Il y a quelques mois, la possibilité de voir Artturi Lekhonen et Mikhail Sergachev à Montréal pour débuter la saison aurait attiré les sceptiques. Et pourtant, à quelques jours du début de la saison, ça apparaît pourtant bien plus naturel d’y penser.

La récente blessure de Jeff Petry est venue mêler les cartes en ce qui concerne le plus récent choix de première ronde du Tricolore, Mikhail Sergachev. Aurait-il débuté la saison avec le grand club, n’eût été la blessure de Petry ? Difficile à dire. Les conjonctures actuelles font toutefois que jeudi, face aux Sabres, Sergachev sera de la partie. Dans quel rôle et avec qui sera-t-il jumelé ? Je pense qu’une association avec Greg Pateryn serait peut-être plus naturelle qu’avec Andreï Markov, qui devrait de son côté évolué avec Alexeï Emelin. Pateryn a de grandes qualités de communications sur la patinoire, ce qui pourrait grandement faciliter les débuts de Sergachev.

Reste maintenant à savoir si ce dernier restera à Montréal. Je n’ai aucun problème à le voir avec le grand club à 18 ans, à condition qu’il soit utilisé adéquatement. Je pense à au moins une douzaine de minutes sur la patinoire chaque soir, avec des présences sur la deuxième vague d’avantage numérique. Sa vision de jeu et la qualité de son lancer lui permettent amplement d’espérer des minutes avec l’avantage d’un homme. Si on ne peut lui offrir cela à Montréal, on doit le redescendre au niveau inférieur.

Est-ce que dans neuf matchs on retournera Sergachev avec son équipe junior ? Je pense qu’à l’heure actuelle c’est une sérieuse possibilité. Qui sait toutefois si, dans deux semaines, la situation n’aura pas évolué, soit par une blessure ou même… une transaction ? Michel Therrien a déjà gardé Jordan Staal à 18 ans avec les Penguins même si les dirigeants s’y opposaient. Résultat : Staal avait marqué 30 buts. Voir Sergachev impressionner tout le monde et passer l’année à Montréal reste donc très possible à mon avis. On en reparle dans quelques semaines… ou mois !

Dans le cas de Lekhonen, sa situation m’apparaît beaucoup plus claire. Le jeune finlandais a été impressionnant. Michel Therrien lui a donné une vraie chance de montrer son talent et il ne l’a pas raté pendant le camp d’entraînement. Je pense qu’il fera l’année à Montréal et même s’il n’amasse pas énormément de points, ce sera une année très importante dans son développement. Andrew Shaw prend présentement sa place sur la deuxième vague de l’avantage numérique, ce qui lui coupe quelques minutes de glace (des minutes de qualité de surcroît), mais il peut quand même amener une dimension intéressante à l’attaque montréalaise. Et avec Daniel Carr, Sven Andrighetto ou Philippe Danault en compétition avec Lekhonen à gauche, ce dernier a d’avantage une place à perdre qu’à gagner.

Deux rétrogradés qui devront se retrousser les manches

Un mot sur les joueurs qui quitteront Montréal pour le club-école (ou ailleurs). Michael McCarron peut certes être déçu de ne pas débuter la saison avec le bleu blanc rouge, mais au final, s’il ne peut avoir un temps de jeu adéquat, aussi bien lui permettre de jouer sur les deux premiers trios des Ice Caps. Il a un avenir avec l’équipe et cette rétrogradation n’est qu’une étape dans son parcours. Je parierais même qu’il reviendra à Montréal plus tôt que tard, que ce soit à Noël, plus tard dans la saison ou au début de la prochaine.

Mike Condon, pour sa part, a un avenir moins certain avec le CH. Michel Therrien mentionnait comment ce n’est pas facile d’annoncer une nouvelle comme celle-là à son gardien qui a fait de son mieux l’an dernier, mais Al Montoya a pleinement mérité son poste. Et la situation apparaît maintenant compliquée pour Condon. Il passera d’abord au ballotage et c’est possible qu’une équipe fasse appel à ses services. S’il prend le chemin des Ice Caps, il n’est même pas certain d’avoir le poste de numéro un avec la présence de Zachary Fucale et Charlie Lindgren. Un ménage à trois est à prévoir.

La plus grande surprise des camps d’entraînement dans la LNH, est-ce Alexandre Fortin ?

Chaque année, les camps d’entraînements aux quatre coins de la Ligue nationale de hockey amènent leur lot de surprises. Cette année, la plus grande surprise vient peut-être de Chicago, où Alexandre Fortin a été parmi les tout derniers joueurs retranchés. Pas mal pour un jeune homme même pas repêché ! Il peut maintenant s’inspirer de ce que plusieurs autres ont fait avant lui, soit réussir en n’ayant pas été repêché. Le camp d’entraînement qu’il a connu avec les Blackhawks doit lui servir de motivation pour la suite de sa carrière.

Il a dans tous les cas fait ouvrir bien des yeux à travers le circuit. Et il s’est ouvert les portes pour une possible invitation avec Équipe Canada au prochain Championnat mondial junior, qui se déroulera en sol canadien sous les ordres du Québécois Dominique Ducharme.

Sur une note un peu plus négative, Pierre-Alexandre Parenteau a vu son nom être soumis au ballotage par les Islanders. Pour un gars qui a marqué 20 buts l’an dernier à Toronto et qui croyait se relancer en retournant avec New York, je trouve cela un peu surprenant. D’autant plus que la saison n’est même pas commencée ! Il est possible qu’une équipe tente sa chance avec l’attaquant de 33 ans, il a toujours du talent. Chez les Islanders, on semble croire qu’Anthony Beauvilier et Matthew Barzal ont mieux fait que lui. Voir le Québécois Beauvilier débuter l’année dans la LNH est en tout cas une nouvelle réjouissante, même si elle se fait peut-être au détriment de l’ancien des Canadiens.

* Propos recueillis par Jasmin Leroux