ATLANTA - Qui sera le prochain? Brian Savage ou Patrice Brisebois? Parce que si je comprends bien les propos que tenaient André Savard, Michel Therrien et Guy Carbonneau, hier, le départ de Martin Rucinsky et l'arrivée de Donald Audette, c'est le résultat d'une décision d'affaires, une décision basée sur le statut des deux joueurs, en d'autres mots, il s'agit d'une question de contrat.

Rucinsky testera le marché des joueurs autonomes sans restriction à moins qu'il se plaise à Dallas, et Audette, un joueur que le Canadien convoitait l'été dernier, s'amène à Montréal avec un contrat de $12 millions pour quatre ans, alors qu'il en exigeait $17 millions, il y a quelques mois afin de compenser l'écart qui existe au niveau des impôts versés aux Etats-Unis comparativement au taux d'imposition au Canada.

Sur le plan hockey, quand on demande à Savard, à Therrien et à Carbonneau qui est le meilleur : Rucinsky ou Audette, rapidement, on contourne la question. Ce qu'on reconnaît cependant ce que le joueur de la République tchèque, qui n'a jamais répondu aux attentes de la haute direction à Montréal, risque de peter le feu à Dallas. " Ecoute, s'il ne joue pas avec Mike Modano, il jouera avec Joe Nieuwendyk. Si ce n'est pas Nieuwendyk, ce sera Pierre Turgeon, " résume Carbonneau, qui est bien branché sur tout ce qui se passe avec cette équipe.

On a beau le dire qu'il est " frileux ", qu'il craint les clôtures comme si c'était des barbelés, n'en demeure pas moins qu'il est un joueur de talent. Par contre, André Savard a néanmoins pris la décision qui s'imposait dans les circonstances. Donald Audette est un joueur que le public montréalais apprécie depuis longtemps, à chaque saison, son nom alimentait les rumeurs voulant qu'il se joigne au Tricolore. C'est fait.

Pourra-t-il marquer des buts avec la même régularité que l'an dernier? Ça demeure à être prouvé. Il est vrai que, depuis deux semaines, après avoir été malmené par Ken Hitchcock, le pilote des Stars, Audette joue avec plus de passion, avec plus de conviction. Son temps de glace augmente à chaque match et ses chances de marquer aussi. " Il vient combler un besoin chez nous, nous n'avions pas d'ailier droit naturel à l'exception de Andreas Dackell, soutient Therrien. Il sera aussi un atout important pendant les supériorités numériques. " Mais, il se retrouve dans un contexte bien particulier, celui de Montréal où la patience des gens est rendue à fleur de peau. Il se retrouve avec une organisation qui cherche à refaire son image.

Il aura des responsabilités accrues. Saura-t-il les assumer?

Quant à Benoit Brunet, cette transaction ne pouvait survenir à un meilleur moment. Il quitte une organisation qui ne voulait plus de lui et aboutit à Dallas, avec une équipe de vétérans et une formation nettement supérieure à la fiche qu'elle présente actuellement. Shaun Van Allen sera un employé de soutien à Montréal. Pas bon patineur, il excelle cependant dans l'art d'écouler le temps en infériorité numérique.

Maintenant que le cas de Rucinsky est réglé, la question qu'il faut se poser, c'est qui sera le prochain à partir. Parce que Brian Savage et Patrice Brisebois deviendront eux aussi joueurs autonomes sans restriction à la fin de l'année. A partir du moment où André Savard indique clairement qu'il est préférable de compléter une transaction en novembre plutôt qu'en mars, ça ne devrait pas , en principe, tarder dans les cas des deux autres.

Therrien et Carbonneau ne croient pas que la même situation s'applique pour les deux vétérans. " Moi, je pense que Brian (Savage) veut demeurer ici. Dans le cas de Patrice (Brisebois), c'est la même chose. On lui fait confiance, on lui donne du temps de glace parce qu'il le mérite, il est notre meilleur défenseur depuis le début de la saison, " souligne Carbonneau.

