Effort louable, mais résultat identique pour les débuts de St-Louis
Canadiens jeudi, 10 févr. 2022. 18:25 dimanche, 15 déc. 2024. 06:35MONTRÉAL – Le Canadien s’est incliné par la marque de 5-2 devant les Capitals de Washington jeudi soir au Centre Bell. Voici nos observations.
Faux départ
En matinée, à Brossard, la première conférence de presse de Martin St-Louis comme entraîneur-chef du Canadien s’était amorcée sur un léger faux-pas, le nouveau coach s’adressant d’abord au micro en anglais avant de se ressaisir et éventuellement laisser une solide impression. Son premier match derrière le banc a épousé la même trame narrative.
Il y avait à peine cinq minutes d’écoulées à la partie que les Caps menaient déjà 2-0. Joe Snively a profité d’un juteux rebond accordé par Cayden Primeau pour marquer son premier en carrière dans la LNH. Vingt secondes plus tard, un faible tir de loin de Connor McMichael a glissé entre les jambières de Primeau tel un birdie sur le Totem. Ces frissons auxquels Jeff Gorton faisait référence lors d’une allusion au premier discours de St-Louis? On les ressentait jusque dans les hauteurs de l’amphithéâtre juste à regarder les visiteurs passer en coup de vent à côté d’hôtes toujours aussi dépassés par les événements.
Avant la fin de la période, nos amis à la diffusion du match ont affiché un tableau pour illustrer les déboires continus du CH dans ce premier tiers maudit. Les Rouges venaient d’accorder au moins deux buts avant le premier entracte dans un sixième match de suite.
Ça allait s’améliorer. Mais pas avant de se détériorer encore un peu.
Primeau : une solution et ça presse
Parce qu’il le faut, parlons de Primeau. Ce fut une autre sortie difficile pour le gardien recrue, dont les problèmes ne se sont malheureusement pas envolés au son de la sirène. Au début de la deuxième période, un tir d’un angle improbable de Carl Hagelin a trouvé l’ouverture entre son épaule droite et la barre transversale. Moins de deux minutes plus tard, après que le Canadien soit parvenu à réduire l’écart, Snively l’a battu de vitesse du bord du gant après s’être débarrassé un peu trop facilement de Jeff Petry.
Primeau a été retiré du match après avoir cédé quatre fois sur 14 lancers. C’est la troisième fois depuis sa remarquable performance contre l’Avalanche du Colorado il y a moins de trois semaines qu’il est rappelé au banc par son entraîneur. Pour le bien de toutes les parties impliquées, il est temps que ça cesse. Primeau est encore ce qui ressemble le plus à un gardien d’avenir dans cette organisation, mais l’accumulation de ces humiliations risque d’endommager irrémédiablement ce statut. Des actions doivent être prises, et vite, pour l’extirper de cette dynamique toxique.
Caufield débloque
L’association a vite été faite à l’annonce de l’embauche de St-Louis. Cet ancien joueur étoile, qui a remis ses détracteurs à sa place avec, notamment, sept saisons de 30 buts dans une carrière qui l’a mené au Temple de la renommée, allait sûrement être la personne tout indiquée pour remettre le jeune Cole Caufield sur les rails. Attendons avant de tomber dans les amalgames trop faciles, mais cette théorie a certainement pris de la valeur jeudi soir.
Non, Caufield n’est pas passé du quatrième au premier trio avec l’arrivée de St-Louis derrière le banc. C’est avec Ryan Poehling et Joel Armia, de vieux comparses, qu’il a amorcé sa soirée de travail contre les Caps. Mais rapidement, l’impression que ça pourrait vite changer s’est immiscée dans notre esprit. En première période, le jeune franc-tireur a été au cœur d’une belle séquence au cours de laquelle il a orchestré une sortie de zone, envoyé Poehling vers le filet à l’aide d’une habile passe et offert un tir sur réception menaçant à Artturi Lehkonen.
Quand ce dernier s’est blessé en bloquant un lancer en deuxième période, Caufield a été appelé à prendre sa place sur la première vague de l’avantage numérique. Sa présence y a été payante. En fin de deuxième, alimenté par Nick Suzuki, le petit numéro 22 a soulevé un tir du revers dans la partie supérieure du filet d’Ilya Samsonov. Il s’agissait de son premier but en 18 matchs et de son deuxième seulement cette saison. St-Louis voulait que ses joueurs retrouvent le plaisir à jouer au hockey : c’est justement ce qu’on a vu dans la célébration de Caufield, clairement soulagé d’avoir de nouveau activé la lumière rouge derrière la baie vitrée.
Caufield a marqué une deuxième fois en troisième, mais son but a été annulé lorsque la reprise vidéo a démontré que Tyler Toffoli avait commis un hors-jeu dans les secondes précédant son violent tir des poignets. Celui-là n’a pas compté au tableau indicateur, mais son effet sur la confiance devrait être bien réel.
Anderson parle, Anderson agit
Josh Anderson n’avait pas mâché ses mots après la cuite de mardi contre les Devils, celle qui aura coûté son poste à Dominique Ducharme. « On pensait qu’après la pause, on serait reposés et prêts à jouer. Mais vous l’avez vu. Je me sens humilié », avait tonné l’imposant attaquant.
Pour accueillir son nouvel entraîneur, Anderson a fait preuve de leadership en donnant le bon exemple. Il a été au cœur de la construction du premier but des siens, celui de Rem Pitlick, a déchaussé Tom Wilson et Brett Leason avec de solides mises en échec (les statisticiens attitrés au match lui en ont donné un total de six) et a offert un brillant effort individuel qui a mené à une punition décernée aux visiteurs. Caufield a marqué sur le jeu de puissance subséquent. Une performance complète pour le gros ailier.
Pitlick, son compagnon de trio, mérite aussi des fleurs. De retour dans la formation après avoir été laissé de côté face aux Devils – Laurent Dauphin a fait le chemin inverse – Pitlick a dirigé cinq tirs sur le filet adverse. Il a passé plus de 17 minutes sur la patinoire après avoir été limité à 8:38 à son match précédent. Mine de rien, le but qu’il a marqué était son neuvième cette saison.
Crescendo
Ce qu’il faudra avant tout retenir de cette huitième défaite de suite, c’est qu’on y a vu une amélioration claire et constante d’une période à l’autre. Mélangé comme un jeu de cartes en première, le Canadien a dominé la deuxième 18-8 au chapitre des tirs cadrés et n’a pratiquement rien donné en troisième. Il a terminé la rencontre avec 44 tirs, un sommet cette saison.
Rome n’a pas été bâtie en un jour. Certains diront que c’est mince comme consolation, mais ici, on considère que c’est prometteur comme première pelletée de terre.