TORONTO - Si Michel Therrien a bel et bien dit que Max Pacioretty est le pire capitaine de l’histoire du Canadien, il n’allait quand même pas le confirmer au tournoi de golf annuel du Tricolore. Un tournoi qui coïncide avec la rentrée officielle de l’équipe. Un tournoi qui est aussi l’un des moments médiatiques les plus courus de la saison.

Je connais Michel Villeneuve depuis près de 20 ans. Oui, il est capable d’être pisse-vinaigre. Oui il est capable de monter des histoires en épingle. Mais il n’est pas du genre à inventer des choses.

Est-ce que son informateur est fiable? Est-ce qu’il lui a dit la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, en ajoutant je le jure? A-t-il plutôt épicé les propos entendus de la bouche du coach afin de les rendre plus intéressants?

Je n’en ai pas la moindre idée. De fait, quelques personnes seulement peuvent répondre avec exactitude à ces questions.

Michel Therrien fait partie de ce groupe.

J’ai peine à croire que Michel Therrien ait osé qualifier Max Pacioretty de pire capitaine de l’histoire. Il peut l’avoir critiqué. Ça oui. Il peut avoir mentionné qu’il a été déçu par son manque de leadership, par ses lacunes dans le vestiaire comme sur la glace en début de saison.

Au fait : est-ce que Max Pacioretty a été un bon capitaine l’an dernier? Pas vraiment non.

À la défense de Pacioretty, il faut immédiatement ajouter qu’à sa première saison avec le C sur la poitrine, avec ses ennuis à trouver le fond du filet en début de campagne, avec la perte de Carey Price et des autres soldats qui sont tombés au combat, avec les défaites qui se sont accumulées au même rythme que les défaites, avec l’omniprésence de P.K. Subban qui en menait trop large dans un vestiaire où ses débordements émotifs et ses spectaculaires sorties étaient loin de ravir à ses coéquipiers, on ne pouvait pas lui demander d’être un capitaine aussi solide que l’a été Jean Béliveau.

Que Michel Therrien ait partagé quelques-unes de ses déceptions, voire de ses appréhensions, à l’endroit de Pacioretty ne me surprendrait donc pas une seconde. Ce serait même normal quand on prend en considération la liste des complications avec lesquelles Pacioretty – et Therrien également – a dû composer au cours de la saison dernière.

De là à le qualifier de pire capitaine de l’histoire, il y a un large fossé à traverser. Et il serait aussi injuste que périlleux de tenter de le traverser sans savoir exactement les mots qui ont été prononcés.

Quand les coachs sont fatigués, quand ils sont frustrés, quand ils se sentent contestés et surtout qu’ils sentent leur poste menacé, il leur arrive de lancer des propos qui dépassent largement la réalité.

J’ai déjà entendu des coachs, et des très bons à part ça, des coachs qui ont de bien meilleures réputations que Michel Therrien et des feuilles de route bien mieux garnies, cracher des critiques aussi assassines que déplacées à l’endroit de joueurs qui ne méritaient pas pareil traitement.

Est-ce que cela a fait d’eux de mauvais coachs pour autant? Non. Une fois la colère passée, une fois la raison revenue au-dessus des émotions, ces coachs ont repris leur travail et ont repris leur club en mains.

Peu importe ce que Michel Therrien ait dit sur son capitaine, j’ose croire que la raison a depuis longtemps repris le dessus sur les émotions et qu’il est prêt à reprendre le travail. Qu’il est prêt à reprendre son club en mains. Et qu’il sera en mesure de ne pas l’échapper comme cela a été le cas l’an dernier.

Il en va de même pour Pacioretty. Non seulement devra-t-il remplir son rôle de fer-de-lance de l’attaque du Canadien en atteignant le plateau des 40 buts qu’on lui promet depuis des années sans qu’il ait été en mesure de l’atteindre, mais il devra profiter de l’année de misère qu’il a vécue comme capitaine l’an dernier, pour être un bien meilleur leader.

Avec Carey Price revenu en forme et en force devant le filet et avec la présence rassurante de Shea Weber qui aidera Pacioretty à s’améliorer comme capitaine bien davantage que ne le faisait P.K. Subban, il devrait certainement y arriver.

S’il n’y arrive pas, il faudra alors commencer à réévaluer la décision des joueurs de l’avoir élu au poste de capitaine.

Mais d’ici là. Pacioretty mérite d’avoir les coudées franches. Il mérite de prouver qu’il peut être un bon capitaine.

Loin de Montréal et du brouhaha causé par les propos qu’on impute à Michel Therrien, Max Pacioretty tente de sauver la face des USA sur la scène du hockey.

Un défi de taille considérant que Pacioretty et sa bande se frotteront mardi soir à Sidney Crosby, Carey Price, Shea Weber et au Canada qui ne feront rien pour leur faciliter la tâche.