Le Canadien n’a pas confirmé sa place en séries éliminatoires le printemps prochain en battant le Wild du Minnesota mardi au Centre Bell.

Mais cette victoire a eu un effet ô combien bénéfique pour l’équipe, les entraîneurs, la direction et même les partisans. Cette victoire a permis au Tricolore, à commencer par l’entraîneur-chef Michel Therrien, de freiner l’élan de pessimisme et la vague de contestation qui commençaient à secouer le Centre Bell.

Déjà? Oui déjà! Et ne me dites pas que vous ne l’aviez pas remarqué.

Bon! Des défaites consécutives, ce soir, à Washington, face aux Capitals et demain, au Centre Bell, dans le cadre de la première escale montréalaise de Sidney Crosby et des Penguins effaceraient, du moins en partie, les conséquences positives du gain de mardi. C’est évident. Mais si le Tricolore échappe ces deux matchs, la victoire de mardi deviendra d’autant plus importante. Elle servira alors de bouée à laquelle tous les membres de l’organisation pourront s’accrocher.

Et parce qu’il a battu un autre club solide de l’Ouest – il a obtenu le même genre de succès lors de la visite des Ducks d’Anaheim et de son escale annuelle à Vancouver – le Canadien a pu préparer les matchs difficiles qui l’attendent, ce soir, face aux Capitals et samedi face aux Penguins dans la bonne humeur. Il a pu s’envoler vers la capitale américaine soufflé par un vent de confiance au lieu d’être ralenti par des bourrasques de doutes. Une confiance timide, certes. Mais une confiance quand même.

Si son équipe avait perdu mardi, Michel Therrien aurait difficilement pu offrir des congés comme il l’a fait mercredi et jeudi.

Si son équipe avait perdu mardi, et pis encore, si Pacioretty, Desharnais, Brière n’étaient pas sortis de la torpeur offensive dans laquelle ils s’enlisaient dangereusement depuis le début de la saison, Michel Therrien aurait encore dû jongler avec ses trios. Il aurait encore dû brasser ses joueurs. Il aurait encore dû défendre ses décisions et surtout s’assurer de maintenir le plein contrôle de son équipe.

Mais le Canadien a gagné mardi. Et en battant le Wild de la façon dont ils l’ont battu, les joueurs ont permis à leur coach de passer les 48 dernières heures dans un calme relatif au lieu de l’obliger à broyer du noir.

Tout ça à cause d’une seule victoire?

Oui!

Depuis le temps que je couvre des équipes de la LNH, depuis le temps que je suis les activités du Canadien sur une base quotidienne, j’ai toujours été impressionné par les bienfaits d’une victoire tombée du ciel pour mettre fin à une séquence difficile. Même banales, ces victoires ont toujours servi de baume. Imaginez alors les conséquences positives d’un gain aux dépens d’un gros club comme le Wild.

Surtout que cette équipe s’est reprise dès le lendemain, à Ottawa, prolongeant la glissade des Sénateurs au classement. Ce qui a doublement fait l’affaire du Tricolore.

Une victoire demeure une victoire! Elle n’ajoute pourtant que deux points au classement diront plusieurs. Avec raison.

Mais il y avait bien plus que les deux points au classement à l’enjeu mardi. Pour le Canadien bien sûr. Il y avait la relance d’un début de saison qui a attisé les doutes au lieu de solidifier la confiance. Une relance dont le Tricolore avait grandement besoin.

Combinaison gagnante

Parce que son équipe a gagné mardi, Michel Therrien a pu maintenir son plan d’attaque. Il a pu résister à la tentation d’imposer à Carey Price les deux matchs en deux soirs contre Ovechkin et Crosby. Peter Budaj, qui a fait plus que sa part depuis le début de la saison, croisera donc les Caps en permettant à Price d’être frais et dispos pour croiser les Penguins.

Plus important encore, cette victoire permettra à Michel Therrien de revenir avec son alignement de mardi. Du moins je l’espère.

Non seulement on ne change pas – à moins de blessures – une combinaison gagnante, mais pour la première fois de l’année, le Canadien a pu compter sur l’apport de ses quatre trios d’attaquants, de ses trois duos de défenseurs et de son gardien pour assurer la victoire.

Pour la première fois de l’année, la victoire n’était pas attribuable à un, deux ou trois joueurs seulement. On ne pouvait l’imputer qu’aux tirs bloqués en défensive ou à un but important en attaque massive qui a fait oublier l’impuissance du Canadien à cinq contre cinq.

Pour la première fois cette année, le Canadien semblait menaçant.

Bien qu’il soit un centre naturel, Daniel Brière s’est bien débrouillé à la gauche de Tomas Plekanec et Brian Gionta. De fait, une utilisation sur le flanc gauche donne la chance à Brière – qui est loin d’être armé d’un tir puissant – de profiter de meilleurs angles d’attaque au but et d’ainsi miser sur la grande qualité de son tir : la précision.

Je l’ai déjà dit. Je l’ai aussi écrit : j’aimerais mieux voir Michaël Bournival à la gauche de Plekanec et Gionta. Bournival « gaspille » peut-être un pan de ses qualités au sein du quatrième trio. Mais à cause de sa vitesse, de sa fougue et de sa jeunesse, il est beaucoup plus utile que ne le serait Daniel Brière en compagnie de White et Moen.

Sans avoir la touche de Gallagher, Brandon Prust aide la cause de Galchenyuk et d’Eller au sein du premier trio au lieu de les ralentir. De les éteindre. À cause de cette polyvalence de Prust, Michel Therrien pourra prolonger le mandat de Brendan Gallagher à qui il a confié le défi d’extirper Desharnais et Pacioretty du banc de sable dans lequel ils patinaient pour les remorquer jusqu’au milieu d’une belle glace fraîchement nettoyée.

Ça veut dire quoi pour Rene Bourque et Georges Parros?

Ça veut dire qu’ils devront être patients. Car bien que toutes les bonnes choses effectuées mardi ne peuvent garantir des victoires ce soir et demain, des victoires tout court, il est clair que l’attaque du Canadien est meilleure avec Parros et Bourque sur la touche qu’au sein de l’alignement.

Et on peut dire la même chose à la ligne bleue avec Douglas Murray.

Bien qu’il soit gros, grand et fort, bien qu’il distribue des mises en échec et qu’il bloque des tirs – ou que les rondelles le frappent c’est selon – Murray complique grandement le travail de celui qui évolue à sa droite en raison de sa lenteur sur patins, une lenteur qui retarde d’autant les sorties de zone amorcées de son côté.

Est-ce que je suis le seul à avoir remarqué que l’efficacité de Francis Bouillon a retrouvé son niveau normal depuis qu’il évolue à gauche et en compagnie d’Alexei Emelin?

Pas question de claironner. Pas question de non plus concéder tout de suite que j’ai eu tort d’exclure le Canadien des séries avant le premier match de la saison.

Mais si le Canadien tient à faire mentir en avril tous ceux, et ils sont nombreux, qui l’ont exclu des séries en septembre, c’est avec l’alignement proposé lors du match de mardi bien plus qu’avec Bourque, Murray et Parros au sein de la formation qu’il y arrivera.

Ça ne veut pas dire que ce sera facile pour autant. Ça non! Mais avec la formation qu’il a envoyée sur la patinoire du Centre Bell mardi, Michel Therrien s’offre des moyens de gagner. Pourvu que les joueurs à qui il fait confiance s’assurent de jouer…