Claude Julien n’a pas complètement tort lorsqu’il dit que son équipe a frappé un mur récemment dans sa production offensive.

Par contre, avant de paniquer, je vous rappellerai que le fait de marquer des buts au hockey implique un élément de chance. Oui, on crée notre chance en exécutant le plan de match des entraîneurs, mais idéalement, il faut aussi obtenir des bonds favorables. En début d’année, les joueurs du Canadien en ont régulièrement bénéficié. C’est moins le cas depuis quelques matchs.

Il faut aussi reconnaître qu’en début de saison, l’avantage numérique qui faisait tant défaut l’année dernière a été productif. Lorsque ça se traduit par un but de plus par match et que tu as derrière toi un gardien appartenant à l’élite de la LNH, c’est énorme. Ces jours-ci, la rondelle continue de bien circuler avec l’avantage d’un homme, mais les résultats sont moins présents.

J’ajouterai que les absences de Jonathan Drouin et Paul Byron amènent leur lot de problèmes. En somme, ils ont enlevé au CH une bonne dose de rapidité et, dans le cas de Drouin, de finesse.

Même si Byron ne produisait pas les chiffres des dernières saisons, il continuait de garder les défenseurs sur les talons avec la menace constante de partir en échappée. Quant à Drouin, on le sait, il avait connu des succès offensifs très intéressants après une vingtaine de matchs.

Dans une équipe qui ne mise pas sur un joueur étoile qui s’élève au-dessus de la mêlée, la production offensive est une affaire collective. Mais il reste néanmoins que Max Domi n’a pas fourni le même genre de chiffres qu’en 2018-2019 jusqu’à présent. C’est décevant pour le no 13 et son instructeur, mais les occasions de marquer sont encore là, même à égalité numérique. Il s’agit de les concrétiser.

Kotkaniemi doit encore régler des choses

L’opportunité pourrait être belle pour Jesperi Kotkaniemi d’augmenter ses responsabilités offensives avec l’absence prolongée de Drouin. Il est plus jeune que Nick Suzuki, mais possède une année d’expérience de plus au centre chez les professionnels. On aimerait le voir avec des partenaires de jeu plus offensifs, et c’est le même refrain depuis la saison passée.

Toutefois, je crois que Kotkaniemi a encore des problèmes à régler dans son jeu, et ce n’est pas simplement une question de confiance. L’exécution et la rapidité dans ses prises de décisions font encore défaut. Il est vrai que le Finlandais a offert des raisons de s’encourager mercredi soir face aux Sénateurs d’Ottawa, mais contre une équipe moins forte et à domicile, les conditions étaient réunies, il faut le dire, pour qu’il se mette en évidence.

Bref, à ce point-ci de la saison, je ne serais pas porté à insérer Kotkaniemi au centre du deuxième trio. Je le laisserais comme pivot de la troisième unité.

Mission : rendre Domi plus engagé

Du côté de Suzuki, je ne crois pas non plus que la place la plus appropriée pour lui soit le centre de la deuxième ligne. Il a été bon avec Nate Thompson, en plus du rôle important qu’il joue au sein de l’avantage numérique. Je ne suis pas d’accord avec l’idée de pousser un vétéran à l’aile gauche pour poster un jeune de 20 ans au centre.

Domi entre dans le vestiaire chaque matin en envoyant son nom sous la colonne des ailiers gauches alors qu’il a connu une campagne de 72 points en tant que centre… C’est un drôle de message.

Il faut se souvenir que Domi a été productif dans le rôle de centre no 1 du CH l’an dernier et qu’il l’a fait même si on lui imposait souvent de nouveaux duos d’ailiers. Il n’a jamais eu deux ailiers constants, contrairement à Phillip Danault, et c’est peut-être pour ça que l’étincelle n’y est pas après le quart du calendrier.

Pour moi, la priorité de Claude Julien doit être de ramener Domi à un niveau de compétition semblable à l’an dernier. Il doit redevenir aussi engagé qu’il l’a été par le passé. Et comment faire ça? Il faut s’assurer qu’il soit heureux. Si ça passe par un retour à la position de centre, n’attendons pas plus longtemps.

Suzuki continuera de bien progresser en jouant aux côtés de Thompson et en obtenant du temps de jeu de qualité au sein du jeu de puissance pour étaler ses belles habiletés offensives.

Des points perdus, oui... Mais ça s’équilibre

Certains vont s’emparer d’avoir vu le Canadien récolter seulement un point sur une possibilité de quatre contre les Blue Jackets de Columbus et les Sens, alors que Carey Price était devant le filet pour les deux rencontres.

D’accord, ce n’est pas idéal. Mais qu’est-ce qui nous dit que ça n’aurait pas été une récolte d’aucun point si Julien s’en était remis à Keith Kinkaid pour la deuxième partie?

Lorsque tu tentes d’évaluer où seront obtenus les points durant une saison, tu ne mets pas nécessairement une étoile à côté du match contre Boston, ni contre St. Louis (deux fois) ou Washington. Pourtant c’est ce qui s’est produit.

De l’autre côté, effectivement, tu es censé en mettre à côté d’Ottawa et Columbus, mais tout ça s’équilibre au final.

Je pense que Julien continue de faire du bon travail à diriger une équipe misant sur plusieurs jeunes joueurs. Mais je continue de croire que les pertes de Drouin et Byron à long terme vont mener à des montagnes russes avant Noël. Ce sera de limiter les dégâts avant de retrouver ces deux joueurs qui normalement évoluent parmi les neuf meilleurs attaquants.

* propos recueillis par Maxime Desroches