Le Canadien a battu les Blues de St Louis, une très bonne équipe de la LNH, un club que plusieurs observateurs considèrent meilleur que le Tricolore, pour la simple et bonne raison qu’il a mieux joué que ses adversaires venus du Mid-Ouest.

Deux jours après avoir été malmené par les Penguins de Pittsburgh, le Canadien a donc trouvé une façon de prouver qu’il peut gagner contre une très bonne équipe de hockey. Il l’a prouvé avec une bonne dose de buts, d’arrêts, de travail et de discipline.

On est habitué de dire que Carey Price est meilleur que les gardiens qui lui font face. Il l’a encore été hier. Jake Allen a réalisé sa part d’arrêts. C’est vrai. Et ce jeune gardien est sans l’ombre d’un doute promis à une belle, voire brillante, carrière. Mais quand est venu le temps d’effectuer les arrêts susceptibles de changer le cours de la rencontre, il n’a pas su s’imposer.

Bon! Max Pacioretty est un franc-tireur. Le meilleur chez le Canadien. Je veux bien croire. Mais il devait s’imposer au moins une fois aux dépens de Pacioretty pour garder son équipe dans le coup.

Il ne l’a pas fait.

À l’autre bout, Price a fait sa part. Il a guidé son équipe vers la victoire. Victime d’un but très malchanceux en fin de première, un coup du sort qui, au lendemain d’une sortie ordinaire face à Pittsburgh, aurait pu avoir des conséquences difficiles, Price s’est tenu debout. Un bon arrêt ici, un autre là, ont permis à Price de voir son équipe niveler les chances et prendre les devants 2-1 en période médiane.

Parce que le Canadien est solide, presque terrifiant, en troisième période (6 buts en première, 20 en deuxième et 28 en troisième), ses chances de victoires étaient plus que bonnes avec 20 minutes à faire.

Mais attention, les Blues de St Louis n’étant pas des manchots (14 buts en première, 14 buts en deuxième, 19 buts en troisième) il ne fallait pas les compter pour battus trop vite.

Ils l’ont d’ailleurs prouvé en début de dernière période avec des assauts rapides et musclés vers le filet de Price. Mais voilà. Au lieu de céder, Price a brillé. Il a brillé une fois devant Jori Lehtera. Il a brillé une autre fois pas longtemps après devant Jaden Schwartz qui avec Lehtera est, soit dit en passant, le complice du sensationnel Vladimir Tarasenko.

Ces deux arrêts de Price ont été suivis du deuxième but de Pacioretty. Au lieu d’avoir à tout recommencer, le Canadien se retrouvait avec deux buts d’avance. Grâce à Price...

Jeu du match

S’il est vrai que Price a gagné des matchs à lui seul cette année pour le Canadien, hier, il n’a fait que sa part.

Car devant lui, son club a bien joué. Vraiment bien.

Le trio de Desharnais a bien fonctionné. Desharnais a fait une belle passe à Pacioretty sur son deuxième but. Sur le premier, c’est Parenteau qui lui a offert une échappée.

Oui Bouwmeester a commis le péché mortel de tenter de bloquer une rondelle au vol avec son bâton au lieu de mettre son corps devant, mais il faut aussi donner le crédit à ceux qui réalisent les jeux.

Mais le jeu du match, ce ne sont ni Price ni Pacioretty qui l’ont réalisé.

Le jeu du match, c’est Dale Weise – avec la complicité de Kevin Shattenkirk – qui l’a réalisé en nivelant les chances dans la rencontre. Pendant que Shattenkirk attendait que ses coéquipiers complètement des changements au banc et qu’ils se placent sur la patinoire, Weise montait la garde devant le filet. Sans bouger, il a endormi Shattenkirk qui a dû oublier sa présence, car il a tenté une passe suicide que Weise a habilement bloquée. Et comme si cette première erreur de l’excellent défenseur des Blues n’était pas déjà assez grave, il a fait tomber son gardien pour faciliter le travail du plombier du Canadien. Un plombier qui travaille bien. Un plombier qui travaille fort. Un plombier qu’on aime voir être récompensé par ses quatre buts et neuf points en 18 matchs.

L’autre fait saillant du match pour le Canadien : il n’a pas écopé la moindre pénalité mineure. Et je ne peux pas dire que les arbitres ont fermé les yeux sur quelques infractions flagrantes.

Ça non.

C’était la première fois cette saison que le Canadien évitait le cachot. La première fois depuis plus de deux ans. Vous direz qu’il n’a écopé une seule pénalité mardi contre les Penguins qui l’ont rossé. C’est vrai.

Mais s’il n’a pas écopé de pénalité tout en jouant pour vrai hier, contrairement à mardi, c’est parce que le Canadien a patiné au lieu de se laisser glisser. Qu’il s’est impliqué au lieu de se laisser traîner.

Contre des Blues qui occupaient avant le match le 2e rang de la LNH en avantage numérique (25,4 % d’efficacité) et le premier rang sur la route (30,4 %) cette belle discipline du Canadien mérite d’être saluée.

Tout plein de troisièmes étoiles

J’aurais donné ma troisième étoile à Weise. Mes collègues de l’Antichambre l’ont donnée à Gonchar. Je n’ai rien contre. Il a touché un poteau en première période. Il a bien défendu son territoire durant plus de 21 minutes de jeu.

