À Montréal ou Laval : les jeunes doivent jouer
Canadiens jeudi, 30 janv. 2020. 23:30 mercredi, 11 déc. 2024. 22:39MONTRÉAL - Le Canadien a battu les Sabres de Buffalo dans le cadre d’un match bien ordinaire. Un match au cours duquel les deux équipes nous ont démontré bien davantage pourquoi elles rateront les séries encore cette année que de nous inciter à afficher de la confiance en leur avenir respectif.
Mais bon! Tant qu’à jouer, aussi bien gagner.
Surtout que le Canadien a su racheter un début de rencontres affreux pour prendre le plein contrôle du match en deuxième période et surtout ne pas l’échapper ensuite comme il l’a fait trop souvent cette année.
Après avoir permis aux Sabres de prendre les devants 1-0 grâce à Jack Eichel qui a déjoué Carey Price avec un tir des poignets d’une grande qualité, le genre de tir qui démontre pourquoi il a déjà atteint le plateau des 30 buts cette saison et a enfilé un minimum de 24 buts à chacune de ses quatre premières campagnes dans la LNH, le Canadien a joué avec le feu en accordant une longue échappée à deux contre un à ses adversaires. Au lieu de déjouer Carey Price après une passe parfaite de Michael Frolik, Jeff Skinner a frappé la barre horizontale.
Plutôt que de se retrouver avec un recul de 0-2 à combler, le Canadien s’est fait réveiller par le son de la rondelle frappant la barre de plein fouet.
Ce jeu mérite, à mes yeux, la mention de point tournant de la rencontre.
L’effet Gallagher
J’ajouterais que l’effet Gallagher s’est une fois encore fait sentir. Positivement bien sûr.
À son retour au jeu après un congé préventif de six matchs – il est replongé dans les contrecoups de la commotion subie le 31 décembre en Caroline lors de son retour hâtif le 9 janvier – Gallagher a fait bien plus que marquer son 16e but de l’année. Son premier but gagnant de l’année.
Il a redonné de la vie à un club qui en avait grand besoin et qui en aura grand besoin pour tenter de sauver ce qui restera de la saison une fois son élimination des séries officialisée.
L’impact positif de Gallagher dépasse de beaucoup sa production offensive. C’est clair. Mais dans les 16 matchs au cours desquels il a inscrit un but, le Canadien a maintenu un dossier de 13 gains, deux revers seulement en temps réglementaire et un autre en prolongation.
Ça donne une idée de l’importance de Gallagher au sein de son équipe.
Quoi faire avec KK et Fleury?
Le résultat du match d’hier ne change rien à la triste réalité du Canadien qui ratera les séries pour une troisième saison de suite. Pour la quatrième fois en cinq ans.
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La victoire ne fait que retarder l’inévitable alors que le Tricolore ne peut se permettre de perdre plus de 16 points lors des 30 prochains matchs s’il veut atteindre le plateau de 97, soit la récolte nécessaire pour atteindre les séries dans l’Est l’an dernier.
Parce qu’il tenait à présenter la formation avec laquelle il avait le plus de chances de gagner à ses yeux, Claude Julien a confiné Jesperi Kotkaniemi à la galerie de presse.
Cale Fleury l’accompagnait. Il s’agissait d’un quatrième match de suite sur la passerelle pour le jeune défenseur qui a été rayé à cinq reprises lors des neuf dernières rencontres du Tricolore.
Parce qu’il a disputé bien plus de mauvais matchs que de bons depuis le début de la saison, parce qu’il effectue bien plus de mauvaises présences que de bonnes cette année, parce qu’il se retrouve bien trop souvent les quatre fers en l’air sur la patinoire au lieu d’imposer sa présence, Kotkaniemi méritait d’être chassé de la formation.
Contrairement à Nick Suzuki qui, encore hier, a obligé Claude Julien à l’utiliser à profusion en raison de la qualité du jeu qu’il offre à son coach et à son équipe, Jesperi Kotkaniemi multiplie les raisons de le sortir de l’alignement.
Et avec Jonathan Drouin qui viendra bientôt reprendre une place au sein du top-6 ou à tout le moins du top-9, Kotkaniemi pourrait bien se retrouver plus souvent dans les gradins s’il n’améliore pas la qualité d’ensemble de son jeu.
Du moins d’ici la date limite des transactions – le 24 février – alors que quelques vétérans pourraient être échangés en retour de choix au repêchage ou d’ici à ce que le Tricolore soit officiellement éliminé.
Car une fois l’élimination confirmée, on devrait, du moins c’est mon impression, donner le plus de place possible aux jeunes afin de maximiser les expériences en vue de la saison prochaine et des autres qui suivront.
On est en transition ou on ne l’est pas.
Dans le cas de Fleury, je m’explique moins bien pourquoi on prolonge son séjour sur la galerie de presse. Vrai qu’il a connu des matchs difficiles ici et là. Mais c’était à prévoir. Et c’est aussi normal. De plus, en le gardant derrière Weber et Petry, on lui offre une protection qui permet de le développer sans trop de risque.
Pas question ici de lancer les hauts cris et de prétendre que Claude Julien et le Canadien sont en train de bousiller le développement de Kotkaniemi ou de Fleury.
Le premier n’a que 19 ans. Le deuxième en est à sa première saison dans la LNH. Ce qu’ils traversent en ce moment est normal. Et on doit tous afficher de la patience à leur endroit.
