Erreurs coûteuses, pénalités honteuses
Canadiens dimanche, 22 déc. 2019. 02:00 jeudi, 12 déc. 2024. 11:00MONTRÉAL - Parce qu’il a amorcé sa tournée annuelle dans l’Ouest canadien avec des victoires à Vancouver et Calgary et aussi parce qu’il avait gagné cinq de ses six dernières parties et six de ses huit derniers matchs, il est difficile de tomber sur le dos du Tricolore pour son revers de 4-3 encaissé à Edmonton.
Il est toutefois nécessaire de lui imputer une grande part du blâme dans cette défaite. Une défaite qui est bien plus attribuable aux erreurs bêtes et coûteuses – les Oilers ont marqué deux buts directement attribuables à des pertes de rondelle de Max Domi – répétées par ses joueurs et par une indiscipline plus bête encore – Nick Cousins a scié les jambes de son équipe en milieu de troisième période – qu’au grand talent de Connor McDavid et Leon Draisaitl.
Je sais : McDavid a récolté sa 40e passe de la saison en offrant un 22e but à Draisaitl qui a salué le retour des deux «vedettes» au sein du premier trio des Oilers en ouvrant la marque dès la 90e seconde du match.
Je sais aussi que Draisaitl a récolté sa 38e passe sur le 21e but de la saison de McDavid; but que le capitaine des Oilers a marqué, en avantage numérique, pour donner les devants 3-2 à son équipe en fin de deuxième période.
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Mais en dépit de ces deux buts enfilés – des buts magnifiques qui incitent à ovationner les deux auteurs lorsqu’on voit et revoit en boucle les buts en question – et quatre points récoltés par les deux meilleurs marqueurs de la LNH, il est important de souligner que les deux vedettes des Oilers n’ont pas disputé un grand match. Loin de là.
Comme le reste de leurs coéquipiers d’ailleurs.
Car dans un match au pointage serré, un match au cours duquel les deux clubs ont échangé 26 tirs cadrés chacun, ont distribué sensiblement le même nombre de mises en échec (27 contre 24 en faveur des Oilers), et gagné sensiblement le même nombre de mises en jeu (29 contre 27 en faveur des Oilers), le Canadien n’a pas été fichu de profiter des 20 revirements imputés aux Oilers.
Vingt? Oui vingt! Dont cinq attribués à Draisaitl – le gros centre en a récolté trois, tout comme le défenseur Darnell Nurse – et McDavid qui en a obtenu deux.
Vrai qu’ils étaient dans une situation de deux matchs en deux soirs. Vrai aussi qu’ils ont effectué 22 présences et passé près de 24 minutes sur la patinoire. Ce qui est énorme pour des attaquants et qui peut expliquer certaines lacunes remarquées.
Mais au-delà les faits saillants qui les mettent en vedette, Draisaitl a passé plus de temps derrière le jeu qu’au centre de l’action alors que McDavid a passé le plus clair de son temps à attendre la rondelle pour ensuite exploser vers la zone ennemie au lieu de prendre les moyens pour aller la voler au Canadien ou à aller aider ses coéquipiers en zone défensive.
Vous direz, avec raison, qu’ils sont tous deux payés grassement pour marquer des buts et non pour défendre leur territoire. Mais si on veut les placer sur le même pied d’égalité que Sidney Crosby et sérieusement les prendre en considération dans la course au trophée Hart remis au joueur le plus «UTILE» à son équipe, il faudra que McDavid et Draisaitl soient bien meilleurs dans leur jeu d’ensemble qu’ils ne l’ont été samedi contre le Canadien.
Surnombres à répétition
Le Canadien s’est fait «coller» cinq revirements seulement par les officiels mineurs en devoir à Edmonton. Des officiels mineurs qui ont été généreux puisque le Canadien en aurait mérité quelques-uns de plus.
Sauf que les Oilers, contrairement au Tricolore, ont su profiter des revirements dont les joueurs du Canadien se sont rendus coupables.
Ils expliquent d’ailleurs les quatre buts enfilés aux dépens de Carey Price.
