OTTAWA - Bonhomme Carnaval n'était pas de passage dans la capitale fédérale pour parler politique, jeudi, mais il en a quand même profité pour lancer un message au premier ministre Stephen Harper quant au sort de l'amphithéâtre multifonctionnel tant espéré à Québec.

La mascotte du Carnaval de Québec était à Ottawa pour faire la promotion de l'événement et elle a fait le détour par le bureau du premier ministre, au parlement.

Au cours d'une séance de photo qui n'aura duré que quelques minutes, Bonhomme Carnaval a tenu à rappeler à Stephen Harper, et ce à deux reprises, que la ville de Québec était "une grande ville de sports d'hiver".

"Je ne sais pas si vous en avez entendu parler dernièrement, mais c'est une très grande ville de sports d'hiver. Il y a plusieurs sports très intéressants", a lancé à la blague le bonhomme de neige au premier ministre.

M. Harper était accompagné de ses députés québécois, qui ont chanté le thème du Carnaval à sa mascotte pour l'accueillir. Seul le Beauceron Maxime Bernier manquait à l'appel.

Le premier ministre Harper a quant à lui invité les gens à participer "en grand nombre" au Carnaval de Québec, "le plus grand festival d'hiver du monde", a-t-il souligné.

L'emblème du Carnaval de Québec a eu droit à la rencontre que réclame depuis des semaines le maire de Québec, Régis Labeaume, qui souhaite, en vain, rencontrer le premier ministre Harper pour lui faire part de son projet d'amphithéâtre.

La bloquiste Christiane Gagnon a d'ailleurs profité de la visite de Bonhomme Carnaval au parlement pour demander au premier ministre, aux Communes, s'il avait l'intention d'"accorder le même traitement" au maire Labeaume.

La ministre responsable de la région de Québec, Josée Verner, lui a répondu qu'elle avait elle-même rencontré M. Labeaume à la mi-octobre.

"On a eu l'occasion de discuter de son projet. On continuera à travailler en collaboration", a-t-elle rétorqué, sans préciser si le premier ministre avait prévu rencontrer le maire de Québec.

Un silence dénoncé par l'opposition. Si le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, a simplement encouragé M. Harper à recevoir Régis Labeaume, le leader bloquiste, lui, n'a pas mâché ses mots, à sa sortie des Communes.

"C'est mépriser carrément les Québécois, les citoyens de la ville de Québec. On demande depuis je ne sais pas combien de temps une rencontre avec le maire, et tout ce qu'il trouve le temps de faire, c'est de rencontre le Bonhomme Carnaval", s'est indigné Gilles Duceppe, en accusant au passage le caucus québécois du Parti conservateur de n'avoir "pas grand influence" au sein du parti.

Si les députés conservateurs du Québec semblent enthousiastes à l'idée de doter la Vieille Capitale d'un colisée modernisé, leurs collègues ministres et M. Harper lui-même semblent plus tièdes.

Cette semaine, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a fait valoir que le fédéral ne pourrait pas financer d'infrastructures sportives tant qu'il ne se sera pas doté d'une politique nationale en la matière, car il est hors de question d'accorder des sous à un seul projet et non aux autres ailleurs au pays.

Ses collègues Josée Verner et le ministre des Infrastructures, Chuck Strahl, ont quant à eux tour à tour martelé, depuis des semaines, que toute contribution d'Ottawa devrait être "juste et équitable" à travers le Canada.

Propulsé bien malgré lui à la une du magazine Maclean's avec à la main une mallette débordant de billets de banque censés représenter l'ampleur de la corruption qui rongerait le Québec, Bonhomme Carnaval a pu tenter de redorer son image auprès du Canada anglais, jeudi, lui qui s'est présenté sur la Colline parlementaire sans mallette ou argent à la ceinture.