Le Canadien se qualifie de peine et de misère pour les séries éliminatoires et voilà que plusieurs partisans commencent à rêver et à croire à l'improbable. À l'impossible.

Non, le Canadien ne sera pas l'équipe cendrillon des séries 2009. Le Tricolore a peut-être causé moult tracas aux Bruins dans le passé, mais ce ne sera pas le cas ce printemps car le fossé est beaucoup trop grand entre les deux formations.

Habitués à se présenter en séries dans un rôle de négligés, les joueurs des Bruins prennent soin de ne créer aucune vague. Mardi midi, deux jours avant que s'amorce la première ronde face au Tricolore, les hommes de Claude Julien pesaient leurs propos après l'entraînement qui s'est déroulé au vieil aréna de Wilmington, à une trentaine de minutes du centre-ville de Boston.

Ils parlaient de respect, de tradition, de la foule montréalaise ou de la pression d'être favori. Pourtant, il s'agit de la meilleure équipe à avoir porté le chandail des Bruins depuis 1972, année de leur dernière coupe Stanley. Trente-sept ans plus tard, la troupe de Claude Julien possède tous les ingrédients pour enfin procurer un autre championnat à la ville de Boston, qui a quand même été gâtée depuis avec les Red Sox, les Patriots et les Celtics.

L'année de Tim Thomas

Quand les partisans du Canadien se mettent à rêver, ils avancent presque toujours que Tim Thomas ne fera pas le poids. Le gardien des Bruins vient pourtant de conclure la saison régulière avec une moyenne de buts alloués de 2,10, soit la meilleure de toute la LNH. Thomas a aussi dominé le circuit avec un taux d'efficacité de ,933%.

C'est probablement en raison de son style échevelé, mais ces statistiques ne semblent pas suffisantes pour lui procurer le respect qu'il mérite. Comme ce fut le cas il y a quelques années avec Dominik Hasek, les lettres de noblesse viendront si le gardien des Bruins joue encore au hockey en juin.

Pendant ce temps, du côté du Canadien, on mise sur un jeune homme au potentiel extraordinaire mais qui a laissé tomber son équipe l'an passé en deuxième ronde face aux Flyers. Et cette saison, Carey Price n'a absolument rien prouvé. Blessé ou malade, il a raté plusieurs rendez-vous et il a été régulièrement bombardé soir après soir. Price a terminé le calendrier avec une moyenne de 2,83 et un taux de réussite de ,905.

Même s'il a drôlement bien fait dans la défaite face aux Penguins samedi dernier, comment peut-on objectivement espérer que Price vienne voler cette série face aux Bruins?

Avantage à l'attaque

Cette saison, dans le circuit Bettman, seuls les Red Wings de Detroit ont marqué plus de buts que les méchants Bruins. La venue du vétéran Mark Recchi (23 buts) ajoute de la profondeur et de l'expérience sur le troisième trio qu'il complète avec Patrice Bergeron et Chuck Kobasew (21 buts).

Le premier trio formé de la recrue Blake Wheeler, Marc Savard et Phil Kessel a généré un total de 82 buts cette année à Boston.

Depuis plusieurs semaines, Tomas Plekanec et Andrei Kostitsyn cherchent un moyen de retrouver leur touche. Pendant ce temps, le deuxième trio des Bruins fonctionne à plein régime avec Milan Lucic (17 buts), David Krejci (72 poins) et Michael Ryder, qui a relancé sa carrière à Boston avec 27 buts cette saison.

La quatrième unité, n'a rien à envier à celle du Canadien avec Shawn Thornton, Stéphane Yelle et PJ Axelsson ou Byron Bitz.

Le Norris à Chara ?

Employé en moyenne plus de 26 minutes par partie, le géant Zdeno Chara sera dans les pattes de Kovalev et compagnie pendant toute la série. Auteur de 19 buts et 50 points, le défenseur des Bruins sera certainement considéré cette saison pour le trophée Norris. Son coéquipier Dennis Wideman a aussi connu toute une campagne avec une récolte identique de 50 points.

Pendant ce temps à Montréal, Andrei Markov n'a pas patiné depuis le 4 avril.

Reste l'aspect robustesse et là aussi, les Bruins peuvent tenir leur bout.

Le Tricolore a réussi à sa hisser en huitième place dans les trois dernières semaines du calendrier en raison d'une séquence de six matchs où l'équipe a amassé 11 points sur une possibilité de 12. Onze points face aux Thrashers, Lightning, Sabres, Blackhawks, Islanders, Maple Leafs. Et ensuite, dans la dernière semaine, après avoir trébuché à domicile face aux Sénateurs, Montréal n'a pas été à la hauteur contre de vraies bonnes équipes comme les Rangers, les Bruins et les Penguins. Pourquoi est-ce que tout changerait subitement parce que les séries sont commencées?

Il y a une quinzaine d'années, Jean-Paul Chartrand, un vieux sage que vous connaissez très bien, m'a dit « Mon p'tit gars, quand t'es vraiment sûr de ton coup, niaise pas, pis vas y avec une prédiction claire et nette. ».

J'ai pas oublié ça Jay-Pey! Boston en 4.