- Sur le premier, Ben Chiarot et Shea Weber paraissent très mal. Le premier est facilement contourné alors que le capitaine, qui se retrouve seul – avec Price – devant McDavid et Draisaitl est incapable de stopper la passe refilée par l’autre capitaine à son coéquipier qui n’a qu’à marquer. Si Chiarot et Weber paraissent si mal sur le jeu, c’est en grande partie parce que Tomas Tatar, en zone ennemie, effectue une mauvaise passe dont les Oilers profitent pour lancer une contreattaque rapide. Pris à contre-pied – ils sont arrêtés à la ligne bleue adverse – Chiarot et Weber n’ont jamais le temps de battre en retraite à temps pour rivaliser avec des adversaires déjà plus rapides…
- Sur le deuxième, Domi se fait voler la rondelle alors qu’il fait dans la dentelle en sortie de zone au lieu d’être incisif dans sa progression vers la zone ennemie. Domi, Armia, Lehkonen et les défenseurs Riley et Kulak – ils faisaient quoi en même temps sur la patinoire? – se transforment ensuite en toupies autour de Carey Price alors qu’ils sont incapables de suivre et encore moins de reprendre le contrôle de la rondelle que les Oilers canardent trois fois sur Price avant d’arriver à le déjouer. Et juste de même, c’est le quatrième trio des Oilers qui était sur la glace…
- Sur le troisième, Ben Chiarot a la bien vilaine idée de se laisser attirer à sa ligne bleue par Draisaitl qui est appuyé contre la bande. En voyant Chiarot s’avancer vers son coéquipier et Weber qui ne vient pas couvrir le centre de la zone du Canadien, McDavid ouvre les vannes, fonce dans l’ouverture béante où Draisaitl lui offre une passe parfaite, et il déjoue Price au terme d’une courte, mais suffisante, échappée…
- Sur le but de la victoire, Domi se rend coupable du même genre d’erreur qu’il a commise pour offrir le deuxième but aux Oilers. Sauf que cette fois, c’est en zone ennemie qu’il «zigonne» au lieu de foncer vers le filet. Eh oui, cette manœuvre ouvre la porte à un autre revirement et à un autre surnombre accordé aux Oilers. Mal pris, Brett Kulak est victime d’un deux contre un. Mais au lieu de laisser le tir à son gardien, comme c’est son obligation – et de tout mettre en œuvre pour éviter une passe transversale, Kulak s’occupe du tireur. Mais il s’en occupe tellement mal, que Josh Archibald profite de la situation pour offrir une passe parfaite sur sa gauche d’où Riley Sheehan n’a qu’à tirer dans une cage déserte…
Loin de moi l’intention d’enlever aux Oilers le mérite qui leur revient dans la réalisation de leurs quatre buts.
Mais la très grande, et bien trop grande, générosité du Canadien sur chacun de ces buts doit être soulignée.
Cette générosité ternit d’ailleurs l’évaluation de la soirée de travail de Max Domi. Après avoir marqué le but de la victoire, en prolongation, jeudi, à Calgary, Domi a réalisé une belle montée pour ensuite déjouer Mikko Koskinen sur un tir que le gardien des Oilers aurait sûrement aimé revoir.
Mais ce but, aussi spectaculaire et satisfaisant soit-il lorsqu’on visionne les faits saillants du match, ne fait pas contrepoids à la responsabilité de Domi sur deux des quatre filets des Oilers. Surtout sur celui de la victoire.
Pénalités pleinement méritées
Malgré les erreurs qu’il a commises et surtout en dépit du fait que les Oilers ont su profiter de ses bévues pour marquer alors que lui n’y est pas arrivé aussi souvent, le Canadien était dans le coup samedi à Edmonton.
Il a d’ailleurs comblé un recul de 0-2 pour une deuxième rencontre de suite. Mais contrairement à ce qu’il a fait à Calgary où il s’est servi de cette remontée de deux buts comme d’un tremplin vers la victoire – gain de 4-3 en prolongation – le Canadien a lui-même cassé son tremplin à coup de pénalité.
De pénalités trop nombreuses – cinq mineures et une majeure – que les arbitres n’avaient pas le choix d’imposer tant elles étaient évidentes.
Quand l’entraîneur-chef Claude Julien, qui est toujours très critique à l’endroit des arbitres et qui remet régulièrement en question plusieurs des pénalités infligées à son club, convient que les cinq mineures décernées à ses joueurs étaient bel et bien méritées, c’est parce qu’elles étaient vraiment méritées.
