NEW YORK – À quelques heures du match pivot de la série qui oppose son équipe au Canadien, Alain Vigneault s’est bien gardé de promettre une victoire. L’entraîneur-chef des Rangers a toutefois promis que son équipe serait prête.

« Nos joueurs doivent respirer; ils doivent aller sur la patinoire; ils doivent performer. Nous devons prendre les moyens pour renverser la série et nous le ferons », a indiqué Vigneault.

En quête d’un premier but en avantage numérique après trois matchs (0 en 10), les Rangers pourraient compter sur du renfort ce soir. Pavel Buchnevich – huit buts et 20 points cette saison – s’est entraîné au sein de l’avantage numérique lundi. Il n’était pas sur la patinoire du Madison Square Garden ce matin avec les autres substituts des Rangers alors que Tanner Glass y était. Des indications claires que la recrue pourrait disputer un premier match en séries. Une indication que Vigneault a toutefois refusé de confirmer.

« Je vais faire tout ce qu’il est possible de faire pour mousser les chances de victoires de mon équipe. Si je dois apporter des changements à ma formation, je le ferai. Mes décisions sont prises, les joueurs sont au courant, mais vous verrez en temps et lieu », a-t-il indiqué.

Première recrue des Rangers à amasser au moins 13 points à ses 13 premiers matchs en carrière depuis Don Maloney en 1978-1979, Buchnevich aidera – je suis convaincu qu’il jouera à moins qu’il ne se blesse d’ici le début de la rencontre – les Rangers dans leur quête d’un meilleur contrôle de la rondelle. Que ce soit en avantage numérique ou à forces égales.

« On a disputé de bonnes parties, ou du moins de bonnes périodes, à Montréal. Ici, dimanche, on ne l’a pas fait. Et quand on regarde les statistiques de cette partie, on remarque un bien trop grand nombre de revirements de notre part. Il faudra mieux contrôler la rondelle pour réduire ces revirements offerts au Canadien. C’est le principal point que je veux améliorer ce soir. En attaque à cinq, nous devrons créer des jeux et prendre les moyens pour y arriver. Je suis sûr que nous renverserons la situation des trois premiers matchs », a ajouté l’entraîneur-chef des Rangers.

Les Rangers devront renverser la situation en attaque massive s’ils veulent mousser leurs chances de renverser la situation dans la série.

Car bien que plusieurs observateurs considèrent que les matchs impairs sont les plus importants dans une série quatre de sept, je suis d’avis que la quatrième partie est la plus importante de toutes... exception faite de la septième. Cette quatrième partie est la rencontre pivot qui ramène les deux clubs à égalité ou qui accule une des formations au pied du mur.

Dans le camp du Canadien, Claude Julien n’anticipe aucun changement. Normal. Il n’a aucune raison de modifier une formation qui lui a offert un match presque parfait dimanche. Seule la grippe qui flotte autour du vestiaire de l’équipe pourrait pousser l’entraîneur-chef du Canadien à effectuer un changement.

Le monde à l’envers

En attendant le résultat de cette quatrième partie cruciale, il est clair que les trois premières rencontres ont apporté un lot de surprises.

Des surprises que ceux qui ont choisi les Rangers pour battre le Canadien au même titre que ceux qui ont choisi le Tricolore pour vaincre les Blue Shirts n’avaient pas anticipées.

Henrik Lundqvist qui, de l’avis général, représentait le maillon faible des Rangers est peut-être le seul de son camp à être sans faille et sans reproche depuis le début du duel Montréal-New York. À cause des rebonds généreux qu’il multiplie et du fait qu’il semble souvent en déséquilibre devant son filet, il est impossible de dire que Lundqvist est parfait. C’est un fait. Mais avec sa moyenne d’efficacité de 94,1 % et une moyenne de 2,16 buts accordés par match au Canadien, Lundqvist dépasse largement des attentes des fans des Rangers. Il fait surtout mentir toutes les prétentions de ses détracteurs qui ne pouvaient choisir les Rangers gagnants dans cette série en raison de sa saison ordinaire et de ses statistiques plus ordinaires encore – pour ne pas dire mauvaises et inquiétantes – contre Montréal... particulièrement à Montréal.

Inversement, l’attaque si bien répartie des Rangers au sein de quatre trios rapides, combatifs, incisifs et surtout productifs n’a pas encore donné signe de vie.

Le monde à l’envers!

On relève le même genre de renversement de situation dans le camp du Canadien.

Oui! Carey Price excelle. Ses statistiques – 1,53 but accordé par partie et une efficacité de 94,4 % – en témoignent d’ailleurs avec éloquence. Cela dit, Price a maintenu ces statistiques sans avoir à sauver les fesses de ses coéquipiers. Ou si peu. Des coéquipiers qui jouent tellement bien devant lui qu’ils lui rendent la vie facile... ou presque.

