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MONTRÉAL - Nul besoin de se creuser la tête pour expliquer la défaite de 4-1 que le Canadien a encaissé aux mains des Blackhawks et aux jambières de leur gardien, le Montréalais Corey Crawford qui a encore excellé au Centre Bell.

 

Car les motifs sont aussi nombreux que simples à identifier. Ils sont plus simples encore à comprendre.

 

Claude Julien a d’ailleurs répété deux, trois, cinq fois peut-être, le petit bout de phrase : « c’est aussi simple que ça », pour appuyer ses commentaires, ses doléances et même ses critiques à l’endroit de ses joueurs et donner plus d’impact à sa déception au terme d’une des pires performances du Tricolore cette année. Et il y en a eu plusieurs des mauvaises performances…

 

« On n’était pas là du tout en partant. On a perdu des batailles, on a perdu des rondelles libres, on a pris de mauvaises décisions. On ne méritait pas ce match-là du tout, du tout. C’est aussi simple que ça! », que le coach a lancé en parlant d’un début de rencontre qui a donné le ton à une soirée difficile autant pour Charlie Lindgren, venu en relève à Carey Price, que pour le reste de l’équipe.

 

Pendant une attaque massive offerte au Tricolore dès la cinquième minute du match, Lindgren s’est retrouvé derrière son but avec la rondelle. Il a figé. Complètement. Il semblait chercher un coéquipier à qui remettre la rondelle alors que Tomas Tatar était tout juste là derrière lui.

 

Les deux gars se sont même touchés tant ils étaient près l’un de l’autre. Mais Lindgren a perdu la rondelle, elle s’est retrouvée dans l’enclave et Zack Smith a tiré avant même que le gardien n’ait eu le temps de reprendre sa place.

 

Aussi simplement que ça, c’était 1-0!

 

Moins de trois minutes plus tard, Smith qui est pourtant grand et gros a été oublié dans l’enclave où il a pu se camper bien solidement pour faire dévier la rondelle au-dessus de l’épaule droite de Lindgren.

 

Aussi rapidement que ça, c’était rendu 2-0!

 

Solides au sens propre et figuré depuis le début de la saison, Cale Fleury et Victor Mete en ont tellement arraché en début de match qu’ils ont été séparés pendant un bout de temps au premier tiers pour qu’ils puissent retrouver le nord.

 

Mais les deux jeunes sont loin d’être les seuls responsables de cette dixième défaite du Canadien lors des 13 derniers matchs (3-9-1), de ce 28e revers de la saison (20-21-7), de cette 16e défaite déjà cette année (9-12-4) devant ses partisans.

 

« On vient de jouer un pire match dans nos 10 dernières parties. Ça arrive. Ça ne veut pas dire que j’accepte ce qui vient d’arriver, car je suis extrêmement déçu. On n’était pas à point. Même nos joueurs clefs n’étaient pas là et cela a fait boule de neige », a tranché Claude Julien en mettant lui-même fin à sa mêlée de presse.

 

Le coach était pressé de partir. Pressé parce que le match avait déjà été bien long. C’est vrai. Pressé parce qu’il voulait prendre la direction de Philadelphie le plus vite possible. C’est aussi vrai. Mais pressé également parce qu’après une défaite aussi «sincère» que celle que venait d’encaisser son équipe, n’importe quel entraîneur-chef veut limiter les chances de perdre patience devant les journalistes.

 

Ce qui aurait pu se produire si d’autres questions associées à Max Domi avaient suivi les deux premières.

 

Domi relance les Blackhawks

 

Car oui Max Domi a encore fait des siennes mercredi soir. Et pas vraiment pour les bonnes raisons.

 

Après que Philippe Danault eut redonné un peu d’espoir en début de deuxième, Domi a écopé une bien vilaine pénalité. Une pénalité d’indiscipline alors qu’il a empoigné Matthew Highmore par la tête en milieu de période médiane.

 

Cette pénalité a permis aux Hawks de reprendre une avance de deux buts. Pas qu’ils en avaient grand besoin, mais quand même…

 

Dès sa sortie du cachot, Domi a été cloué au banc.

 

« J’ai fait ce que j’avais à faire avec Max. C’est aussi simple que ça. Tu prends des punitions inutiles, il y a des conséquences », que le coach a expliqué en français.

 

Quand un collègue lui a demandé s’il avait été tenté d’envoyer Max Domi en attaque massive au lieu de le clouer au banc afin de lui donner l’occasion de se racheter, Claude Julien s’est braqué. «Je n’ai pas à justifier ma décision. J’ai fait ce que j’avais à faire avec Max, c’est aussi simple que ça. Ce n’est pas lui qui va marquer tous les buts et l’attaque à cinq n’est pas l’affaire d’un gars, mais bien d’une unité de cinq.»

 

Dans le vestiaire, Max Domi a fait face aux questions. Mais il avait des réponses bien préparées.

