jusqu'à maintenant, je suis bien content. »

Le joueur originaire de Québec aime la relation qu'entretiennent les partisans avec l'équipe. « Le contact est très bon. Nous avons eu un tournoi avant la saison et la foule était incroyable », confirme Giroux. « C'est une des choses dont tout le monde me parlait. On me disait : "on se fait reconnaître. Ils sont super gentils. Qu'on gagne ou qu'on perde, les fans sont toujours heureux." C'était “l'fun” lors de ma première semaine d'aller livrer les billets de saisons pour rencontrer les fans. »

Les amateurs aiment beaucoup leur équipe à Riga. Alexandre admet que cela pousse les joueurs à devoir mettre les bouchées doubles. « Les partisans sont impliqués. Ils veulent que leur équipe gagne. C'est leur équipe nationale aussi. Ils sont très fiers de cette équipe », explique-t-il. Le joueur de centre de 6 pieds 3 pouces avoue que cela « met un peu plus de pression » qu'ailleurs dans la KHL.

Un style de jeu différent

Alexandre Giroux a récolté 97 points dans la Ligue américaine avec les Bears de Hershey lors de la saison 2008-2009. L'année suivante, il en récoltera 103. Au sein de la KHL, les statistiques ne sont pas aussi impressionnantes. Le principal intéressé a besoin d'une période d'adaptation. « Au début ça allait très bien, parce que je pensais à rien et je ne faisais que jouer », explique le Québécois. « Les systèmes sont finalement embarqués et les équipes sont mieux préparées. J'ai un ajustement à faire », confie-t-il.

La recrue du Dinamo de Riga ne se décourage pas pour autant. « De match en match, je me sens de mieux en mieux et j'ai beaucoup plus de chance, » précise-t-il. « Je me concentre là-dessus pour ne pas trop me décourager si je n'ai pas de point. Si je joue et que j'ai des chances, je vais finir par voir la lumière au bout du tunnel », poursuit Giroux.

« Ça faisait 10 ans que j'étais dans la Ligue américaine. Je savais comment me placer et où me mettre, » explique le Québécois. Ce n'est plus le cas dans la KHL. « Des fois j'ai l'impression que je suis couvert et hop, je ne le suis pas. Le système est différent. C'est vraiment un apprentissage, mais il faut le faire vite. Il n'y a pas 80 matchs, il n'y en a que 52 et nous en avons 3 par semaines. Ça va vite. »

Le 10 septembre dernier, Alexandre Giroux a fait résonner la barre horizontale grâce à un solide tir du poignet lorsque le Dinamo affronta le mythique Club de l'Armée rouge à Moscou. C'est à la suite de cette défaite de 2 à 1, toujours en quête d'un premier but, qu'il a rencontré l'auteur de ces lignes. Ce ne sera que parti remise pour le Québécois. Il déjoue Stanislav Galimov de l'Atlant à Mytichtchi le 21 septembre dans une défaite du Dinamo au compte de 5 à 2. Il en enfilera six autres jusqu'à aujourd'hui. En 22 matchs, il totalise maintenant 7 buts et 2 aides pour 9 points.

« C'est ma Ligue nationale » — Giroux

Les statistiques individuelles préoccupent Alexandre Giroux, mais le championnat de la KHL a d'autant plus de valeur à ses yeux. Après 22 joutes, le Dinamo de Riga est 13e dans la conférence de l'Ouest et il se situe à 6 points en dessous d'une participation en séries éliminatoires. L'équipe ne jette pas pour autant la serviette et la Coupe Gagarine demeure un objectif important aux yeux du Québécois.

« C'est sûr que nous n'avons pas grandi avec cela. Ce n'est pas la Coupe Stanley, » admet Giroux, « mais je ne connaissais pas la Coupe Calder avant d'arriver dans la Ligue américaine. J'ai joué et nous l'avons gagné. Un joueur de hockey, ça joue juste pour gagner et ça, c'est une coupe à gagner. Si on la gagne, ça va être extraordinaire. C'est un championnat et ce n'est pas tout le monde qui a la chance de gagner un championnat dans sa vie! C'est ma Ligue nationale ici. »