Cayden Primeau : calme, confiance et sérénité
Canadiens jeudi, 12 déc. 2019. 07:12 jeudi, 12 déc. 2024. 04:29
MONTRÉAL – Chaque fois qu’il sort de la patinoire, Cayden Primeau a l’air d’un gars qui se relève d’une table de massage. Le ton de sa voix donne l’impression qu’il a peur de réveiller son voisin de casier. Ses grands yeux bruns sont porteurs d’une sérénité qui donne envie d’aller voir d’où il arrive. Son sourire est timide, ses réponses courtes et modestes. Les hommes confiants sont souvent ceux qui parlent le moins.
C’est comme ça entre deux matchs d’une grande compétition internationale, c’est comme ça après un entraînement du Rocket de Laval et c’était aussi comme ça mercredi soir dans le vestiaire du Canadien, à peine une dizaine de minutes après qu’il eut remporté sa première victoire dans la Ligue nationale. Seule une subtile étincelle dans son regard trahissait la grandeur du moment.
« C’est fou. C’est fou comment la dernière semaine a été remplie d’émotions, repensait le gardien de 20 ans après avoir aidé le Tricolore à battre les Sénateurs d’Ottawa en prolongation. C’est une grosse victoire, pas juste pour moi personnellement, mais pour l’équipe. »
Cette victoire était la troisième consécutive pour le Canadien depuis que Primeau avait été battu par l’Avalanche du Colorado à son baptême des ligues majeures six jours plus tôt. Le cerbère recrue a avoué s’être senti plus à l’aise à son retour devant le filet, une estimation qui s’est reflétée dans l’évaluation de son entraîneur.
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« Je n’ai pas vu les signes de nervosité que j’avais vus dans la première période de son premier match, a dit Claude Julien. C’est un autre pas dans la bonne direction pour lui. Il était calme et a fait de bons arrêts. J’ai aimé son match. Il a bien défié les tireurs et a fait quelques gros arrêts sur des 2-contre-1. Qu’on le revoit demain ou dans quelques années, je crois qu’il est voué à un bel avenir. »
Quand Tomas Tatar a donné une avance de deux buts au Canadien dans les premières secondes de la troisième période, on s’est permis de se demander si l’équipe concentrerait le reste de ses efforts sur la protection du jeu blanc de son jeune portier. Les Sénateurs ont toutefois créé l’égalité dans les treize minutes de jeu suivantes pour amener le suspense en prolongation.
« Le jeu à 3-contre-3, ça peut être pas mal épeurant pour un gardien. J’ai commencé la période en me rappelant que la victoire ne reposait pas sur mes épaules. Je devais simplement faire mon travail et me concentrer sur le prochain lancer », a sagement confié Primeau, qui n’a finalement pas vu un seul tir en situation de mort subite.
Ryan Poehling, qui a connu Primeau au sein du programme national américain et avec le club-école du Canadien, a dit ne pas être surpris par la qualité du jeu offert par son compatriote depuis son rappel dans la LNH.
« Ça me rappelle un peu ce qu’il avait fait pour nous l’an dernier au Championnat du monde junior. Ça avait surpris tout le monde qu’il n’amorce pas le tournoi dans le rôle du numéro un, mais ça ne l’avait pas déstabilisé. On a perdu quelques matchs dans la ronde préliminaire, le poste de titulaire s’est offert à lui et il a répondu comme on l’a vu répondre ce soir. »
Le rendement de Primeau forcera-t-il la direction du Canadien à revoir le plan qu’elle avait imaginé lorsqu’elle avait pris la décision de renvoyer le vétéran Keith Kinkaid dans la Ligue américaine? En deux matchs dans la LNH, Primeau montre un taux d’efficacité de ,931 et une moyenne de buts alloués de 2,52. Avec le même échantillon dans la Ligue américaine, Kinkaid affiche un taux d’efficacité de ,870 et une moyenne de buts alloués de 3,77 avec le Rocket.
« Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu, a répondu Claude Julien. Est-ce qu’on va faire jouer [Primeau] une fois aux 4-5 matchs ou bien plus souvent pour lui donner la chance de s’améliorer? Ce sont des décisions qu’il va falloir prendre en cours de route. On voit un gardien qui fait du bon travail et qui a un beau futur devant lui, mais comment on va le gérer d’ici la fin de la saison, c’est une question qui se pose non seulement ici, mais aussi à l’interne. »