Bergevin doit s’inspirer de Seguin
Canadiens vendredi, 15 mai 2015. 14:27 dimanche, 15 déc. 2024. 16:55Marc Bergevin a raison : la sélection des meilleurs espoirs possible par le biais du repêchage et la patience nécessaire pour assurer leur développement sont les deux clefs des succès dans la LNH d’aujourd’hui.
Sauf que…
Quand une équipe comme la sienne peut compter sur le meilleur gardien de la LNH en Carey Price, sur un candidat au trophée Norris en P.K. Subban, sur un marqueur établi comme Max Pacioretty, sur une bougie d’allumage comme Brendan Gallagher, sur l’un des excellents deuxièmes centres du circuit en Tomas Plekanec, des jeunes en développement comme Galchenyuk, Eller, Beaulieu et De La Rose et un groupe de joueurs de soutien qui n’a pas grand-chose à envier aux groupes de soutien des 29 autres équipes de la LNH, le directeur général doit prendre les moyens nécessaires pour corriger les dernières lacunes qui freinent son équipe.
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Chez le Canadien, ces lacunes, ou plutôt cette lacune puisqu’il y en a une bien plus importante que les autres, est le manque de punch à l’attaque. Un manque de punch criant depuis des années. Un manque de punch qu’un gros joueur de centre pourrait combler.
Dans son point de presse annuel, Marc Bergevin a convenu que ce qui sautait aux yeux des fans de son équipe, des journalistes qui couvrent les activités du club et des observateurs répartis aux quatre coins de la LNH et qui qualifient le Canadien de très bonne formation de saison régulière, mais de club pas assez bien nanti pour gagner en séries éliminatoires, lui sautait aux yeux également.
«J’aimerais ça aller chercher un gros joueur de centre. J’aimerais ça trouver un gars qui me donnerait 30 buts de plus par année», a lancé Bergevin avec conviction.
Tant mieux !
Ça confirme que Marc Bergevin voit clair. Ça confirme qu’en dépit de ses nombreux succès personnels pour améliorer son équipe, des 55 victoires et 110 points accumulés en saison régulière, le DG du Canadien n’est pas aveuglé par des statistiques impressionnantes qui cachent le talon d’Achilles de sa formation.
Au-delà du «Playstation»
Quand Marc Bergevin assure que le gros joueur de centre dont le Canadien rêve depuis le départ de Vincent Damphousse est difficile à trouver : il a raison aussi.
Mais quand il lance à la blague que les transactions qu’il conclut en jouant sur son ordinateur tard le soir ne peuvent se réaliser parce que son homologue lui raccroche au nez lorsque vient le temps de les compléter le lendemain matin, il faudrait lui suggérer de changer de numéro de téléphone et/ou de persévérer.
Vrai que Bob Murray, son ancien coéquipier et même cochambreur avec les Blackhawks de Chicago, ne lui donnera pas Ryan Getzlaf en retour de David Desharnais.
Vrai que son bon ami Mario Lemieux ne lui donnera pas Sidney Crosby parce que le Canadien a besoin d’aide au centre et que Crosby a déjà mentionné qu’il aimerait défendre les couleurs du Tricolore.
Mais Evgeni Malkin pourrait être disponible alors que les Penguins doivent sérieusement restructurer leur formation afin de maintenir leur place au sein de l’élite de la LNH.
Je ne suis pas en train d’écrire qu’il serait facile de transiger pour obtenir les services d’Evgeni Malkin. Pas du tout. Je suis même convaincu qu’il sera très difficile pour Marc Bergevin de trouver la pièce manquante au centre du premier trio.
Surtout qu’à la lumière des commentaires plusieurs fois répétés vendredi quant au dossier Alex Galchenyuk, il est loin d’être évident que le DG du Canadien voit en son jeune attaquant de troisième année, la solution tant attendue pour régler tous les maux de son équipe dès l’an prochain. On y reviendra plus loin…
Mais quand Marc Bergevin insiste sur le fait que Joe Thornton est le dernier gros centre à avoir été acquis par le biais d’une transaction – les Bruins l’ont échangé aux Sharks de San Jose en retour de Brad Stewart, Marco Sturm et Wayne Primeau en 2005 – il esquive le grand coup réalisé il y a à peine deux ans par son homologue Jim Nill des Stars de Dallas.
