La suspension de six matchs imposée à Sean Avery par la Ligue nationale de hockey est terminée depuis samedi soir et il aurait pu reprendre sa place dans la formation des Stars ce soir contre les Coyotes de Phoenix. Mais après les propos sans équivoque tenus par l'entraîneur Dave Tippett, tous savaient qu'on ne reverrait jamais plus la petite peste à Dallas. Les liens sont rompus entre Avery et les Stars et il ne reste maintenant qu'à régler les détails plutôt complexes concernant ce divorce qui coûtera cher à l'organisation.

Bon débarras car en dehors de la patinoire, les joueurs de hockey jouissent d'une très bonne réputation si l'on compare la situation aux athlètes de la NFL, de la NBA ou du baseball majeur. Toutefois, il se trouvera sûrement une équipe pour donner une deuxième chance à Avery lorsqu'il aura terminé sa thérapie et que les Stars auront pu racheter son contrat, chose qu'il est impossible de faire pendant la saison. La seule option demeure de l'envoyer dans la Ligue américaine où son chèque de paye demeurera le même sans être comptabilisé sur la masse salariale de l'équipe. C'est beaucoup d'argent qui va s'envoler en fumée car l'aventure de 23 matchs avec les Stars aura coûté 3,5 millions cette année et le rachat coûtera un autre huit millions.

Stéphane Robidas, qui se remet d'une opération à la mâchoire, n'est quand même pas surpris de voir que ses patrons vont laisser autant d'argent sur la table.

"Du moment que c'est arrivé, on savait tous que c'était fini pour Avery. Surtout que le propriétaire lui-même est intervenu et ici c'est une organisation qui a de la classe. En plus, son intervention était préméditée. Il est arrivé dans le vestiaire et les journalistes n'étaient même pas là pour lui. Il a demandé s'il y avait une caméra car il avait des choses à dire et il a lancé ça. Tu peux dire des choses sur la patinoire et déranger avec des commentaires comme Matthew Barnaby le faisait avec nous, et je ne veux pas le comparer à Avery quand même, mais tu ne peux pas dire des choses aussi mesquines sur la place publique. Ça serait injuste toutefois de dire que tout va mal à Dallas à cause de Sean Avery car avant ça, il faisait ses affaires sans déranger personne. On ne s'est même pas parlé une seule fois lui et moi."

Philippe Boucher, qui vient de revenir au jeu ce week-end après une commotion cérébrale, a eu le temps de côtoyer un peu Avery avant de prendre le chemin de Pittsburgh.

"À son arrivé avec nous à Dallas, il était plus tranquille que j'avais anticipé. Ce genre d'attitude est plus familier à ce qu'on voit au basketball ou au football mais personnellement, je n'avais pas de problèmes avec lui. Par contre, je ne suis pas surpris que Dave Tippett n'ai plus envie de le voir car comme pour la plupart des entraîneurs, c'est l'équipe qui passe en premier avec lui et selon ce que j'ai su, Tippett l'avait prévenu de ne pas faire de vagues avant ce premier voyage de l'année au Canada."

"Honnêtement, je lui souhaite d'avoir une deuxième chance et qu'il va apprendre de ses erreurs car Avery est quand même un très bon joueur de hockey. Mais pour ça, il faut qu'il règle ses problèmes personnels", explique Boucher.

Ian Laperrière, qui a été le coéquipier d'Avery pendant deux saisons à Los Angeles, pense aussi qu'on reverra le fauteur de troubles dans la LNH avant longtemps.

"Si Mike Keenan est revenu cinq fois derrière le banc d'une équipe, Avery va sûrement revenir lui aussi ", lance-t-il le plus sérieusement du monde.

Et pourtant Laperrière déteste Avery à s'en confesser. "Pour rester poli, disons qu'il dépassait toujours les bornes dans le vestiaire et qu'il était une véritable source de distraction pour tout le monde avec les Kings. Dans une chambre de hockey, c'est certain qu'on se dit un paquet de choses pour se taquiner mais lui, il disait des affaires qui ne se disent tout simplement pas. Il prenait énormément de place et c'était de la mauvaise place. On passait notre temps à lui dire de la fermer. Il commençait sa carrière et je l'ai avisé qu'il se promènerait de club en club s'il ne changeait pas son attitude car personne ne voudrait de lui bien longtemps. C'est exactement ça qui arrive aujourd'hui."

Lorsque les caméras ne tournent pas, que les carnets de note sont fermés et qu'on discute de façon non-officielle, Laperrière ne mâche pas ses mots envers Avery et il en rajoute. Du bonbon, mais du bonbon qu'on ne peut pas écrire. Du matériel digne de Lance et Compte! Mais pour vous expliquer à quel point, l'attaquant québécois n'a pas de respect pour Avery, souvenez-vous qu'après l'incident où Avery avait mentionné que Denis Gauthier était un Québécois typique qui porte la visière et qui frappe en sournois, Laperrière avait passé tout un match à lui courir après et à l'inviter. Avery avait cependant refusé à chaque occasion. C'est peut-être la seule fois où il a agi intelligemment sur la patinoire car il aurait probablement eu droit à toute une correction.