MONTRÉAL — Patrice Brisebois pourrait vivre une autre soirée difficile si le Canadien devait tirer de l'arrière tôt dans le match face aux Canucks de Vancouver, mercredi soir, au Centre Molson.

Depuis quelques matchs, le défenseur du Canadien est de nouveau victime du harcèlement verbal d'une poignée d'amateurs. On le conspue chaque fois qu'il touche à la rondelle comme si Brisebois servait d'exutoire à un public frustré par les déboires de l'équipe.

"Ce n'est pas agréable, avoue l'athlète de 30 ans. C'est surtout triste pour ma famille. Les gens ont parfois tendance à oublier qu'on pratique un métier difficile. Heureusement, ma famille m'appuie à 100 pour cent."

Brisebois obtient aussi le soutien de coéquipiers qui lui sont proches.

"C'est une chose que j'apprécie, dit-il. Surtout lorsque cet appui vient d'amis qui sont dans le vestiaire."

Brisebois reçoit également le réconfort de son conseiller Don Meehan, un homme d'expérience qui connaît bien le marché montréalais.

"Il est comme un second père pour moi, dit-il. Je le connais depuis que j'ai 15 ans. Je n'hésite jamais à me confier à lui. J'ai confiance en cet homme-là. J'apprécie toujours ses conseils. Par contre, ce qu'on se dit demeure entre nous."

Lafleur, Robinson...

Dans l'histoire récente du Canadien, Brisebois n'est pas le premier à subir les railleries du public montréalais. Guy Lafleur, Larry Robinson et Serge Savard, entre autres, ont été la cible des amateurs.

"Ces joueurs-là ont été mes idoles et ils ont été hués. Ca veut dire que je ne suis peut-être pas si pire", lance-t-il à la blague comme pour détendre l'atmosphère.

Ce n'est pas la première fois que Brisebois est plongé dans pareil psycho-drame. À sa neuvième saison à Montréal, il a déjà été le souffre-douleur des partisans, le bouc-émissaire de ceux qui digèrent mal les insuccès de l'équipe. Cette expérience lui permet de mieux gérer la situation. Ainsi, il n'a pas l'intention d'imiter ses anciens coéquipiers Patrick Roy et Vladimir Malakhov qui ont répliqué à leurs dénigreurs en plein match. Leur comportement anti-professionnel leur a valu un transfert, le premier au Colorado, le second au New Jersey.

"J'ai appris de leurs erreurs, dit-il. Si je dois quitter Montréal, je veux le faire la tête haute. Mais cette décision appartient à l'organisation.

"Moi, je suis fier d'être Québécois, de jouer à Montréal et de porter l'uniforme du Canadien, insiste-t-il. Je ne veux pas partir malgré tout ce qui se passe. J'adore mon métier, qu'on joue au Centre Molson ou ailleurs. Je me sens bien dans mon équipement et je vais continuer à me comporter en professionnel.

"Je pense aussi que l'équipe a un bel avenir. Si seulement on pouvait rester en santé. On pourrait alors voir notre vrai potentiel."

Une forme d'injustice

Brisebois ressent malgré tout une forme d'injustice.

"Je respecte le public, dit-il. Si certains me huent, d'autres m'apprécient et m'aiment. Mais j'avoue que je trouve ça injuste. Faut pas oublier qu'on gagne et qu'on perd en équipe."

Michel Therrien s'est porté à la défense de Brisebois lors de son point de presse quotidien. L'entraîneur a rappelé que son défenseur a à coeur les succès de l'équipe et qu'il ne va pas lui demander de modifier son style afin de limiter ses erreurs.

"Il anime bien l'attaque, a-t-il rappelé. Un défenseur offensif prend des risques et ses erreurs sont toujours plus évidentes. Mais il n'est pas question de lui demander de changer."

Therrien n'apprécie pas les huées qui sont dirigées vers son défenseur.

"Je dirige mon équipe comme j'élève ma famille. Je n'aime pas que quelqu'un s'en prenne à un de mes enfants. C'est la même chose pour mes joueurs."

Rappelons que Brisebois occupe le troisième rang des marqueurs de l'équipe (9-19-28). Il présente aussi le pire dossier du club à moins-20, ex aequo avec Oleg Petrov.