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MONTRÉAL - On a beau dire qu’une avance de deux buts est la pire avance au hockey, je la troquerais n’importe quand avec une avance d’un but.

 

Et si vous faites un petit sondage ce matin auprès de Dominique Ducharme, de ses adjoints, de son patron Marc Bergevin et de ses joueurs, je suis convaincu qu’ils me donneront unanimement raison.

 

À commencer par Carey Price qui a vu sa très bonne soirée de travail tourner au cauchemar lorsqu’Adam Gaudette, avec un tir parfait, l’a privé de son premier jeu blanc de la saison, de son 4e en carrière aux dépens des Canucks, de son 49e en carrière tout court.

 

Si le Canadien avait trouvé une façon de profiter de ses 29 tirs obtenus dans le cadre des 60 minutes réglementaires, dont 12 au cours de la période médiane, pour marquer un tout petit but de plus, le but de Gaudette marqué avec 41 secondes à écouler en troisième aurait laissé tout le monde indifférent. Bon! Peut-être que Price aurait maugréé un brin en raison de son blanchissage soudainement gâché. Mais le reste de l’équipe aurait célébré, avec raison, une deuxième victoire de suite, une troisième en quatre matchs, un 12e gain cette saison.

 

Mais parce que ce deuxième but qui aurait été ô combien nécessaire n’est pas venu, le but de Gaudette a transformé une victoire totalement méritée en revers en tirs de barrage. Un revers qui laisse un terrible arrière-goût de gaspillage alors qu’au lieu d’ajouter deux points à sa fiche, il doit se contenter d’un point en plus de voir les Canucks en récolter deux qui sont littéralement tombés du ciel.

 

Cet arrière-goût est susceptible de donner bien des hauts le cœur aux partisans considérant que leurs favoris se sont une fois de plus enlisés en temps supplémentaire avec une troisième défaite en tirs de barrage qui s’ajoutent aux quatre encaissées en prolongation.

 

Vous avez bien compté : ça fait bel et bien sept revers consécutifs en 24 matchs seulement jusqu’ici cette année. Ça fait mal!

 

Tatar s’ouvre aux critiques

 

Comme si ce n’était pas suffisant, Tomas Tatar, qui devait marquer pour prolonger la séance de tirs de barrage, s’est permis une feinte olé! olé! en passant son bâton entre ses jambes pour tenter de surprendre Tatcher Demko.

 

Tatar a surpris tout le monde avec son geste... sauf Tatcher Demko qui l’a même suivi du regard après son arrêt décisif comme pour lui dire merci d’avoir aidé ainsi sa cause.

 

« Je ne passe pas de temps à étudier les habitudes de mes adversaires en pareilles situations. Je trouverais ça dangereux, car je pourrais me faire jouer des tours en m’attendant trop à un jeu déjà établi. J’aime mieux faire comme je l’ai fait ce soir : rester en bonne position devant mon but et réagir à ce qu’on m’offre comme action », a analysé Tatcher Demko qui affiche une moyenne de 1,67 but alloué par match et une efficacité de près de 95 % à ses sept derniers départs.

 

Parce qu’il a raté son coup, il est facile de critiquer Tatar qui, inversement, aurait sans l’ombre d’un doute vu son audace être unanimement saluée – ou presque – s’il avait marqué.

 

Mais il a raté son coup.

 

« On va sûrement parler de la prolongation et de la séance de tirs de barrage en groupe afin de voir qu’elles sont les améliorations à apporter », a convenu Dominique Ducharme après le match.

 

En passant, le coach s’est bien gardé de condamner le geste de Tatar. Du moins publiquement...

 

En entrevue d’après-match, Carey Price avait une piste de solution pour régler les ennuis de son équipe en prolongation et en tirs de barrage : « Il faudrait être les premiers à marquer », que Price en lancé en esquissant un sourire un brin difficile à interpréter.

 

Mais bon!

 

Trop de temps et d’espace

 

Le Canadien ayant été une fois encore outrageusement dominé pendant les cinq minutes d’une prolongation qui n’a pas fait de maître et parce qu’il a perdu une troisième fois de suite en tirs de barrage, une deuxième aux mains des Canucks, on va imputer au marasme dans lequel le Tricolore s’enlise lorsqu’il fait du temps supplémentaire l’odieux de la défaite de lundi.

 

C’est clair que le Canadien en arrache en prolongation et qu’il se tire dans le pied une fois en fusillade. Mais c’est avant la prolongation que le Canadien a perdu ce match.

 

Et c’est dommage pour Dominique Ducharme et ses joueurs qui méritaient un meilleur résultat. Car pendant 59 min 19 s c’est le Canadien qui a dicté l’allure de la rencontre. Lents en relance dans leur territoire, toujours aux prises avec des adversaires dont ils semblaient incapables de se défaire, coupables de revirements, de mauvaises passes, les Canucks poussaient tous ceux et celles qui n’avaient pas assisté à leurs deux derniers matchs à se demander comment diable ils avaient pu battre deux fois plutôt qu’une les Maple Leafs de Toronto jeudi et samedi dernier.

