Au début du calendrier régulier, rares étaient ceux qui percevaient la nouvelle campagne du Canadien avec optimisme. Puis, cette édition revampée de la Sainte-Flanelle a su faire taire ses détracteurs, offrant un spectacle excitant à chacune de ses sorties et luttant pour une place en séries éliminatoires jusqu’au dernier weekend.

 

Alors que l’heure est au bilan, certains amateurs sont amers de l’élimination de leurs favoris pendant que d’autres sont satisfaits de la marge de progression du club au cours de la dernière saison. Avec une récolte de 96 points, le Canadien n’a pas à rougir de ses performances, surtout qu’il n’avait amassé que 71 points en 2017-18.

 

Tableau progressionCe qui est d’autant plus intéressant, c’est que le Tricolore présente encore une marge de progression importante, alors que plusieurs facettes de son jeu ont été déficientes cette année et que plusieurs jeunes seront appelés à assumer de plus grandes responsabilités dans un futur rapproché.

 

À l’attaque, le premier constat est que le Canadien a généré un volume impressionnant de tirs et que bien trop souvent ces lancers provenaient de la périphérie. Cela explique d’ailleurs en grande partie les ennuis de la Sainte-Flanelle sur l’avantage numérique, facette qui a fait défaut tout au long de l’année.

 

Pour un même temps passé à égalité numérique, le Tricolore a cadré un nombre respectable de tirs depuis l’enclave et le bas de l’enclave, et ce, même si la plupart de ses lancers provenaient de la périphérie. Il en résulte que le Canadien s’est hissé au 13e rang de la LNH quant au nombre de buts inscrits pour chaque tranche de 60 minutes de jeu à forces égales.

 

Sur l’avantage numérique, la plupart des tirs du Tricolore provenaient encore une fois de la périphérie. La différence est que tout au long du calendrier, il n’a pas été véritablement en mesure de cadrer ses frappes depuis l’enclave en de telles circonstances.

 

Si le Canadien veut noircir la feuille de pointage avec régularité sur l’attaque à cinq, il devra impérativement mieux exploiter l’enclave la saison prochaine. Ce n’est pas sans hasard que ses derniers buts inscrits sur l’avantage numérique l’ont étés depuis l’enclave, considérant que le tireur y bénéficie d’un angle optimal et que le temps de réaction y est minimal.

 

De plus, si le CH parvient à se faire menaçant depuis l’enclave sur l’avantage numérique, cela donnera plus d’espace à Shea Weber qui pourra alors faire encore plus de ravages avec son boulet de canon.

 

Tableau progression 2Une autre facette que le Canadien doit améliorer en vue de la prochaine campagne, c’est son jeu de transition.

 

En 2018-19, aucune autre formation n’a transporté plus régulièrement le disque hors de son territoire défensif que le Canadien. En effet, la plupart des sorties de zone du CH ont été effectuées par un joueur qui transportait lui-même le disque plutôt que par une passe.

 

Cela est surprenant, considérant qu’aucun joueur ne se déplace plus rapidement que la rondelle sur la patinoire et que l’ADN du Canadien repose sur sa rapidité d’exécution.

 

Cette situation s’explique par le manque d’habiletés de la brigade défensive au moment d’organiser les sorties de zone.

 

Les arrières de la Sainte-Flanelle n’ont pas réalisé souvent cette action et lors de telles séquences, le Canadien a perdu beaucoup trop souvent la possession du disque dans les instants qui suivirent. C’est un indice indéniable comme quoi ces sorties de zone étaient de piètre qualité.

 

En améliorant cette facette du jeu, non seulement le Canadien conservera davantage la possession du disque, il sera également plus menaçant offensivement alors que ses attaquants pourront mieux utiliser leur vitesse pour prendre l’adversaire à contre-pied après avoir capté une passe en zone neutre. Ultimement, ceci devrait mener à un plus grand nombre de chances de marquer générées en contre-attaque.
 

Finalement, le Canadien devra miser sur un meilleur gardien substitut la saison prochaine, alors que les performances d’Antti Niemi n’ont pas été à la hauteur.
 

Au-delà des statistiques, le rôle d’un gardien auxiliaire est de donner une chance à son club de l’emporter à chacune de ses sorties, permettant ainsi au portier principal d’être utilisé avec parcimonie afin de ne pas être surtaxé.

 

Visiblement, Claude Julien avait perdu confiance en Niemi, après que celui-ci ait connu quelques sorties compliquées. Ceci a même forcé Carey Price à disputer 13 rencontres consécutives aux mois de mars et d’avril.

 

Tableau progression 3Cette saison, Niemi a été trompé par le tiers des tirs qu’il a reçu depuis le bas de l’enclave et aussitôt qu’un adversaire cadrait un lancer depuis le centre de la patinoire, il avait une chance réelle de tromper le cerbère finlandais. C’est sans dire que Niemi a accordé trop de retours de lancers, ce qui a complexifié le travail de ses défendeurs.

 

En somme, après avoir connu une saison prometteuse, la marge de progression du CH est encore intéressante, alors qu’il y a encore place à l’amélioration. Si le Canadien est en mesure de mieux exploiter l’enclave sur l’avantage numérique, d’orchestrer davantage de sorties de zone via ses défenseurs et de compter sur les services d’un bon gardien auxiliaire, il serait fort surprenant que le club montréalais manque à nouveau les séries éliminatoires l’an prochain.

 

Le reset commandé par l’état-major pourrait nécessiter beaucoup moins de temps qu’anticipé, alors que quelques ajustements mineurs pourraient rapporter gros la saison prochaine.