Therrien enchaîne : " Brian est une bonne personne, c'est un gars qui joue avec intensité, c'est un joueur que nous aimons bien. Il a pris les choses en mains après la terrible nouvelle sur l'état de santé de Saku (Koivu). Il est son meilleur ami et j'ai comme l'impression qu'il aimerait se retrouver sur la patinoire ensemble." En bout de ligne cependant, c'est le directeur général qui prend les décisions et c'est le joueur qui dicte l'allure des négociations. Savard ne sait pas s'il sera en mesure de garder les deux joueurs à Montréal. Il n'a pas d'idée comment vont se dérouler les négociations et c'est la raison pour laquelle si jamais une offre intéressante lui est présentée, il réagira rapidement.

Savard tient à sa philosophie, celle d'obtenir des joueurs et non des choix au repêchage pour les joueurs qui ont l'intention de tester le marché des joueurs autonomes. Et, habituellement, c'est avant la mi-saison que les discussions sont les plus animées et les plus satisfaisantes.

Un athlète déchiré

Donald Audette est débarqué à Atlanta, hier, le moral dans les talons. Déchiré par les événements qui ont marqué sa courte " association " avec le terrible Ken Hitchcock. " Tu n'as aucune idée comment les choses se passent là-bas ", m'a-t-il dit, la voix éteinte.

-Disons que Carbo (Guy Carbonneau) nous informe souvent sur les Stars et sur les agissements de Hitchcock.

" Mais, je suis convaincu qu'il y a des choses qui lui échappent. C'est terrible comme atmosphère. Je suis heureux de sortir de là pour une chose : je n'avais plus de plaisir à aller aux entraînements et à l'amphithéâtre. C'était l'enfer et il est en train de démolir Pierre Turgeon. "

Audette ne s'amène pas à Montréal en courant, il faut bien le reconnaître. Il perd près de $2 millions au niveau de la fiscalité sauf qu'il va possiblement retrouver une certaine sérénité. On va lui donner du temps sur la surface de jeu. On va l'aider à surmonter ses ennuis sur la patinoire, on va lui faire confiance et surtout, on ne cherchera pas à modifier son style de jeu.

Le dossier Casseau

Ça faisait quelques jours que la rumeur s'intensifiait, qu'on chuchotait en coulisses que le grand Patrick Roy était pour tirer sa révérence. Qu'il ne voulait plus être mêlé à ce ridicule derby des gardiens en vue des Jeux olympiques de Salt Lake City.

La décision de Roy n'étonne aucunement Guy Carbonneau.

" Patrick n'est pas en bonne santé. Cette blessure à la hanche le faire souffrir et il veut s'accorder une période de repos pendant la trève occasionnée par la présentation des Jeux. Je ne serais pas surpris du tout qu'il accroche les lames à la fin de la saison si cette blessure ne guérit pas. D'ailleurs, je suis même surpris qu'il n'ait pas pris sa retraite après les séries éliminatoires de l'an dernier. Oh, il est vrai que l'Avalanche lui a présenté un contrat fort alléchant…"

Mais pourquoi avoir attendu à la mi-novembre pour exprimer ses états d'âme?

" Il voulait se donner du temps… " ajoute Carbonneau.

Peut-être croyait-il que les dirigeants de l'équipe canadienne étaient pour modifier leur plan de sélection? Peut-être croyait-il qu'on lui manifesterait un peu plus de respect? Si on a été si élogieux à l'endroit de Steve Yzerman, et c'est bien mérité, si on a osé choisir Owen Nolan, en mars, un attaquant qui ne se présente pas à tous les soirs, le meilleur gardien de la Ligue nationale aurait eu droit à autant de privilèges.

Patrick Roy, à 36 ans, n'abandonne pas l'équipe olympique du Canada. Comment peut-il abandonner une équipe qui ne semblait pas vouloir de lui? Curtis Joseph qui est justement au centre de ce débât et tout ça bien malgré lui, a le mieux résumé la situation.

" Patrick Roy n'a plus rien à prouver à personne avec tout ce qu'il a accompli au cours de sa carrière. Aussi, qui sommes-nous pour juger sa décision? "