Parce que les Bruins n’arrivaient pas à lui faire une place au centre, Tyler Seguin s’est retrouvé à Dallas en retour de Loui Eriksson, Reilly Smith, Joe Morrow et Matt Fraser.
Transaction à bâtir
Est-ce que Marc Bergevin aurait autant à offrir pour compléter pareille transaction ? Bien sûr que oui. Le Canadien aurait même beaucoup plus à offrir.
Bon ! Il faut encore qu’un club soit prêt à se défaire d’un centre de talent comme Tyler Seguin. Ce qui n’est pas évident. Mais voilà : c’est justement le travail de Bergevin et de ses adjoints qui connaissent la Ligue mieux encore que leur propre club de savoir qui est disponible. De savoir qui a des ennuis à percer une formation en raison d’ennuis internes. De savoir s'il produit en deçà de ses capacités parce que son épouse l’a quitté, parce qu’il a un enfant malade, parce qu’il n’est plus capable de blairer son coach, ses coéquipiers, sa ville d’adoption.
C'est comme ça que les Stas de Dallas et Jim Nill - encore eux- ont acquis Jason Spezza en retour d'Alex Chiasson.
Plus encore, c’est à Marc Bergevin et ses adjoints qui quadrillent quotidiennement la LNH de savoir qui n’est pas vraiment disponible, mais pourrait le devenir une fois son directeur général secoué par une offre difficile à refuser.
Et non, il n’est pas nécessaire de donner Carey Price pour forcer la main de n’importe quel club de la LNH. Les Stars de Dallas l’ont prouvé avec éclat dans le dossier Tyler Seguin.
À la fin de son point de presse, Marc Bergevin a souligné qu’il ne croyait pas avoir sous la main le ou les prospects en mesure de lui permettre de compléter pareille transaction. S’il est clair que le Canadien n’a pas de Connor McDavid à offrir – remarquer que s’il comptait sur un tel prodige, il n’aurait pas à transiger – mais à défaut d’avoir un espoir qui fait saliver 29 équipes de la LNH, Bergevin et son groupe peuvent mettre en place une grappe de joueurs qui eux pourraient faire l’affaire.
Pas question ici d’inciter Bergevin et le Canadien à céder à la panique. À lui suggérer de vider la banque d’espoirs, de sacrifier des choix au repêchage ou d’ajouter bêtement les noms de Markov et Plekanec parce qu’ils prennent de l’âge, ou de ceux de Desharnais et Parenteau parce que les partisans s’attendent à plus de leur part simplement pour mettre la main sur un gros joueur de centre qui semble sur le déclin : je pense ici à Eric Staal qui n’est plus l’ombre du joueur qu’il était. À moins justement qu’un changement d’air puisse lui redonner le goût de jouer à la hauteur de son potentiel. Ce que des dépisteurs de premier plan sont en mesure d’évaluer. Peut-être même de savoir.
Au-delà les Seguin, Malkin et autres Staal dont il est bien facile d’identifier ici j’en conviens, il n’en demeure pas moins qu’en l’absence de premier joueur de centre digne de ce titre au sein de sa formation, Marc Bergevin devrait tenter un ou des grands coups ailleurs qu’au «Playstation». Des fois que ça fonctionnerait…
Remarquez qu’au-delà cette blague qu’il s’est amusé à répéter plusieurs fois, je suis convaincu que le directeur général du Canadien travaille d’arrache-pied pour réaliser ce grand coup qui permettrait au Tricolore de vraiment devenir un aspirant à la coupe Stanley et non seulement une très bonne formation en saison régulière. Ce qui est déjà pas mal, on en conviendra, mais pas assez pour répondre aux exigences que l’histoire du Canadien impose et aux attentes que les partisans attisent saison après saison, séries après séries, mais qui s’éteignent avant le temps.