Ben Chiarot, qui a connu un match difficile à Edmonton mais qui demeure essentiel sur le flanc gauche tant Riley et Kulak peinent derrière lui – s’est sorti du jeu pendant cinq minutes en jetant les gants devant Zack Kassian qui venait de le renverser avec une solide mise en échec.
Une vilaine décision qui est loin d’avoir aidé la cause du Canadien.
Mais les pénalités mineures ont fait plus mal encore. Pas seulement parce que McDavid a marqué durant l’une d’elles. Mais surtout parce que les pénalités mineures ont freiné les élans que le Canadien semblait vouloir se donner pour profiter du jeu mollasson des Oilers et mousser ainsi ses chances de remontée victorieuse.
Nick Cousins a été affreux à ce chapitre.
Avec un peu moins de sept minutes à faire au match, Cousins a eu une série de mauvaises idées. Il a d’abord tenté de se prendre pour Bobby Orr alors qu’il avait la rondelle en fond de territoire du Canadien. Il s’est non seulement embourbée dans la mélasse, mais lorsqu’il a finalement pu se débarrasser de la rondelle que Markus Granlund lui contestait, Cousins a eu une plus mauvaise idée de bloquer la route à son rival se rendant coupable d’obstruction évidente.
Les Oilers n’ont pas marqué au cours de sa pénalité, mais Cousins a quand même miné les chances de son équipe de revenir de l’arrière avec cette pénalité rendue possible par son insouciance – voire inconscience – avec la rondelle qu’il aurait dû donner à Price qui est meilleur que lui pour la dégager ou mieux pour compléter ses passes.
Mais bon!
Il ne l’a pas fait et cela a contribué à la défaite de samedi à Edmonton.
On ne peut pas tomber à bras raccourci sur le Canadien en raison de ses succès récents, mais dans les faits, il a gaspillé sa chance de profiter des insuccès d’un club qui se cherche et qui s’en remet beaucoup trop aux performances de ses deux grandes vedettes pour gagner.
Et comme plusieurs de ses rivaux ont gagné, le Canadien se réveille non seulement exclu du top-3 de la division atlantique, mais exclu du portrait des séries.
Il aura la chance d’y revenir dès lundi alors qu’il complétera sa tournée dans l’Ouest canadien à Winnipeg.
Mais les défaites sont déjà tellement lourdes de conséquences qu’il ne faut pas courir à sa perte en multipliant les erreurs coûteuses et en écopant des pénalités qui scient les jambes comme le Canadien l’a fait samedi.
En bref
- Audelà les erreurs et pénalités qui ont coulé le Canadien samedi, il est impératif de souligner la performance de Jeff Petry qui était de retour devant ses anciens partisans. Acquis des Oilers à la date limite des transactions (2 mars) en 2015 en retour de choix de 2e et de 4e rondes (2015), Petry a marqué un but, ajouté deux passes en plus de cadrer sept des 10 tirs qu’il a décochés en direction du filet des Oilers. Il a aussi asséné trois mises en échec en plus de bloquer deux tirs…
- Carey Price ne pouvait pas grandchose sur les quatre buts des Oilers qui ont prolongé le calvaire du gardien du Canadien à Edmonton. Price a encaissé une cinquième défaite de suite dans le Nord de l’Alberta où il n’a signé qu’une victoire depuis son entrée dans la LNH. Au fil des six matchs disputés à Edmonton, Price a accordé un total de 22 buts sur les 151 tirs qu’il a affrontés. Ce qui lui donne une efficacité de 85,4 %...
- Des nombreuses occasions qu’il a bousillées en cours de rencontre, la plus belle dont le Canadien a été incapable de profiter est survenue en fin de période médiane alors que le Tricolore a emboîté les Oilers en zone défensive pendant plus de 90 secondes. Une séquence interminable pour les cinq joueurs des Oilers qui ont passé les 130 dernières secondes – ou 2 minutes 10 secondes si vous préférez – de la période sur la patinoire. Sans arrêt de jeu bien sûr. Au cours des 30 dernières secondes, ils peinaient à bouger tant ils étaient à bout de souffle et/ou avaient les jambes mortes. Mais le Canadien n’a pas su en tirer profit et a retraité au vestiaire avec un recul de 32 sur les bras…
- Brendan Gallagher a dominé le Tricolore avec 13 tirs tentés dont sept ont atteint la cible…
- C’est dimanche, je vous en souhaite un bon!