Mais ils doivent jouer.
Et s’ils ne le font pas sur une base régulière avec le Canadien, qu’on leur donne l’occasion de le faire à profusion avec le Rocket.
Proximité à maximiser
Le Canadien a installé son club-école à Laval pour avoir ses jeunes à l’œil. Il devrait profiter bien davantage de cette proximité selon moi.
Il n’y a rien de mal à offrir des matchs de ligue mineure aux jeunes de son organisation. Surtout que même s’ils devaient endosser l’uniforme du Rocket, Kotkaniemi et Fleury – c’est aussi vrai pour Poehling, Weise et les autres joueurs susceptibles de faire une « ride » de métro sur la ligne orange – pourraient rentrer dans leur logement respectif après les rencontres. Manger dans les mêmes restos et vivre la même vie que celle qu’ils vivent dans le giron du Canadien.
Ce n’est pas comme si on les envoyait dans un village perdu où ils pourraient broyer du noir en raison de leur rétrogradation.
Être rayé de la formation par son coach est une étape normale que doivent franchir tous les jeunes visant à s’établir dans la LNH. C’est même une réalité pour bien des joueurs qui n’arrivent pas à se tailler une place à titre de régulier.
À ce titre, Claude Julien peut très bien se servir de cette possibilité à sa disposition pour fouetter ses petits gars.
Mais si on décide de prolonger la «sanction», aussi bien s’assurer d’en tirer le maximum en faisant jouer les jeunes avec d’autres jeunes, avec des joueurs qui devraient être moins bons de manière à leur donner l’occasion de s’illustrer afin de forcer le grand club à les rappeler et à les faire jouer.
Kotkaniemi méritait de suivre le match face aux Sabres de la Galerie de presse. Et de grâce : cessons de crier sur les toits que Kotkaniemi mérite d’évoluer avec les meilleurs éléments offensifs du Canadien afin de démontrer sa vraie valeur.
Être dans la LNH à 19 ans est un privilège. Ce n’est donc pas au Canadien à lui faire cadeau des meilleurs joueurs du club, mais à Kotkaniemi à prouver qu’il mérite d’obtenir sa place au sein des meilleurs.
Pour le moment il ne le fait pas.
Et je répète une fois de plus que cela est loin de vouloir dire qu’on doit tout abandonner dans le cas de KK. Il est encore très jeune. Et on constate cette année qu’il était peut-être trop jeune pour faire le saut dans la LNH dès l’an dernier. Une raison de plus pour lui donner de la glace, et même beaucoup de glace, au sein d’une équipe et contre des adversaires qui lui permettront d’apprendre au lieu de s’enliser comme il semble le faire cette année.
Malgré mon avis contraire, peut-être que Cale Fleury mérite lui aussi de suivre des matchs de la galerie de presse.
Mais l’un comme l’autre doit jouer. Et jouer souvent. Le plus souvent possible. Et si ce n’est pas à Montréal, qu’ils le fassent à Laval.
Nick Suzuki?
La qualité de son jeu justifie non seulement qu’on le garde à Montréal, mais qu’on profite des prochaines semaines pour lui donner les meilleurs complices afin de voir comment il saura maximiser le talent des joueurs qu’on lui confiera.
Ryan Poehling?
Il abat du bon boulot au sein du quatrième trio. Le genre de boulot qu’il doit abattre dans la LNH pour bien comprendre le rôle qui l’attend. Un rôle qui pourrait être bien différent de celui qu’il entendait remplir lorsqu’il a été repêché. Mais si Poehling devait commencer à se sentir trop confortable avec le Grand Club, on pourrait très bien tirer profit de la ligne orange pour lui rappeler, à lui aussi, que jouer dans la LNH, à son âge et avec son expérience, c’est un privilège et non un droit acquis.
En bref
- Le Canadien a signé sa 10e victoire (1022-4) seulement cette saison dans le cadre des 36 parties au cours desquelles il s’est retrouvé avec un recul d’un but sur les bras...
- Ilya Kovalchuk a marqué après 44 secondes de jeu seulement en début de période médiane. C’était la 9e fois cette saison qu’un joueur du Tricolore marquait au cours de la première minute d’une période. Il présente un dossier de 61-2 dans ces neuf rencontres...
- Brendan Gallagher a marqué 141 secondes seulement après que Kovalchuk eut nivelé les chances en début de deuxième. C’était le 17e match cette saison au cours duquel le Canadien enfilait deux buts rapides (en moins de 5 minutes). Il présente un dossier de 142-1 en pareille circonstance jusqu’ici cette saison...
- C’était la première fois en 16 rencontres – depuis le gain de 43 signée à Calgary le 19 décembre – que le Canadien s’envolait avec la victoire alors qu’il tirait de l’arrière après 20 minutes de jeu. Le Canadien présente un dossier de 7-11-2 lorsqu’il accuse un déficit au premier entracte...
- Pire équipe de la LNH avec quatre défaites en temps réglementaire (sept au total) encaissées alors qu’il profitait d’une avance après deux périodes, le Canadien a su protéger son avance jeudi soir à Buffalo. Ce gain lui permet d’améliorer sa fiche à 154-3 lorsqu’il mène après 40 minutes. La victoire lui a permis de devancer le Wild du Minnesota au 28e rang de la LNH. New Jersey et Detroit occupent les 30e et 31e places...