Au début du mois d’octobre, Artturi Lehkonen a percé l’alignement du Canadien de Montréal. À ce moment, plusieurs pensèrent que le Finlandais avait réalisé pareil fait d’armes parce qu’il était contractuellement forcé de rejoindre le circuit suédois, s’il n’était pas pour se tailler un poste avec la Sainte-Flanelle. Même que le Tricolore fit tout en son pouvoir pour que Lehkonen paraisse bien lors du camp d’entraînement, devant combler un besoin criant à l’aile gauche. Aujourd’hui, nous sommes obligés de constater que Lehkonen est bien et bel du calibre de la LNH avec 10 buts en 36 parties, ces chiffres étant plus que respectables, particulièrement pour une recrue.

Pourtant, Artturi Lehkonen n’est pas le joueur le plus flamboyant qui soit. Même que chez les attaquants du Canadien ayant joué sur une base régulière cette saison, le numéro 62 est celui étant le moins souvent en possession du disque en zone offensive proportionnellement à son temps d’utilisation à égalité numérique. Il est également l’attaquant réalisant le moins d’actions lors d’une rencontre en pareilles circonstances. Alors, comment expliquer que Lehkonen connaisse du succès dans l’uniforme tricolore?

À l’instar d’Andrew Shaw et de Brendan Gallagher, Artturi Lehkonen est un attaquant de petit gabarit se démarquant par son travail devant le filet, mais contrairement à ceux-ci, ce n’est pas en voilant les gardiens, en bataillant avec les défenseurs ou en déviant des tirs qu’il connait du succès. Il préfère se positionner un peu plus haut dans l’enclave et cette stratégie lui sourit pour le moment.

Le principal atout du jeune Finlandais est son opportunisme. Il est loin d’être le joueur le plus impliqué dans le cours d’un match, mais ses actions peuvent néanmoins renverser ce même match. En effet, Lehkonen vient au deuxième rang chez le Canadien au moment de générer des chances de marquer proportionnellement à son temps de glace à forces égales, réalisant cette action à 3 reprises, alors que seul Gallagher réussit pareil exploit plus souvent.

Tous les buts de Lehkonen furent inscrits depuis l’enclave, zone extrêmement payante, comme 76% des buts inscrits dans la LNH le sont actuellement depuis cet emplacement. C’est justement en excellant dans l’enclave que Lehkonen génère un grand nombre de chances de marquer.

Plus spécifiquement, la majorité de ses filets furent marqués à la suite d’un retour de lancer ou d’une passe captée dans l’enclave. Il est rare que Lehkonen transporte lui-même la rondelle dans cette zone, ce qui explique son faible temps de possession en zone offensive et son petit nombre d’actions effectuées lors d’une rencontre, ce qui ne l’empêche pas pour autant de connaître du succès.

En effet, Lekhonen se positionne régulièrement un peu plus bas que la hauteur des oreilles devant le filet adverse. C’est son endroit de prédilection. Lorsque ses compagnons de trio bourdonnent à proximité de la cage, les défenseurs finissent par l’oublier et se compromettent vers ceux-ci. C’est à ce moment que Lehkonen devient menaçant, étant souvent laissé seul dans l’enclave.

Il en résulte qu’il est le joueur du Tricolore recevant le plus de passes dans l’enclave, usant de ce procédé afin de se libérer. Après avoir capté une telle passe, il tire alors au filet, décochant un tir de qualité, comme il a souvent amplement le temps de dédaigner.

De la même façon, Lehkonen a marqué sur plusieurs retours de lancer cette saison. Pourtant, il se classe au huitième rang chez le Canadien pour le nombre de retours saisis proportionnellement à son temps de glace à forces égales, sauf que plusieurs de ces retours survinrent dans l’enclave, alors que Lehkonen était laissé fin seul. À ces occasions, il fut en mesure de faire payer ses adversaires pour leur couverture défaillante.

Plus la saison avancera, plus les adversaires de Lehkonen cerneront son stratagème. Cela sera d’autant plus vrai en séries éliminatoires, alors que les séances vidéo seront intensifiées et qu’il affrontera sur une base presque quotidienne les mêmes adversaires. Ceux-ci finiront par s’ajuster au jeu du petit ailier gauche, qui devra alors redoubler d’ardeur face à ce nouveau défi.

Quoi qu’il en soit, Lehkonen a déjà prouvé par le passé qu’il pouvait performer dans les moments importants, se révélant notamment un acteur prédominant des victoires de Frolunda, son club dans le circuit suédois, en Ligue des Champions et en séries éliminatoires l’année dernière. Certes, la LNH n’a rien à envier aux meilleurs circuits européens, mais partout où il a évolué, Lehkonen a su s’adapter et faire sa place, ce qui est plus qu’encourageant pour les partisans du Canadien.