Là aussi on peut parler de monde à l’envers...

Shea Weber est comme prévu impérial. Ça oui. Andrei Markov, malgré son âge, l’épaule avec aplomb et intelligence. Remarquez que personne, ou à peu près, ne doutait des chances de réussite de ce duo qui peut rivaliser avec les meilleurs de la LNH en ce moment.

Alexander Radulov répond lui aussi aux attentes. Même plus. Le moteur offensif du Canadien fonctionne à plein régime ce qui est un gage de succès immédiat pour l’équipe et un gage de contrat très lucratif pour l’avenir.

Plekanec renversant

Mais ceux qui, comme moi, misaient sur Max Pacioretty et le premier trio pour donner le ton au Canadien dans sa quête d’ébranler Lundqvist pour ensuite abattre les Rangers, doivent admettre leur manque de flair puisque c’est, et de très loin, le trio de Tomas Plekanec flanqué de Paul Byron et Brendan Gallagher qui est le fer-de-lance du Tricolore. Celui qui joue le mieux. Celui qui est le plus efficace pour déranger les Rangers autant en les stoppant défensivement qu’en les dominant offensivement. Sans oublier l’effet bœuf de Gallagher qui harangue les Rangers sans bon sens. Un autre gage de réussite pour le Canadien.

Je n’ai rien à reprocher à Pacioretty et aux autres attaquants du Canadien qui font bien leur travail. Bon! Comme plusieurs, j’aimerais que Pacioretty soit plus dangereux autour du filet des Rangers. Mais le capitaine fait du bon boulot sur la glace et il semble assumer son rôle de leader de la bonne manière tant l’équipe semble détendue, concentrée et surtout unie et confiante.

Mais en fait d’efficacité et de constance, c’est le trio de Plekanec qui domine. Ce qui m’amène à vous poser cette question : Honnêtement, qui d’entre vous avait la certitude que Plekanec serait le meilleur joueur de centre du Canadien après trois rencontres et que ses ailiers seraient les plus réguliers du Tricolore?

J’ai dit honnêtement!

Frapper c’est bien, avoir la rondelle c’est mieux

Après la réunion qu’il a convoquée lundi après-midi au lieu de diriger un entraînement sur la patinoire – un entraînement qui aurait été bien inutile tant la machine du Tricolore est bien huilée – j’ai demandé à Claude Julien ce qui le surprenait le plus dans la tenue de son équipe et de ses joueurs.

J’espérais qu’il me parle des performances de Plekanec, Byron et Gallagher. J’espérais qu’il me parle de l’implication totale et sans le moindre appel de tous les joueurs dans toutes les circonstances.

Il ne l’a pas fait.

Il a plutôt parlé de l’aspect physique de la série. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de mises en échec. À ce que le jeu soit aussi rude bien qu’il soit très propre. J’aime voir la façon dont nos joueurs composent avec la robustesse des Rangers. »

L’entrée en scène probable de Buchnevich changera la donne ce soir. Du moins il le faudra. Car si les Rangers ont raison de vouloir être incisifs dans leur échec avant, ils devront cesser de distribuer des mises en échec sans compter.

Frapper les adversaires c’est bien beau, mais quand tu frappes autant, ça veut dire que tu n’as pas la rondelle. Et si les Rangers veulent niveler la série au lieu de faire face à l’élimination dès jeudi, au Centre Bell, ils devront marquer des buts. Et pour marquer des buts, ça prend la rondelle...

Après trois matchs au cours desquels les rôles ont été renversés, il faudra que les trios des Rangers redeviennent les menaces qu’ils ont été tout au long de la saison.

Si c’est le cas, Carey Price devra redevenir la pierre d’assise du Canadien. Il devra être le grand responsable de la victoire du Canadien. Car si Price connaît une autre soirée pénarde devant son but, le Canadien se sauvera avec le match et avec la série.

Le pire qui pourrait arriver aux Rangers serait que l’attaque marque deux, trois, quatre buts et que Lundqvist, après trois matchs très solides malgré les rebonds accordés et les déséquilibres remarqués, offre des buts en cadeaux au Canadien.

Comme quoi cette série renversante après trois parties, le deviendrait plus encore. Au grand plaisir des uns, au grand dam des autres.

Bon match!

Trios du CH à l'entraînement :

Pacioretty-Danault-Radulov
Byron-Plekanec-Gallagher
Lehkonen-Galchenyuk-Shaw
King-Ott-Mitchell

« On sait que les Rangers vont tout donner ce soir. »
« On va jouer notre meilleure partie de la saison »