TORONTO - Unanimement considéré comme grand favori, le Canada semble plus fort encore au lendemain de sa victoire sans appel de 6-0 aux dépens de la Tchéquie.

Les Sidney Crosby, Carey Price, Ryan Getzlaf et autres Jonathan Toews ont joué à la hauteur des attentes. Intraitables dans tous les aspects du jeu lors de la première rencontre, les joueurs de l’équipe canadienne ont permis à Mike Babcock de simplement ouvrir les portes pour leur offrir des chances égales de jouer.

Ça vous donne une idée de la puissance canadienne. Sans compter que les absences de Duncan Keith, Jamie Benn, Tyler Seguin et Jeff Carter qui devaient remplir des rôles importants au cours du tournoi, mais qui ont déclaré forfait en raison de blessures passent pratiquement inaperçues.

Inversement, les USA semblent beaucoup plus vulnérables qu’on le croyait à l’aube du tournoi. Énormément. Le revers de 3-0 encaissé contre l’Europe leur a d’ailleurs valu une montagne de critiques acerbes. Et pas seulement de la part des journalistes et des amateurs. Mais aussi de la part de certains des plus grands joueurs de l’histoire du hockey américain.

« J’ai 52 ans et j’aurais déjà un tour du chapeau si j’étais sur la glace », a lancé Brett Hull en entrevue à ESPN lors du deuxième entracte. Je ne sais pas si cette boutade de Hull est plus assassine à l’endroit de l’équipe américaine qui n’a rien généré en attaque ou de l’Équipe Europe qui a joué une partie bien tranquille attendant simplement les erreurs des USA. Des erreurs qui ont été aussi nombreuses que coûteuses.

« Le Canada est tellement dans une classe à part qu’on devrait leur donner le titre tout de suite pour offrir une semaine de congé à tout le monde », a ajouté Mike Modano.

« C’est le meilleur effort qu’on peut donner? Vraiment? L’Europe nous a embarrassés. Réveillez-vous », a ajouté Jeremy Roenick.

Sans oublier le toujours cinglant Chris Chelios qui a qualifié de « merdique », le hockey offert par son équipe nationale.

Déjà un match de championnat

Les joueurs de Team USA ont accepté les critiques des anciens. « Ils nous ont ouvert la voie. Ils ont gagné dans le passé. Ils savent ce qui doit être fait pour gagner. Il est donc normal qu’ils aient réagi comme ils l’ont fait. Ce sera à nous de réagir maintenant », a commenté T.J. Oshie.

ContentId(3.1197618):États-Unis 0 - Europe 3
bellmedia_rds.AxisVideo

John Tortorella a toutefois tenté de dissiper un brin ou deux ces critiques. « Je ne crois pas que nous avons été aussi mauvais que certains le prétendent, mais nous devrons certainement être bien meilleurs lors du prochain match. »

Si John Tortorella a tenu un entraînement pour faire « sortir le méchant » comme on dit, Mike Babcock a plutôt décidé d’offrir une journée de congé à ses joueurs. Des scénarios qui, comme les résultats des premiers matchs des deux équipes, illustrent à quel point les deux formations sont campées dans deux solitudes en ce moment.

« Normalement, je vous dirais que j’aimerais jouer dès ce soir. Mais dans notre situation, je suis très heureux de profiter de deux jours avant notre premier match. On a pu revenir sur la défaite aujourd’hui. Nous avons profité de cet entraînement pour nous regrouper. Demain, on travaillera sur les points à améliorer. Nous sommes arrivés ici avec l’objectif de disputer un match de championnat. Mardi, contre le Canada, on jouera un match de championnat. La seule chose c’est qu’il viendra plus vite que prévu. Si nous arrivons à gagner, nous aurons la chance d’obtenir un autre match de championnat plus tard dans le tournoi », a ajouté Tortorella qui était très calme malgré la débandade de son équipe.

Pour gagner, les Américains devront jouer beaucoup mieux qu’ils l’ont fait contre l’Europe. Ils devront être plus impliqués. Plus fougueux.

« Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que notre effort a fait défaut samedi. L’Europe a joué un match parfait contre nous. Ils ont été patients et nous n’avons pas pris les moyens pour dicter le ton de la rencontre. Des duels contre le Canada sont toujours des guerres. Je m’attends donc à ce notre équipe soit en mesure d’être plus impliquée », a ajouté Tortorella.

« À plusieurs moments pendant la rencontre nous étions dans le coup. En analysant la partie sur vidéo, on voit toutefois très bien que nous sommes demeurés trop en périphérie ce qui nous a privés des deuxièmes et troisièmes chances de marquer. Nous devrons collectivement être plus actifs autour du but. Notre deuxième homme devra être plus rapide à foncer sur la rondelle », a conclu l’entraîneur-chef des États-Unis.

À qui la faute?

Déjà contesté avant le début du tournoi, John Tortorella est cloué au pilori au lendemain de la défaite gênante de son équipe contre l’Europe. S’il devait encaisser un revers encore mardi face au Canada, « Torts » deviendrait le bouc émissaire du cauchemar que représenterait la participation américaine à la Coupe du monde.

Tortorella est spécial. C’est un fait. Il multiplie les changements de trio à un point où on doit prendre des notes pour garder le compte des combinaisons qu’il envoie sur la patinoire. Max Pacioretty a même déclaré aux journalistes de Montréal que Tortorella jonglait davantage avec ses trios que Michel Therrien à Montréal. C’est tout dire…

Mais la grande question, la vraie question est plutôt de savoir pourquoi diable le directeur général Dean Lombardi et les autres membres de son état-major ont laissé autant de joueurs de talent sur la touche au profit de joueurs de caractère.

Une clinique de hockey

L’objectif de brasser le Canada afin de maximiser les chances de victoire à ses dépens était louable. Mais il fallait que la confiance des Américains frise l’arrogance pour croire que les autres rencontres qui les attendaient ne seraient que des formalités.

Il est facile, peut-être trop, de mettre en cause les choix américains. Il est toutefois normal de le faire au lendemain d’une déroute comme celle de samedi alors que les USA ont été blanchis pendant que des Tyler Johnson, Kyle Okposo, Chris Kreider et Nick Bjugstad sont à la maison. Sans oublier Phil Kessel qui est blessé.

Et à la ligne bleue, la brigade défensive américaine débarquée à Toronto est suspecte ouvrant toute grande la porte aux questions reliées aux absences de Kevin Shattenkirk, Justin Faulk, Keith Yandle et Cam Fowler pour ne nommer que ceux-là.

Pis encore, la décision de laisser Dustin Byfuglien de côté lors du match initial est loin d’avoir aidé la cause de l’état-major de Team USA et de son entraîneur-chef.

Questionné après l’entraînement de dimanche sur l’importance qu’il accordait au fait d’avoir la chance d’affronter le Canada mardi, le défenseur format géant a répondu : « il n’y a rien de plus important ».

John Tortorella a refusé de donner quelque détail que ce soit sur la formation qu’il enverra sur la glace mardi contre le Canada. Mais peu importe la formation, elle devra gagner. Sinon Team USA au grand complet sera accueilli avec du goudron et des plumes à la frontière. Et elle devra vivre avec les critiques d’ici les prochains Jeux olympiques dans deux ans en Corée - si la LNH décide d’y prendre part - alors que les Auston Matthews, Jack Eichel et Alex Galchenyuk pourront peut-être venir relancer leur équipe nationale.

Si l’état-major leur fait une place…