Francis Bouillon. La forme pour suivre le rythme
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 21:44 dimanche, 8 déc. 2013. 16:14Il peut être fascinant de regarder jouer Francis Bouillon lors d’un match. Alors que la grande majorité des amateurs se contente d’analyser les performances du défenseur du Canadien, ma passion pour la bonne forme physique et l‘entraînement me fait voir les choses tout autrement. En fait, lorsque Francis est sur la glace, je ne peux m’empêcher d’imaginer toute la charge de travail nécessaire pour qu’il puisse maintenir sa forme et continuer de se défoncer sur la patinoire.
Il faut dire qu’à 38 ans d’âge et 5 pieds et 8 pouces de taille, le défi à relever est important puisque Francis affronte des joueurs plus grand que lui et, surtout, beaucoup plus jeunes! À quoi peut bien ressembler son entraînement pour parvenir à maintenir sa forme? Il a gentiment accepté de s‘entretenir avec moi à ce sujet.
D’entrée de jeu il avoue avoir toujours fait attention à sa condition physique. Dès l’âge de 15 ans, alors qu’il évoluait pour le Canadien de Montréal-Bourassa dans la ligue midget AAA, il avait conscience de l’importance d’être en forme pour pouvoir continuer à rêver d’une longue carrière comme joueur de hockey. « J’adorais m’entraîner. Cette sensation m’a suivi tout au long de ma carrière. L’entraînement me permettait et me permet toujours de me sentir en contrôle », explique-t-il.
On se doute bien que Francis a modifié sa façon de s’entrainer depuis le début de sa carrière. Le principal intéressé parle d’une évolution normale. Plus jeune, il mettait surtout l’emphase sur sa masse musculaire.
« C’était pour réaliser mon rêve de jouer dans la Ligue Nationale. Tu sais, à 5 pieds et 8 pouces et avec mon style de jeu robuste, je devais placer du muscle sur ma charpente pour pouvoir gagner mes combats dans les coins de la patinoire. Cela a changé en vieillissant. Bien sûr, je travaille toujours en musculation, mais j’essaie maintenant d’incorporer beaucoup plus de cardio en faisant des intervalles sur un vélo stationnaire. Dans le fond, je tente de reproduire l’intensité d’une séquence de jeu lors d’un match. Donc, au lieu de faire du vélo pendant 45 minutes comme monsieur et madame tout le monde, je vais plutôt pédaler des séquences intensives d’une trentaine de secondes avec de courtes périodes de repos ».
Francis est discipliné et il prend son boulot au sérieux. Il attache également une grande importance à son alimentation, il avoue candidement qu’il a toujours été un gars qui prenait du poids facilement et qui ne le perdait pas rapidement. « Surtout en vieillissant! Je dois parfois sortir le fouet pour me rappeler à l’ordre », précise-t-il en riant!
Le vétéran défenseur éprouve toujours du plaisir à s’entraîner pour garder la forme, mais il estime que son corps réagit de façon différente en vieillissant. Il s’en rend tout particulièrement compte pendant la saison morte alors qu’il s’entraîne avec de jeunes joueurs.
« C’est certain que le hockey de la Ligue Nationale est d’abord un sport d’équipe, mais je ne dois jamais oublier qu’un plus jeune peut prendre ma place. Je dois donc me battre pour conserver mon poste. C’est la raison pour laquelle je pense que je m’entraîne plus fort qu’au début de ma carrière. Je n’ai pas vraiment le choix de pousser à l’entraînement si je veux demeurer dans la LNH, si je veux garder ma vitesse et ne pas perdre mes combats à un contre un. Faut dire qu’avec l’âge, je joue différemment et de façon plus intelligente grâce à mon expérience.”
Pas toujours évident de trouver la motivation pour s’entraîner pendant la saison morte. Le défenseur du Canadien peut cependant compter sur les services d’un entraîneur privé. Depuis quelques années, il travaille également beaucoup avec son bon ami, l’attaquant Steve Bégin. Tous les deux ont d’ailleurs créé la Fondation B3 pour aider les jeunes talents à avoir accès à un entraînement de qualité pour leur permettre de réaliser leurs rêves sportifs.
« Ceux qui connaissent Steve peuvent confirmer que c’est une machine à l’entraînement! Il aime ça et c’est contagieux! Ça m’aide à pousser car j’ai toujours eu besoin d’un petit challenge et encore plus maintenant à 38 ans. Tu sais, j’ai toujours une grande passion pour le hockey et je sais que je dois pousser encore plus fort que tout le monde si je ne veux pas perdre de vitesse et de force. »
Et le jogging dans tout ça?
Étant un passionné de course à pied, je n’ai pu m’empêcher de lui en parler. Ce sport connait un véritable boom au Québec. Est-ce que le jogging fait partie de l’entraînement de Francis?
« Pas vraiment. Ma longue carrière de hockeyeur professionnel m’a légué quelques blessures aux genoux. De plus, je n’ai pas la physionomie d’un coureur. Je suis trapu et petit. Je suis conscient qu’il existe de nombreuses techniques de course à pied qui pourraient être intéressantes à essayer. Pour moi, la course à pied se résume à des sprints et des intervalles. Jamais de longues distances. Je me souviens, lorsque j’évoluais au niveau junior, je courais de longues distances et j’avais souvent mal au dos ou aux genoux ensuite. Je suis donc prudent. »
Avant de se quitter, je demande à Francis s’il croit qu’il sera toujours un adepte sérieux de l’entrainement à sa retraite ou plutôt un ancien joueur prenant du poids. Il éclate de rire!
« C’est une bonne question. J’espère que je ne ferai pas l’erreur de prendre beaucoup de poids. Pour le moment, c’est dur à dire car je ne suis pas encore rendu là. Je crois que je ne m’entrainerai peut-être pas aussi fort qu’actuellement à titre de joueur actif, mais je suis un gars fier et je pense que je continuerai de me garder en forme. Je veux donner l’image d’un gars en santé. Voilà! »
En conclusion, même s’il lui arrive d’être laissé de côté occasionnellement par Michel Therrien, Francis Bouillon ne lésine pas sur son conditionnement physique. C’est un professionnel et il demeure une inspiration pour de nombreux joueurs de tailles modestes qui le voient pousser à fond à tous les jours pour être dans la meilleure forme possible.
La prochaine fois que vous regarderez un match du Canadien, que ce soit au Centre Bell ou à RDS, suivez le numéro 55 sur la patinoire. Vous aurez tôt fait de réaliser à quel point le sport qu’il pratique est exigeant et que pour suivre le rythme à 38 ans il doit être dans une forme physique parfaite.
(crédit photos: Getty, Canadien de Montréal)