 

Au-delà les occasions ratées pour doubler l’avance, je pense, entre autres à l’échappée de Joel Armia, à deux occasions dont a été incapable de profiter Tyler Toffoli – il a d’ailleurs levé les bras au ciel croyant avoir déjoué Tatcher Demko – et à au moins un très bon tir de Josh Anderson, le Canadien a aussi connu un rare laisser-aller défensif sur le but qui a changé le cours du match.

 

Avec une mince avance d’un but à protéger, alors que les Canucks avaient rappelé leur gardien Tacher Demko au banc à la faveur d’un sixième attaquant, le Canadien devait protéger ses arrières. Il ne l’a pas fait. En fait, il a fait tout le contraire.

 

Au lieu de ramener un ailier en soutien avec ses défenseurs pour faire un mur à la ligne bleue, Josh Anderson et Jonathan Drouin se sont fait prendre à contre-pieds en zone neutre par Quinn Hughes qui les a éclipsés avec une passe vers Bo Horvat.

 

Toujours dangereux, le capitaine des Canucks est devenu le centre d’attraction des trois autres joueurs. Alors que Shea Weber était bien installé pour tenter de le contenir, Phillip Danault est venu donner un coup de main à son capitaine et Ben Chiarot a eu la vilaine idée de se joindre à la fête. Ce faisant, il a laissé tout grand ouvert le côté gauche de la zone défensive.

 

Horvat qui n’en demandait pas tant a refilé une très belle passe en direction d’Adam Gaudette qui a eu tout le temps au monde et tout l’espace voulu pour prendre bien son temps et décocher un tir puissant qui est passé à droite de Price avant de toucher le poteau et de ricocher dans le filet.

 

Gaudette n’avait que deux buts à sa fiche avant celui qu’il a marqué en fin de match lundi. L’un enfilé lors du tout premier match de la saison, l’autre le 1er février dernier... contre le Canadien. Ça faisait donc 15 matchs qu’il n’avait pas marqué. Mais ça ne justifiait pas une seconde que Ben Chiarot lui ouvre toute grande la zone du Canadien parce qu’il trouvait plus utile d’aller rejoindre Weber et Danault pour contrer Horvat.

 

Prolongation : entre prudence et passivité

 

La mauvaise couverture défensive du Canadien a ouvert toute grande la porte au but égalisateur. C’est clair. Mais ce but n’aurait pas dû scier les jambes du Tricolore en prolongation.

 

C’est pourtant ce qui est arrivé.

 

Dominique Ducharme a fait appel à Phillip Danault, Jesperi Kotkaniemi et Jeff Petry pour amorcer la prolongation.

 

Danault devait remporter la mise en jeu. Il ne l’a pas fait. Les trois joueurs ont donc passé la majeure partie des 50 premières secondes de la prolongation à courir après la rondelle. Lorsqu’ils l’ont finalement touchée, ils étaient fatigués et il était temps d’effectuer un changement.

 

Ducharme est revenu avec trois attaquants (Suzuki-Anderson-Drouin) qu’il a remplacés par trois autres attaquants (Gallagher-Tatar-Toffoli). On a ensuite vu KK avec Paul Byron et Jeff Petry qui a complété la prolongation en compagnie de Drouin et Anderson.

 

Anderson a obtenu la seule occasion du Canadien.

 

Il faut dire que le Canadien n’a pratiquement jamais eu la rondelle en sa possession tant les Canucks ont contrôlé le jeu pendant la prolongation. Brock Boeser aurait d’ailleurs donné la victoire aux Canucks n’eût été plongeon de Carey Price qui lui a volé un but en étendant son bras le long de la ligne rouge.

 

« Un arrêt du désespoir» , a d’ailleurs convenu le gardien du Canadien.

 

J.T. Miller a ensuite frappé le poteau sur un tir de l’enclave qui n’avait donné aucune chance à Carey Price.

 

Questionné sur le fait que son équipe semblait passive en prolongation après avoir été incisive tout au long des 60 minutes réglementaires, Dominique Ducharme a reconnu que les ennuis répétés commencent à miner ses joueurs.

 

« À un moment donné ça devient mental. Il y a une différence entre être passif et être patient. En prolongation, tu dois être patient parce qu’il est important de contrôler la rondelle pour bâtir et obtenir de bonnes occasions. On a mieux joué ce soir, mais on a quand même perdu la rondelle une ou deux fois. Ça nous a empêchés d’être en contrôle dans leur zone. On va continuer à travailler sur cet aspect du jeu que ce soit sur la glace ou en salle devant des vidéos. Mais on doit s’améliorer », a acquiescé le coach du CH.

