Secoué, choqué, frustré par son expulsion expéditive du dernier camp d’entraînement, Louis Leblanc a eu plus d’un mois pour ruminer la décision de ses patrons qui ne lui ont pas même offert la chance de disputer un match préparatoire.

Le coup a frappé fort puisque Leblanc n’a rien cassé lors du camp des Bulldogs et des premiers matchs de la saison.

Les autres coups ont fait mal aussi. Car en dépit de ses 42 parties d’expérience avec le grand club il y a déjà deux ans, Leblanc a regardé les Mike Blunden et Patrick Holland être rappelés par le Canadien pour combler ses brèches à l’attaque.

Voilà que le tour de Leblanc se pointe. Les mauvaises langues pourraient prétendre que faute de mieux le Canadien n’a pas eu le choix de se tourner vers le premier choix de 2009.

Ce serait injuste.

Bon! La rondelle déviée au visage de Travis Moen lors du match de samedi a allongé une liste de blessés qui était déjà longue. A contraint à se tourner une autre fois vers Hamilton pour piger dans la relève. C’est vrai. Mais les six points récoltés par Leblanc à ses trois derniers matchs tendent à confirmer qu’une fois la frustration passée, l’attaquant a décidé de se mettre à jouer au hockey.

Une bonne nouvelle pour le Canadien, pour ses partisans, mais aussi pour le principal intéressé et sa compagne Aleksandra Wozniak qui avait fustigé par le biais des médias sociaux (Twitter) la direction du Canadien après le renvoi de son joueur préféré en septembre dernier.

Première ou dernière chance

Déçus par le sur-place dont Leblanc s’est rendu coupable au cours des 12 derniers mois, un sur-place attribuable autant à des blessures sérieuses qu’à un manque de conviction du jeune joueur, plusieurs partisans du Canadien ont conclu que le Québécois n’avait plus d’avenir avec le Tricolore lorsqu’il a été cédé au club-école il y a un mois.

Dans la foulée de ce jugement lapidaire, il serait normal que ces fans désabusés considèrent que cette première chance offerte à Leblanc soit du même coup sa dernière.

Il est trop tôt pour décapiter ainsi la carrière de Leblanc avec le Canadien.

Louis Leblanc n’aurait peut-être pas été le premier choix du Canadien en 2009 n’eût été l’urgent besoin de donner aux fans et aux médias un espoir francophone. Surtout que ce repêchage se déroulait au Centre Bell sous les yeux de partisans. Des partisans qui se sont mis à scander le prénom de Leblanc tout juste après que les Blues de St Louis profitent de leur 17e sélection pour réclamer le défenseur suédois David Rundblad. Avec la 18e sélection, le Canadien comblait ensuite ses fans et le jeune hockeyeur de Pointe-Claire.

Louis Leblanc ne sera peut-être pas non plus la vedette attendue et espérée lors de ce repêchage.

Mais Louis Leblanc n’a que 22 ans. Il est encore trop tôt pour abandonner tout espoir de le voir se faire une niche au sein des trois premiers trios du Tricolore.

À l’autre bout du spectre, il est grand temps que Leblanc ravive les espoirs. Qu’il confirme avec des performances positives et soutenues que ceux qui croient encore en lui malgré sa petite taille, malgré sa taille moyenne, malgré sa vitesse dans la moyenne et un sens du jeu qui n’a rien d’exceptionnel ont raison de toujours croire en lui.

Grosse commande

Peu importe la durée du séjour de Louis Leblanc avec le Canadien, peu importe le nombre de matchs qu’il disputera, il doit s’imposer. Se faire remarquer pour les bonnes et non les mauvaises raisons.

Avec la commotion qui garde Daniel Brière dans le noir, avec David Desharnais qui gagne des mises en jeu, mais ne génère rien en offensive, Leblanc doit convaincre ses patrons et les amateurs qu’il est le candidat pour combler ces manques à gagner.

Ça n’oblige pas Leblanc à remplir les buts adverses. Mais ça l’oblige à se défoncer à chacune de ses présences. Ça l’oblige à prouver qu’il imitera les Galchenyuk et Gallagher en matière d’éthique de travail au lieu de se contenter de trop peu.

Il est là le plus gros problème de Leblanc depuis qu’il s’est joint au Canadien. Au-delà des blessures que personne ne peut lui reprocher, Leblanc a souvent donné l’impression d’être convaincu de tout faire pour non seulement assurer sa place avec le grand club, mais aussi récolter des succès.

Et c’est sur ce point que Leblanc a erré. Qu’il a lesté ses patins de plomb alors qu’il s’apprêtait à livrer des luttes avec les Galchenyuk et Gallagher qui l’ont éclipsé l’an dernier. Des Galchenyuk et des Gallagher qui l’ont éclipsé parce qu’ils ne se sont pas contentés de croire qu’ils déployaient les efforts nécessaires pour gagner la course, ils se sont assurés de le faire.

Tout comme l’a fait Michaël Bournival cet automne. Michaël Bournival qui a saisi à deux mains pour être certain de ne pas l’échapper la chance d’amorcer la saison à Montréal et d’y rester.

Si Leblanc a le talent, la vitesse, la vision, le coup de patin et le sens du jeu pour évoluer dans la LNH, il n’a qu’à imiter ces trois jeunes coéquipiers qui lui ont damé le pion sur le plan de l’effort et il profitera peut-être de ce rappel pour se faire enfin une place au sein de la formation partante du Tricolore. Ou au moins raviver les espoirs qu’il y arrivera un jour.