S’il n’en tient qu’à lui, Lars Eller préfère que les journalistes et les partisans du Canadien continuent de parler de son trio comme étant le trio des jeunes et non le premier trio du Tricolore.

« Le trio des jeunes! Ça sonne bien à mes oreilles », a lancé le joueur de centre danois après la victoire de 4-1 du Canadien aux dépens des Flyers de Philadelphie, samedi soir, au Centre Bell.

On veut bien.

Mais après deux matchs, il est clair que le trio des jeunes, puisqu’on doit continuer à l’appeler ainsi, est, et de loin, le meilleur trio du club.

S’il maintient la cadence la semaine prochaine alors que le Canadien effectuera sa virée annuelle dans l’Ouest canadien – escales à Calgary, Edmonton, Vancouver et Winnipeg – Lars Eller devra s’y faire : le trio des jeunes sera bel et bien le trio numéro un de l’équipe. Le trio d’Eller se retrouvera donc devant celui de Plekanec qui a bien fait face aux Flyers de Philadelphie et celui de David Desharnais qui s’est fait aussi discret lors du deuxième match qu’il ne l’avait été lors du premier.

« La saison est vieille de deux matchs seulement. Il ne faudrait donc pas s’emporter trop vite. Mais jusqu’ici, les choses vont bien », a candidement admis Lars Eller dont le sourire mettait encore plus en évidence la coupure sous la bouche subie en première période samedi.

On peut comprendre Eller de faire preuve de modestie. Car les choses changent vite dans la LNH. Très vite même. Surtout à Montréal. Sauf que les choses vont plus que bien en ce moment pour son trio.

Flanqué d’Alex Galchenyuk (deux passes) et de Brendan Gallagher (un but, une passe), Lars Eller (un but, une passe) a piloté le trio qui a dicté l’allure du match hier.

À l’image de ce qu’il avait fait lors du premier.

Après deux rencontres, ce trio revendique déjà 12 points : trois buts, deux passes pour Eller ; quatre passes pour Galchenyuk ; deux buts, une passe pour Gallagher. Il a non seulement été une menace de tous les instants à l’attaque, mais il affiche une tenue beaucoup plus solide en défensive.

Le genre de performance susceptible de forcer la main d’un entraîneur-chef pour leur offrir plus de temps d’utilisation. Et du temps d’utilisation de meilleure qualité alors qu’on a vu le trio des jeunes lors d’avantages numériques samedi (6 min 19 s pour Galchenyuk), 5 min 31 s pour Gallagher), 4 min 53 s pour Eller). Un privilège auquel ces jeunes, du moins en tant que trio, n’avaient pas goûté très souvent l’an dernier. Voire trop peu.

Plus encore, le trio d’Eller a supplanté celui de David Desharnais – amputé d’un membre important en raison de la blessure au poignet qui a gardé Max Pacioretty à l’écart se l’alignement hier – à forces égales.

Si ce n’est pas une première, ce n’était pas arrivé très souvent...

Therrien prêt à ouvrir la porte

Après l’apprentissage de l’an dernier, un apprentissage qui était synonyme de paramètres rigides en ce qui avait trait au temps d’utilisation qu’il réservait à ses jeunes, Michel Therrien a assuré qu’il était prêt dès cette année à leur ouvrir la porte plus souvent.

Malgré la deuxième année et la guigne qui lui est souvent associée?

« Contrairement à bien du monde, la deuxième année ne me fait pas peur du tout dans le cas de ces jeunes. Ils ont beaucoup appris l’an dernier. Ils ont gagné en confiance. Ils ont amélioré toutes les facettes de leur jeu. Il est donc normal que cette année nous leur offrions plus de défis à relever. Et s’ils les relèvent avec succès, ils en auront plus encore. C’est simple : mieux tu joues, plus tu joues. C’est normal et c’est juste », a analysé l’entraîneur-chef du Canadien.

Pas besoin de sortir des feuilles de thé pour lire dans l’avenir du Canadien pour comprendre que si Eller et ses compagnons de jeu continuent de faire mieux que Desharnais et les siens, on verra plus les premiers et moins les deuxièmes...

C’est clair. Et comme l’a spécifié Michel Therrien qui lançait alors un message bien calculé selon moi : c’est tout à fait équitable.

Efforts récompensés

Entouré de journalistes après une performance qui aurait dû lui valoir la première étoile – mes amis de l’Antichambre ont préféré couronner Carey Price qui a réalisé 22 arrêts. Permettez-moi de leur signifier poliment mon désaccord – Lars Eller a assuré ne pas être surpris par la qualité du jeu offert par son trio.

« Nous jouions de cette façon l’an dernier également. Nous sommes actifs sur la patinoire, nous travaillons, nous patinons, nous sommes impliqués. On récolte ce que l’on sème. Cela dit, je suis surpris par les résultats que nous affichons après deux matchs. Car tu peux jouer aussi bien que tu le peux, ça ne veut pas toujours dire que les résultats suivront », expliquait Eller debout devant son casier.

Après deux matchs – et je dirais que c’était déjà perceptible au cours du camp d’entraînement – Lars Eller affiche une plus grande confiance dans son jeu.

Il contrôle la rondelle plus longtemps, il orchestre de meilleures sorties de zone, de meilleures attaques en zone ennemie, est plus efficace dans toutes les facettes du jeu.

Et comme il est plus confiant, le coach lui fait plus confiance...

En respectant le principe de la saucisse, la confiance de Therrien à l’endroit d’Eller, mousse la confiance d’Eller, qui mousse davantage celle de Therrien.

On va arrêter là, mais vous comprenez où ça nous mène tout ça.

Ça nous mène à un premier trio.

Ou en tout cas, à un trio des jeunes qui poussent sérieusement dans le dos des trios des plus vieux.

Et ça, c’est une très bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans.

Surtout si les deux soit disant premiers trios décident de ne pas perdre leur titre en baissant la tête et qu’ils se mettent à jouer à la hauteur de leur potentiel pour garder leurs titres respectifs avec le temps d’utilisation qui leur revient.