MONTRÉAL – Au lieu de multiplier les voyages pour encadrer les espoirs du Canadien de Montréal, Francis Bouillon accumule les heures au téléphone et devant son ordinateur. Son aide demeure toutefois précieuse notamment au niveau psychologique alors que ces jeunes athlètes doivent composer avec de l’incertitude. 

Certes, leur situation personnelle n’est pas dramatique. Mais ils sont habitués que leur vie tourne autour du hockey et ils sont motivés par l’ambition de gravir les échelons. Présentement, l’attente remplit leurs journées alors que des espoirs du Tricolore doivent patienter que la relance du hockey soit approuvée dans leur circuit respectif. 

Heureusement que le bassin d’espoirs comporte aussi plusieurs athlètes qui peuvent jouer en Europe et aux États-Unis. Dans l’ensemble, Bouillon dresse donc un bilan encourageant du moral des troupes. 

« C’est pas mal tout positif, il n’y a pas un joueur plus down. Bien sûr, on n’est pas à côté d’eux donc on ne le sait peut-être pas. Mais c’est positif, il n’y a pas eu de cas plus grave que ça », a-t-il statué, mercredi, dans une visioconférence avec des journalistes.  

« Les gars restent accrochés, ils continuent à avoir leur rêve en tête de jouer dans la LNH. C’est positif et on essaie de les aider du mieux qu’on peut », a ajouté Bouillon. 

Question d’adversité, Bouillon a passé tous les examens avec succès. Il peut donc s’avérer une ressource pertinente. 
 
« On vit dans l’inconnu, c’est le plus difficile présentement. Tout au long de ma carrière, j’ai surmonté de l’adversité. Eux, ils réfléchissent à la prochaine étape. Mentalement, c’est difficile. On est quand même chanceux, ils sont nombreux à pouvoir jouer », a précisé Bouillon qui discute chapeaute surtout les défenseurs établis en Amérique du Nord. 

Sa routine consiste à leur parler environ une fois aux deux ou trois semaines. En ce qui concerne les espoirs appartenant au Rocket de Laval, l’entraîneur-chef Joël Bouchard s’en occupe. Bref, que le message passe par Bouillon, Bouchard et ses adjoints, Rob Ramage ou des dépisteurs européens, l’objectif ne change pas. 

« On n’a pas de secret ou de recette miracle, mais on doit essayer de les garder alertes mentalement et de les encourager à traverser cette épreuve », a visé Bouillon. 

« On sait tous que ce n’est pas le contexte idéal, mais on doit accomplir notre travail pour les aider à demeurer positifs et à surmonter cette adversité », a également reconnu l’ancien défenseur. 

À titre d’exemple, au début décembre, Bouillon aurait déjà rendu visite deux ou trois fois à Kaiden Guhle, le plus récent choix de première ronde du club.  

« Ce que j’ai fait, j’ai parlé avec l’un de nos recruteurs dans l’Ouest, qui l’a souvent vu jouer, et avec Trevor Timmins. J’ai visionné des extraits vidéos de lui. Au lieu que ça se fasse en personne, on a parlé ensemble quelques fois. C’est un peu dommage, on aime être proche de nos joueurs. Au développement, je veux bâtir une relation avec le jeune. Ça viendra et je n’ai entendu que de bonnes choses à son sujet », a indiqué Bouillon. 

Dans le cas de Guhle, l’expérience avec Équipe Canada Junior procure des bénéfices considérables malgré le confinement actuel. Bouillon suivra assurément ce tournoi – si sa présentation n’est pas compromise - avec intérêt. 

« Normalement, on se déplace pour voir nos joueurs. Ce sera différent cette année, on va suivre le tournoi à la télévision comme tout le monde. C’est plate, mais il faut vivre la situation et s’ajuster », a confié l’intervenant de 45 ans. 

Guhle est donc bien encadré ces jours-ci alors que d’autres espoirs doivent se débrouiller avec les moyens du bord. On n’a qu’à penser à Rafaël Harvey-Pinard et Joël Teasdale qui ont dû se composer, eux-mêmes, un arsenal d’équipements plutôt rudimentaires. 

Francis Bouillon« Il faut continuer d’aider ces jeunes autant psychologiquement que physiquement. Pour certains, c’est plus difficile parce qu’ils ne peuvent pas jouer ou qu’ils ont moins d’équipement pour s’entraîner. Il faut les aider de notre mieux », a rappelé Bouillon en donnant l’exemple d’un séminaire qui a eu lieu avec le nutritionniste du CH. 

Bouillon les prépare à l’adversité du hockey professionnel

Présentement, le Canadien possède une profondeur réjouissante à la ligne bleue. Si on classe Alexander Romanov comme une exception puisqu’il a joué dans la KHL, les ouvertures ne seront pas nombreuses, à court terme, pour la relève. 