 

Tirs de barrage : qui choisir?

 

Comme il l’avait fait lors de la première visite du Canadien à Vancouver, le 20 janvier, Bo Horvat a marqué le but décisif en tirs de barrage.

 

« J’ai effectué la même approche en me disant qu’il (Carey Price) s’attendrait peut-être à ce que je tente de le déjouer une fois encore entre les jambes. Une fois bien placé, j’ai opté pour un tir au-dessus du bouclier. J’étais bien content de voir la rondelle entrer », a analysé Bo Horvat. 

 

Horvat a été le seul à marquer lundi soir. Ses coéquipiers Brock Boeser et J.T. Miller ont été stoppés par Carey Price qui a encaissé les trois revers en tirs de barrage accordant un total de cinq buts sur les neuf tirs qu’il a affrontés.

 

Dans le camp du Canadien, Nick Zuzuki, Jonathan Drouin et Tomas Tatar ont tour à tour fait chou blanc.

 

Leur incapacité à marquer a ouvert la porte un barrage de questions associées au fait que Dominique Ducharme a gardé au banc ses deux meilleurs marqueurs : Tyler Toffoli et Josh Anderson.

 

Dominique Ducharme n’a pas dévoilé les motifs qui l’ont incité à y aller avec Suzuki, Drouin et Tatar.

 

Suzuki avait marqué en une occasion cette saison et avait un but en deux tentatives depuis son arrivée dans la LNH.

 

Jonathan Drouin a été blanchi pour une troisième fois cette année. L’attaquant québécois affichait toutefois sept buts marqués, dont deux filets décisifs, en 23 tentatives avant la rencontre d’hier.

 

Quant à Tatar, il en était hier à une première tentative cette saison, mais affichait une efficacité de 29,6 % (8 buts en 27 occasions) avant sa feinte infructueuse face aux Canucks.

 

Meilleur marqueur du Canadien cette saison avec 15 buts, Tyler Toffoli n’a marqué qu’une fois en 14 tirs de barrage (7,1 %) depuis le début de sa carrière.

 

Josh Anderson est parfait en fusillade depuis le début de sa carrière. Il ne s’est toutefois élancé qu’une fois. Ce qui est un brin surprenant.

 

Corey Perry compte le plus d’expérience avec ses 101 tirs de barrage tentés. Il a marqué 33 fois ce qui lui donne une efficacité de 32,7 %.

 

C’est Paul Byron qui est le plus efficace dans cette facette du jeu chez le Tricolore. Il a marqué 10 buts en 21 occasions (47,6 %) et compte sept buts décisifs à sa fiche.

 

Brendan Gallagher est 2 en 10.

 

Joel Armia est 1 en 3.

 

Jesperi Kotkaniemi, Jeff Petry et Shea Weber n’ont pas marqué à leur seule tentative alors qu’Artturi Lehkonen, qui a été laissé de côté encore hier, a été blanchi en deux occasions.

 

Voilà le portrait global chez le Canadien.

 

Entre les lignes

 

-      Jeff Petry a marqué le seul but du Canadien lundi. C’était son neuvième but et son 23e point de la saison. Un quatrième but et un dixième point obtenus en attaque massive...

 

-      Fort de ses neuf buts, Jeff Petry partage le premier rang des buteurs chez les défenseurs de la LNH avec Aaron Ekblad des Panthers de la Floride...

 

-      Petry a prolongé à quatre sa série de matchs consécutifs avec au moins un point (3 buts, 5 points)...

 

-      À l’image de Tyler Toffoli (8 buts, 11 points en 6 matchs), le vétéran défenseur a le numéro des Canucks aux dépens de qui il a marqué quatre buts et ajouté quatre passes jusqu’ici cette saison...

 

-      Le Canadien a encaissé un sixième revers cette saison (10-3-2-1) dans le cadre d’un match au cours duquel il marque le premier but...

 

-      Les Canucks ont infligé au Tricolore une première défaite cette saison alors qu’il profite d’une avance après deux périodes. Le Canadien affichait un dossier de 9-0-0-0 en pareille circonstance avant la rencontre de lundi. Il est maintenant 1-0-0-1 lorsqu’il mène par un but seulement après 40 minutes. Il présente des fiches de 2-0-0-0 lorsqu’il mène par deux buts, de 1-0-0-0 lorsqu’il mène par trois buts et de 5-0-0-0 lorsqu’il mène par quatre buts et plus...

 

-      Les matchs serrés continuent à être la bête noire du Tricolore. Il a perdu huit de ses 10 matchs qui se sont décidés par un but (2-1-4-3) et présente des fiches de 4-3-0-0 dans les matchs qui se décident par deux buts et de 5-2-0-0 dans les matchs qui se décident par trois buts et plus...