LAVAL-SUR-LE-LAC, Qc - Jacques Martin les a enfin, les trois trios qu'il recherchait. Ou, du moins, il s'en approche plus que jamais.

Le vétéran entraîneur a parlé d'une «plus grande profondeur chez les neuf premiers attaquants du club», mercredi, avant de prendre part au tournoi de golf annuel du Canadien. C'est là un thème qui lui est cher puisqu'en milieu de saison dernière, il avait relevé le fait que la plupart des équipes de premier plan de la LNH pouvaient compter sur trois trios de qualité.

Et c'est là quelque chose qui faisait cruellement défaut au Canadien à l'époque, étant donné le jeu erratique de Benoît Pouliot et Andrei Kostitsyn. Carence qui n'a fait que s'accentuer par la suite, malgré l'éclosion de David Desharnais. Kostitsyn n'a jamais connu de réelle bonnes séquence en fin de campagne, malgré quelques filets, tandis que Pouliot s'est fait encore plus invisible que le Bélarusse.

Ironiquement, l'embauche d'un seul joueur, mais d'un joueur de premier plan — Erik Cole — semble avoir changé la donne.

«Définitivement», a acquiescié Martin, mercredi, en évoquant le fait que l'acquisition de Cole procure au CH une plus grande profondeur. «L'évolution de jeunes joueurs comme David Desharnais et Lars Eller vont nous aider à développer un troisième trio qui peut, lui aussi, marquer des buts sur une base régulière.»

Sa déclaration de mi-saison, Martin s'est assuré qu'elle ne tombe pas dans l'oubli au lendemain de l'élimination contre les Bruins de Boston. L'entraîneur du CH a alors rappelé à son directeur général, Pierre Gauthier, qu'il tenait à avoir un troisième trio qui soit plus que potable.

«On en a discuté à la fin de la saison et on avait relevé le fait que lors de notre série contre les Bruins, c'est finalement leur troisième trio qui avait fait la différence, a indiqué Gauthier, mercredi. On voulait donc équilibrer un peu l'attaque, surtout en situations à cinq contre cinq. Je crois que nous avons accompli ça cette saison.»

Le résultat, c'est qu'il y aura une réelle compétition à l'interne chez le Canadien, cette saison. Martin n'aura peut-être plus à manier autant la carotte et le bâton pour tenter de motiver ses troupes; celle-ci viendra tout naturellement.

«La laisse sera plus courte pour tout le monde, a fait remarquer Michael Cammalleri. Chaque joueur ressentira l'obligation d'aller sur la glace et de bien jouer avec les gars avec qui il désire évoluer.

«Sinon, il pourrait vite se retrouver avec une autre couleur de chandail à l'entraînement», a ajouté le vétéran attaquant en faisant allusion aux couleurs qu'on attribue aux différents trios offensifs du club lors des séances d'entraînement. «Ça donnera donc lieu à un contexte de saine compétition, non seulement entre individus, mais aussi entre trios.»

Le résultat, c'est qu'une présence au sein du troisième trio, cette saison, ne sera pas nécessairement considérée comme un affront. Même que plus ce troisième trio se débrouillera bien, plus il risque d'obtenir un temps de jeu qui s'approchera de celui des deux premières unités offensives.

C'est ainsi que Kostitsyn, un habitué des deux premiers trios ces dernières années malgré son manque de constance, pourrait jouer un rôle-clé dans l'équipe même s'il n'évolue pas aux côtés de Scott Gomez ou Tomas Plekanec. Sa présence au sein d'un troisième trio complété par Eller et Desharnais, par exemple, pourrait donner quelque chose de fort intéressant.

«On attend beaucoup d'Andrei, a d'ailleurs noté Martin. C'est un gros bonhomme, un joueur qui peut apporter les mêmes éléments qu'Erik Cole. Il a un contrat d'un an avant de devenir joueur autonome, alors il y a beaucoup d'éléments en place pour qu'il soit bien motivé.»

«Ça ne me dérange pas dans quel trio on me met, que ce soit le premier, le deuxième ou le troisième, a indiqué Kostitsyn. Quand je vais aller sur la glace, je vais essayer de faire de mon mieux. Et si je joue bien, peut-être que ça me permettra de me faire une place sur le premier ou deuxième trio. Si je dois d'abord jouer dans un troisième trio pour arriver à ça, ça ne me dérange pas.»

Cole: rien d'acquis

La compétition intra-équipe sera telle que même un joueur comme Cole ne tiendra rien pour acquis lorsque s'amorcera le camp du Tricolore, ce week-end.

«Tu ne peux pas t'attendre à ce qu'on te donne tout cuit dans le bec», a-t-il dit après avoir lancé quelques blagues au sujet de son handicap au golf. «Il faut s'amener et trouver sa place. Je ne prévois pas changer ma façon de faire selon les joueurs avec qui je vais jouer. Je dois jouer le style qui m'a permis de connaître du succès et c'est ce que je vais faire.»

L'embauche de Cole pourrait priver Max Pacioretty de sa place habituelle aux côtés de Scott Gomez et Brian Gionta, avec qui il a connu du succès la saison dernière. Pacioretty ne s'en fait pas avec une éventuelle démotion, toutefois. Il entend savourer ce premier camp où il n'a pas à lutter pour un poste dans la LNH.

«Je peux maintenant me concentrer en fonction des succès de l'équipe alors qu'au cours des trois derniers camps, je m'inquiétais plutôt de savoir si j'allais décrocher un poste ou non, a-t-il relevé. C'est une belle sensation de se sentir bien installé dans l'équipe.»

Complicité plutôt que rivalité

Quant à sa relation avec Cole, Pacioretty estime y avoir trouvé une complicité plutôt qu'une rivalité.

«On a le même style de jeu, mais on a aussi subi le même genre de blessure, a déclaré Pacioretty. Je suis ici depuis une semaine et demie mais il m'a déjà énormément aidé à ce niveau, notamment avec des conseils sur la façon de bien prendre soin de mon cou. Ce sera la même chose quant au style de jeu à préconiser sur la glace. Ça va beaucoup m'aider de l'avoir ici.»

Pacioretty estime qu'il patinera sans crainte lorsqu'il disputera, dans quelques jours, son premier match depuis qu'il a été victime du coup salaud de Zdeno Chara. Il a quand même hâte de voir de quelle façon il va instinctivement réagir.

«Personne n'a hâte de se faire frapper, mais c'est pourtant mon cas, a-t-il dit. J'ai hâte de voir comment je vais réagir quand je vais encaisser ma première mise en échec.»