 

«J’ai le style que j’ai et je ne tentais certainement pas d’écoper une pénalité. C’est rare que je doive composer avec un adversaire plus petit que moi. C’est arrivé sur cette séquence. Je devrai être plus conscient de qui est autour de moi dans ce genre de situation», que Domi a plaidé.

 

Quant à savoir comment il a composé avec la décision de terminer la deuxième période sur le banc et d’y demeurer pendant une portion du dernier tiers : « J’étais bien plus préoccupé par les moyens à prendre pour trouver une façon de revenir de l’arrière et de gagner ce match que par n’importe quoi d’autre », que Domi a ajouté.

 

Libre à vous de le croire ou non!

 

Lindgren malchanceux

 

En plus d’être directement responsable du premier but, Charlie Lindgren a joué de malchance sur le troisième alors qu’il a perdu le bouclier qui protège sa main gauche lors d’une mêlée autour de son filet.

 

Il n’a jamais pu le reprendre.

 

Résultat : après s’être débarrassé de son bâton pour cacher sa main nue derrière son dos en guise d’autodéfense, Lindgren a été une proie facile devant Alex DeBrincat qui l’a déjoué d’un bon tir décoché de l’enclave.

 

La règle est claire : les arbitres ne peuvent stopper le jeu lorsqu’un gardien perd accidentellement sa mitaine ou son bouclier – ou les deux – comme ils doivent le faire dès d’un gardien perd son masque.

 

« Peut-être que le règlement devrait être révisé, car les mitaines d’un gardien sont aussi importantes qu’un masque. Il y a des risques de blessures lorsqu’ils doivent faire face, à main nue, à un tir sur réception décoché de l’enclave », a indiqué Claude Julien après le match.

 

Le coach du Canadien a d’ailleurs insisté qu’il plaidait ainsi pour la cause de tous les gardiens et non seulement pour le sien.

 

Lindgren a aussi dû composer avec un bris de bâton plus tôt dans le match. Une situation au cours de laquelle il a appris un nouveau règlement.

 

« Je me suis débarrassé de mon bâton quand j’ai réalisé qu’il était brisé. À mon retour au banc, Carey m’a indiqué que j’avais le droit de le garder contrairement aux joueurs. Je ne le savais pas. Ça n’a pas fait une grande différence sur le jeu, car de la façon dont mon bâton était brisé, je ne crois pas qu’il pouvait vraiment être utile, mais je le saurai pour la prochaine fois », a expliqué Lindgren.

 

Victime de quatre buts sur 28 tirs, l’auxiliaire de Carey Price a mal paru sur au moins deux buts. Mais il a aussi réalisé quelques arrêts du désespoir. Des arrêts qui ne font pas contrepoids à ses lacunes, mais il serait aussi injuste qu’injustifié d’imputer le revers aux mains des Hawks à Lindgren tant l’équipe devant lui est loin d’avoir aidé sa cause.

 

Crawford en état de grâce

 

À l’autre bout de la patinoire, le Montréalais Corey Crawford a toutefois eu un gros mot à dire dans la victoire repoussant 32 des 33 tirs du Tricolore.

 

« Ils ont tiré beaucoup, mais il n’y avait pas beaucoup de très bonnes occasions de marquer dans le lot. Les gars devant moi on fait de l’excellent travail », a indiqué Crawford qui riait de bon cœur de la chute qu’il a effectuée en tout début de rencontre derrière son but.

 

« Disons que ça partait bien mal, c’est l’orgueil qui a fait le plus mal quand je suis tombé. Heureusement, le match a mieux fini qu’il avait commencé », a ajouté Crawford qui domine outrageusement le Canadien au Centre Bell. Non seulement n’y a-t-il encore jamais perdu en temps réglementaire (6-0-2), mais le but de Phillip Danault a mis fin à une séquence de 139 min 39 s au cours de laquelle il a blanchi le Tricolore.

 

« Je ne sais pas comment expliquer ça. Je ne me sens pas mieux ici que dans d’autres amphithéâtres. Les gars jouent bien quand on vient ici. Il me semble qu’ils marquent beaucoup et m’offrent de bons coussins. Mais dans l’ensemble, c’est l’équipe qui joue bien», a indiqué Crawford qui venait de signer sa huitième victoire seulement (8-13-2) en 23 décisions.

 

On a d’ailleurs cru comprendre que Crawford aimerait voir plus d’action devant le filet des Hawks. Un filet qu’il partage avec Robin Lehner, acquis l’été dernier à titre de joueur autonome.

 

« C’est plus facile de garder les buts qui tu y es plus régulièrement. Tu y vas par instinct au lieu d’avoir à repartir à zéro. L’organisation a pris une décision et je dois composer avec ça », a conclu Crawford.

 

En perdant hier soir, le Canadien s’est éloigné encore un peu plus loin des séries. C’est aussi simple que ça.

 

S’il perd encore demain, à Philadelphie, aux mains des Flyers, il faudra cesser de parler d’éloignement des séries et commencer à insister sur une exclusion.

 

Eh oui : c’est aussi simple que ça!

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