Voilà un portrait encourageant pour le club qui tentera de maximiser le développement de ses espoirs avec l’encadrement des Bouillon, Ramage, Bouchard et compagnie. Le cas de Josh Brook - qui s'est expatrié en Allemagne - est intéressant ici parce que la réponse de Bouillon à son sujet était assez éloquente. 

« Je n’approche pas tous les gars de la même façon. Certains, je vais plus suivre leur développement. D’autres, je me dis qu’ils vont arriver dans la Ligue américaine et qu’ils vont affronter de l’adversité. Par exemple, Brook dans le junior, je le conseillais en vue de la Ligue américaine : ‘Josh, quand tu vas arriver AHL, ça ne sera pas comme ça, il va falloir que tu améliores ton jeu défensif’ », a exposé Bouillon qui a vu Brook bûcher là-dessus chez le Rocket. 

« Certains, je vais plus les prendre par la main pour les diriger. D’autres, je vais parfois devoir leur dire les vraies choses. C’est toujours bon qu’un jeune ait eu de l’adversité avant d’arriver au hockey professionnel. Certains ont de la misère à gérer ça sinon », a-t-il enchaîné. 

Ça n’aide pas souvent un athlète, à moins d’avoir un talent exceptionnel, de dominer et de profiter d’un encadrement plus permissif.  

« Certains ont des entraîneurs plus mous dans le junior parce qu’ils sont parmi les meilleurs joueurs de leur équipe, tout passait. Quand tu arrives AHL avec Joël qui est intense, il demande le meilleur, tu dois être capable de le prendre. Rob et Martin (Lapointe) m’ont vraiment bien guidé en me disant que je ne suis pas un entraîneur, il faut que je fasse la part des choses et que je sois plus un accompagnateur », a noté celui qui a composé avec des entraîneurs qui ne faisaient pas dans la dentelle comme Bob Hartley et Michel Therrien. 

Cet encadrement ne se compare nullement à celui de son époque. 

« Je voyais les gars repêchés quand je jouais junior et il n’y avait pas un grand suivi qui se faisait par les équipes de la LNH. Aujourd’hui, on est constamment en contact avec eux. Le joueur se sent beaucoup plus comme s’il appartenait à une équipe. On ne veut pas trop le déranger en même temps. Mais il y a des ressources et on leur dit », a déclaré Bouillon. 

Quelques mots sur Fleury, Struble, Harris et compagnie

Comme le reste de l’état-major du Canadien, Bouillon a été conquis par la passion et le potentiel d’Alexander Romanov. Ainsi, voyons plutôt ce qu’il avait à dire sur d’autres défenseurs. 

Cale Fleury : « Quand je l’avais vu jouer junior, il était passablement loin de la LNH. Quand il est passé du junior à la LAH, il était plutôt timide au début, mais c’est une éponge. Je trouve qu’il a très bien joué à son arrivée avec le Canadien. Par la suite, il a perdu de la confiance, il a commis plusieurs erreurs, il conservait parfois la rondelle trop longtemps avant de compléter son jeu. C’était une bonne chose de le retourner à Laval, mais j’aime ses attributs. Je suis assez convaincu qu’il deviendra un régulier dans la LNH. »

Jayden Struble : « Je ne le connaissais pas quand je l’ai vu l’an dernier. La première fois, j’ai été bien impressionné par ses déplacements considérant son gabarit. ‘Oh my god, c’est le genre de joueur que j’aime. Il a un peu de tout dans sa game. Il est physique et je ne savais pas qu’il patinait si bien. J’apprécie le fait qu’il soit autant confiant et mature pour son âge. Je lui prévois un très bel avenir. » 

Jordan Harris : « Sa progression se déroule très bien. Si je compare de sa première année à sa troisième année, il est le meilleur défenseur du club désormais. Il est mature, il joue bien. C’est plutôt drôle parce que je le rencontre au terme des parties et il n’a pas l’air fatigué après avoir joué au-delà de 30 minutes. Il utilise bien son bâton et il a une bonne portée. C’est bien intéressant pour lui. » 

Gianni Fairbrother et Jacob Leguerrier qui écoulent leur dernière année pour signer un contrat avec le CH. 

« Gianni a été blessé l’an passé. Dans l’Ouest canadien, la WHL n’a pas commencé, mais il joue dans une équipe dans le niveau inférieur (BCHL), mais c’était important pour lui de jouer. Je lui ai parlé la semaine dernière, il se sent vraiment bien, il est content d’avoir repris le jeu. J’aime sa façon de jouer, il s’implique physiquement. » 

« Pour Jacob, il s’entraîne fort. Il est à la maison et il a une bonne place pour s’entraîner. Il trouve que ça va vraiment bien et psychologiquement aussi. Normalement, ces jeunes se concentrent juste sur le hockey à cette période de l’année, mais certains ont trouvé un emploi. En espérant que l’OHL repartira aussi. »