MONTRÉAL – Jeff Petry est arrivé au podium avec un calcul simple qui ne pouvait mieux résumer le début de saison cauchemardesque du Canadien après une humiliante défaite aux mains des Sharks de San Jose, mardi.

« La saison est vieille de quatre matchs et on en a joué deux comme celui-là. Dans la moitié de nos matchs, il n’y a eu aucun effort », s’est lamenté le vétéran défenseur.

Cinq jours après avoir été déclassés par les Sabres de Buffalo, un club qui compte sur la plus basse masse salariale de la Ligue nationale et qui est engagée dans une reconstruction assumée, les Montréalais ont subi le même genre d’affront. Ils ont été blanchis 5-0 et subi une quatrième défaite consécutive. Les plus récents finalistes de la coupe Stanley sont la seule équipe de l’Association Est toujours sans victoire et la seule de tout la ligue sans point au classement.

« Zéro-quatre, je ne sais pas, a répondu l’entraîneur Dominique Ducharme quand on lui a demandé si ses joueurs méritaient ce qui leur arrivait. Mais ce soir, on ne méritait pas de gagner. D’habitude, la game est pas mal honnête. Elle a été honnête avec nous autres ce soir. »

Le Canadien s’est rapidement fait dire ses quatre vérités. Il n’y avait pas quatre minutes d’écoulées que les Sharks menaient par deux buts. À la fin de la première période, les visiteurs avaient autant de buts (3) que leurs hôtes avaient de tirs cadrés.

« En première période, on s’est battus nous-mêmes, a dit Ducharme. On perdait des courses en revenant vers notre zone, on perdait des couvertures. On a donné beaucoup trop de chances pour rien et ils en ont profité. »

Les Sharks n’ont rien fait de tout ça en réinventant la roue. Ils ont lancé souvent, presque chaque fois en plaçant des corps dans la trajectoire de la rondelle, et ont été plus combattifs à la récupération de la rondelle. Quatre de leurs cinq buts ont été marqués sur un tir de loin alors qu’un joueur occupait le devant du filet.

Ducharme a pris la peine d’affirmer que ce modus operandi avait été bien identifié par le personnel d’entraîneurs et que les solutions pour le contrer avaient été clairement identifiées, mais que ça n’avait rien donné.

« Il fallait qu’on défende l’enclave, qu’on protège mieux notre zone et qu’on fasse avorter des jeux en amont. C’est un manque d’exécution et un manque d’engagement sur certains jeux qui nous ont fait payer le prix », a déploré l’entraîneur.

« Les équipes adverses font circuler la rondelle sous nos yeux, la vie est belle, elles s’imposent dans notre zone. On se retrouve dans une situation où on ne fait que regarder la rondelle, pestait Brendan Gallagher dans son humeur post-défaite habituelle. Si on veut jouer en zone offensive, si on veut jouer où c’est le fun de jouer, il faut tuer le jeu et sortir de notre zone. Présentement, on n’est pas assez bon pour mériter ça. »

Retourner à la base

Pour remédier à la situation, Jeff Petry croit que ses coéquipiers et lui doivent simplifier les choses et retourner à la base.

« Trop souvent, on s’éloigne de la rondelle et on rend nos gars vulnérables. On ne joue pas en unité de cinq et si on continue comme ça, ça ne nous mènera nulle part. On a besoin d’un meilleur effort de tout le monde. Il faut jouer simplement et avec acharnement. Présentement, ce n’est pas ce qu’on fait. On reste en périphérie et on ne s’apporte aucun support. »

« La bonne façon de s’en sortir, c’est de recommencer à faire confiance à ceux qui nous entourent et à assumer la responsabilité de nos actions. Chacun doit faire son travail sans essayer d’en faire trop », ajoute Gallagher.

Ducharme rejette la théorie selon laquelle les nouveaux tardent à assimiler le système. Il est plus enclin à épouser la thèse des durs lendemains de veille, qui veut qu’il soit difficile de trouver la motivation en début de saison quand on se battait pour les grands honneurs quelques mois plus tôt.

« C’est sûr que c’est un piège. Quand t’arrives si près du but et qu’il faut que tu recommences rapidement, il y a une partie mentale. Cette partie mentale présentement, elle nous fait défaut. Mais à un moment donné, il faut que tu tournes la page, que tu mettes tes bottes et tes gants de travail et que tu le fasses de la bonne façon. Il faut travailler, mais de la bonne façon. »

« Ça va être dur, anticipe Gallagher. On va en entendre parler partout où on va aller. Mais la bonne chose, c’est que dans quelques jours, on a la chance de rebondir et, je l’espère, de faire preuve d’un peu de caractère. On a la chance de répondre de la bonne façon. »

Les vétérans sont frustrés
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