Jiri Sekac, qui m’épate toujours autant avec son implication dans les trois zones et son explosion en attaque, aurait lui aussi pu être auréolé. De fait, il l’a été. Car c’est lui qui a saisi la passe de Prust pour refiler ensuite la rondelle à Eller qui a marqué le plus beau but de la soirée. Un but qui confirmait une victoire qui l’était déjà pas mal il faut le dire. Mais un très beau but néanmoins.

Price a très bien joué. Le premier trio aussi, tout comme le troisième sans oublier les joueurs de soutien. Mais le deuxième a frappé à la porte quelques fois lui aussi. Plekanec, Gallagher, Galchenuyk. Ces trois gars-là travaillent, patinent, frappent à la porte.

Mais ils devront peut-être apprendre à mieux doser leur énergie. À commencer par Galchenuyk qui est déjà une étoile filante sur la glace. Pourquoi alors multiplie-t-il les feintes comme il le fait. C’est beau à voir. Vraiment ! Mais le pauvre gars se complique tellement la vie qu’il perd plus souvent la rondelle qu’il arrive à compléter des jeux.

C’est l’expérience qui rentre. Du moins j’imagine. Mais une fois que Galchenyuk aura la pleine maîtrise de sa vitesse, de ses mouvements et de son talent, il sera vraiment très dangereux. Pour l’instant, on le sent frustré sur la glace. Mais on sent aussi que la crème est sur le point de remonter sur le petit lait.

Allen : d’autre renfort à la ligne bleue

En défensive, le Canadien n’a pas mal fait non plus.

Markov a encore été le plus complet des défenseurs. Subban, après quelques erreurs en première, s’est raplombé du moins en défensive.

Je n’aime pas plus Emelin qu’avant, mais il a connu un fort match dans ses limites et Tom Gilbert a été égal à lui-même.

Sur la feuille officielle, on lui accorde deux revirements et un tir bloqué comme bilan de la soirée. Il n’est pas écrit qu’il s’est contenté de dire à Steve Ott de ne pas recommencer après que l’agitateur des Blues eut envoyé Carey Price sur le derrière en fin de troisième.

Je me demande encore ce que le Canadien a vu en Gilbert.

Mais s’il s’est trompé – l’avenir nous le confirmera peut-être – il est clair que Marc Bergevin prend les moyens pour colmater les brèches relevées dans sa brigade défensive en début de saison.

Après Sergei Gonchar la semaine dernière, Bergevin a acquis les services de Bryan Allen jeudi. Allen n’est pas un grand défenseur. En fait oui il est grand. Grand en taille, et il est un brin ou deux meilleur au hockey que ne l’était Douglas Murray l’an dernier.

Mais Allen est avant tout un défenseur qui viendra protéger la zone défensive et surtout Carey Price. Pas un matamore. Ça non ! Mais un gars qui saura s’imposer physiquement bien davantage que les défenseurs actuels.

Si Jarred Tinordi avait joué comme le Canadien s’attendait qu’il joue, Bryan Allen serait encore à Anaheim ce matin. Et René Bourque serait encore à Hamilton au lieu de mettre le cap sur la Californie. Car oui, il rejoindra les Ducks dès demain.

Mais en attendant que Tinordi se développe et en attendant que Gilbert joue comme le défenseur que le Canadien croit peut-être encore avoir embauché l’été dernier, il fallait que Bergevin bouge.

Il a donc bougé.

Et c’est très bien ainsi. Car comme c’est le cas avec le contrat de Gonchar (5 millions $) le contrat d’Allen (3,5 millions $) arrive à échéance. Une fois la saison terminée – s’il décide de les laisser aller tous les deux – Marc Bergevin aura 8,5 millions $ à sa disposition pour éponger les hausses salariales commandées par les Gallagher, Galchenyuk et compagnie.

Parce qu’Allen est gaucher, mais qu’il joue surtout à gauche contrairement à Gonchar qui évolue à droite, je m’inquiète un peu du sort de Nathan Beaulieu.

Markov et Emelin étant assurés de leur poste, Beaulieu semble le plus susceptible d’écoper puisque Allen affichait un temps d’utilisation de près de 18 minutes avec les Ducks.

Et Bourque?

Comme l’a dit Marc Bergevin, il part le cœur heureux, le pied léger et le sourire aux lèvres vers Anaheim où il trouvera le soleil et peut-être de très bons compagnons de jeu.

S’il devait évoluer avec Getzlaf et Perry, Bourque pourrait marquer des buts. C’est sur. Car vous et moi marquerions aussi des buts avec Getzlaf et Perry. Mais des buts, Bourque n’en marquait plus ici. Et s’il joue aussi mollement là-bas qu’il jouait ici, les Ducks auront besoin de quatre, six ou huit semaines, mais ils finiront par se dire que Calgary et Montréal ont finalement eu raison de cesser de lui donner des chances. Des chances qu’il a gaspillées au lieu d’en profiter.

S’il en profite?

J’espère ne pas entendre personne dire qu’il n’a jamais vraiment eu sa chance à Montréal, ou de lire qu’on a encore gaspillé un beau talent à Montréal.

Simonac!